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fleischer

  • Le voyage fantastique

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    Le prologue du Voyage fantastique est remarquable et rappelle que Richard Fleischer a d'abord été un réalisateur de thrillers. Sans parole, énigmatique, nocturne et tendu, il montre l'arrivée sur le sol des Etats-Unis d'un homme très protégé et la tentative d'assassinat dont il fait aussitôt l'objet.

    En revanche, passé le générique, les choses se gâtent. On pense tout d'abord que l'idée de caler la durée de cette aventure intérieure sur la durée effective du film va le servir (un groupe de scientifiques et de militaires est miniaturisé et injecté dans le corps d'un savant mourant, dans le but de le sauver en détruisant un caillot, l'opération ne pouvant se faire qu'en soixante minutes exactement) et s'accorder avec la prédilection du cinéaste pour les plans assez longs (tous ceux de l'arrivée du héros dans le centre de recherche secret). Mais bien vite, ce sont les limites du procédé qui apparaissent, en particulier au niveau d'une vraisemblance très malmenée. Au-delà de l'argument de départ, qu'il faut bien sûr accepter, le manque de préparation du héros, l'absence de réactions particulières, les raccourcis et l'articulation trop facile des péripéties nous mettent à rude épreuve. Surtout, ce "temps réel" ne produit finalement pas grand chose à l'écran. Le compte à rebours s'effectue de morne façon et les personnages, entièrement soumis à l'action (y compris lorsqu'elle n'est pas trépidante) et aux rebondissements, n'ont pas le temps de dépasser leurs statuts de stéréotypes.

    Prudemment évoquée au début (on parle des "Autres"), la guerre froide est supposée servir de toile de fond mais ce contexte est ensuite limité à la présence d'un saboteur qu'il s'agit de démasquer dans l'équipe. Malgré une fausse piste initiale, le suspense, sur ce plan, ne peut jamais s'installer puisque l'on sait dès le générique que l'un des membres de l'équipage est joué par Donald Pleasence (qui finira bouffé par des globules blancs). Aux côtés de ce dernier, Raquel Welch joue les utilités, portant fort bien la combinaison et manquant de se faire dangereusement étreindre par des anticorps voraces (on ferait pareil à leur place), Stephen Boyd traverse le film sans s'étonner une seconde de ce qui lui arrive et Arthur Kennedy, soupçonné à tort, fait preuve de sa grandeur d'âme en philosophant à la vue du spectacle sur l'infiniment grand et l'infiniment petit et en affirmant sa croyance dans le miracle de la vie rendu possible par Dieu.

    A sa suite, nous sommes sommés de nous émerveiller devant les images de ce sous-marin s'enfonçant dans les vaisseaux sanguins. Images (pré-)psychédéliques, baignées de lumières et de couleurs irréelles. Pourtant, le grandiose spectacle se heurte constamment aux considérations techniques (on n'échappe pas au jargon de la SF), aux explications pédagogiques sur le fonctionnement du corps humain et surtout aux limites de la représentation des éléments qui constituent celui-ci. Quel effet produisait le film en 1966 ? Aujourd'hui, son décor semble détaché du sujet. Il ne peut être, à nos yeux, fait de la même étoffe que les êtres qui s'y débattent. Ces images de l'intérieur apparaissent stylisées, abstraites, mais en aucun cas, organiques. Et comme le film refuse également de nous entraîner vers un quelconque vertige des idées ou des sensations, il se condamne à rester un produit de prestige simpliste et suranné.

     

    fantasticvoyage00.jpgLE VOYAGE FANTASTIQUE (Fantastic voyage)

    de Richard Fleischer

    (Etats-Unis / 100 min / 1966)

  • Les Vikings

    (Richard Fleischer / Etats-Unis / 1958)

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    lesvikings.jpgRevoir sur grand écran Les Vikings (The Vikings) c'est apprécier le savoir-faire technique de Richard Fleischer et son emploi efficace du Scope (des panoramiques sur les fjords aux gros plans sur les visages), c'est baigner dans les belles images de Jack Cardiff (en particulier lors des remarquables scènes de navigation dans la brume), c'est relever par endroits un louable souci d'authenticité (et un tournage en décors réels), c'est être saisi par quelques fulgurances stylistiques (les vigoureuses entrées dans le champ, les contre-plongées du duel final) et plusieurs pointes de sauvagerie (l'attaque du faucon, le jeu de la hache, la fosse aux loups, la main tranchée), c'est profiter des bonnes interprétations de Tony Curtis, d'Ernest Borgnine, de Janet Leigh et de Kirk Douglas, star et producteur, dont le personnage d'Einar, nous dit-on, refuse de se laisser pousser la barbe, à l'inverse de tous ses camarades vikings, mais se voit dans la foulée à moitié défiguré...

    Mais le revoir, c'est aussi subir le jeu sans nuance de Frank Thring en tyran de service, c'est patienter le temps de batailles banales, d'interventions divines balourdes et de scènes d'amour improbables, c'est ne pas échapper au pittoresque braillard, c'est suivre un scénario aussi ambitieux que prévisible, c'est assister à l'ascension d'un faux esclave mais véritable élu, c'est supporter que les païens soient perçus uniquement par un regard façonné par l'ordre chrétien, c'est observer une nouvelle transposition des préoccupations américaines, politiques, religieuses et morales, sur un fond mythologique européen...

    Bref, le revoir, c'est ne le réévaluer ni dans un sens, ni dans l'autre et laisser Fleischer entre deux eaux, là où son cinéma semble se tenir depuis toujours.