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  • L'Aigle des mers (Michael Curtiz, 1940)

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    L'un de ces classiques qui peuvent d'abord apparaître trop classiques à la découverte et qu'il ne faut pas hésiter à revoir pour en apprécier toute la grandeur. Curtiz met en scène deux heures d'aventures sans faiblir un instant, avec une science rythmique de la construction qui fait que les grands moments sont disposés tout le long, avec une force égale et alors même qu'ils sont très différents les uns des autres, de l'abordage introductif au duel final en passant par l'intense épisode panaméen ou la fameuse révolte des galériens. L'expressivité sans excès que l'on trouve dans toutes ces séquences est un bonheur. De plus, mon lointain souvenir était peut-être celui d'un déséquilibre avec les scènes plus dialoguées mais en fait, celles-ci n'entament pas du tout le plaisir. Elles gardent leur dynamisme propre et donnent "indirectement" l'intérêt historique du film par rapport à son époque de réalisation, à travers sa vision des luttes impériales du XVIe siècle. Elles reposent aussi en grande partie sur la peu conventionnelle relation que tisse le scénario entre la Reine d'Angleterre et son corsaire favori, relation à laquelle nous sommes discrètement préparés, dans la grande tradition hollywoodienne, au début, avec seulement deux lignes de dialogue entre des marins.

  • Madame Hyde (Serge Bozon, 2018)

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    Du conte (l'un des plus classiques) dans le monde le plus réel (la banlieue, le lycée technologique) pour bien faire croire à la grande originalité de son cinéma, qui s'appuie aussi maintenant sur des figures populaires (Huppert, Duris, Garcia). Le résultat n'est pas plus intéressant ni moins anesthésiant qu'à l'époque de Mods. On passe d'une scène plate à un moment embarrassant, d'un comique décalé qui n'en charrie pas moins du cliché à une soudaine recherche d'émotion parfaitement vaine. La greffe fantastique ne prend jamais, le sens, dans le détail, comme de l'ensemble, échappe constamment, l'étrangeté se dilue dans l'insignifiant. 

  • Une étrange soirée (James Whale, 1932)

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    Whale sort tout juste de Frankenstein lorsqu'il tourne cet Old Dark House (également appelé La Maison de la mort), à nouveau avec Boris Karloff. Le savoir-faire du réalisateur et celui d'Universal permettent l'installation particulièrement efficace d'une atmosphère fantastique, dès les premières scènes montrant l'infortune de trois amis piégés par un temps cataclysmique en pleine campagne galloise et leur refuge dans une inquiétante maison. Si cette atmosphère perdure, le film peut paraître cependant au bord de la parodie (Melvyn Douglas ne cesse de parler avec humour) et le surnaturel n'advient finalement jamais vraiment. Nous sommes plutôt dans le cadre d'un (proto-)survival au cœur d'une famille de dégénérés. Quelques baisses de rythme au milieu, dues à une abondance de dialogues, et un sentiment final de trop légères conséquences, empêchent le film d'être une grande réussite du genre mais plusieurs scènes ou figures "horrifiques" sont assez marquantes (Whale sait bien sûr rendre la violence et l'angoisse), l'ambiance sentimentale et érotique est très "pré-code", et c'est une curiosité d'une part de voir Charles Laughton si jeune, dans l'un de ses premiers rôles, et d'autre part d'entendre Melvyn Douglas chanter (brièvement et ironiquement) Singin' in the Rain bien avant Gene Kelly.