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C'était mieux avant... (Février 1985)

Janvier est déjà passé depuis un moment, non ? Alors il faudrait peut-être penser à poursuivre notre odyssée temporelle et voir ce qui se tramait dans les salles obscures de notre doux pays en Février 1985 :

bodydouble.jpgLe film du mois ? Certains, que l'on qualifiera de De Palmophiles, vous diront à coup sûr qu'il s'agit de Body double. Malgré la craquante Melanie Griffith, ce titre de l'inégal barbu n'a jamais provoqué chez moi autre chose qu'un léger soupir, que ce soit au moment de sa sortie ou à la revoyure, une dizaine d'années plus tard. Bizarrement (ou pas), j'ai fini par le confondre avec le clip de Frankie Goes To Hollywood, Relax. Non, le film du mois, qui l'est resté pour moi de 1985 à aujourd'hui, est bien le Brazil de Terry Gilliam, aventure plus orwellienne encore que le 1984 de Michael Radford (sorti peu de temps auparavant) et pierre angulaire de ma cinéphilie. Pour la première fois, l'ex-Monty Python semblait trouver les moyens de concrétiser ses incroyables visions et proposait un phénoménal ballet futuriste noir et hilarant, dont l'hallucinant final allait longtemps faire mon bonheur de possesseur de magnétoscope.

Dune aurait dû créer le même choc. A l'époque, j'étais plutôt attiré par la présence de Sting sur l'écran (de David Lynch, il me semble que je ne connaissais même pas encore Elephant Man) et me trouvais vaguement déçu. Revu au début des années 2000, le film m'a paru une catastrophe à peu près totale. Quelques fulgurances, un baron volant, un son très travaillé et c'est tout. Le reste n'est que charabia, forces invisibles, laideur généralisée, narration à la ramasse, musique abominable (Toto !). Tant que je suis au rayon SF, je dois mentionner quelques titres, laissés passer sans regret : L'aventure des Ewoks de John Korty (production LucasFilm dérivée du Retour du Jedi, à destination des enfants et dont même les fans hardcore de Star Wars semblent vouloir oublier), C.H.U.D. (Cannibale. Humanoïde. Usurpateur. Dévastateur.) de Douglas Cheek (tout est dans le sous-titre) et Star Trek III : A la recherche de Spock, signé par Leonard Nimoy en personne.

purplerain.jpgOn était aussi, en ce temps-là, A la recherche de Garbo. Sans que cela paraisse ajouter à sa gloire, Sidney Lumet filmait Anne Bancroft qui se mourait d'un cancer et rêvait de rencontrer la Divine. Des États-Unis parvenaient également quelques produits plus indépendants comme Alphabet City (Amos Poe) et Variety (Bette Gordon), une sorte de bêtisier hollywoodien titré Hollywood Graffiti (Ron Blackman et Bruce Goldstein) et un retour classique sur la grande dépression avec Les saisons du cœur (de Robert Benton, avec Sally Field et Ed Harris). Mais n'oublions pas Purple rain d'Albert Magnoli, film supposé lancer le chanteur Prince au cinéma. Le but ne fut pas atteint, seule la B.O. restant dans les mémoires.

Deux dessins animés sortaient sur les écrans en ce mois de février. Le Suédois Peter le chat, de Stig Lasseby et Jan Gissberg, n'a guère laissé de traces. En revanche, il semble qu'avec Gwen, le livre de sable, Jean-François Laguionie ait offert une belle réussite dans le genre SF.

perilenlademeure.jpgSur notre lancée, abordons les films français. Découvert pour ma part bien après sa sortie, Péril en la demeure, le polar voyeuriste de Michel Deville (avec Christophe Malavoy, Nicole Garcia, Michel Piccoli, Anémone et Richard Bohringer) me séduisit. Il en va de même pour La vie de famille de Jacques Doillon, probablement le premier film de cet auteur que j'ai pu voir et qui me surprit alors totalement devant ma télévision avec ce fragile récit d'une relation père-fille. L'événement national était cependant à chercher plutôt du côté de L'amour braque. Andrzej Zulawski y faisait tournoyer Sophie Marceau entre Francis Huster et Tcheky Karyo, apparemment de manière plus ou moins scandaleuse (je n'ai malheureusement jamais vérifié). Parmi les autres sorties du mois battant pavillon français, on notera L'amour en douce d'Edouard Molinaro (comédie assez bien reçue, avec Jean-Pierre Marielle et Daniel Auteuil, et révélant Emmanuelle Béart), Les Nanas d'Annick Lanoë (avec Marie-France Pisier, Anémone, Dominique Lavanant, Macha Méril, Juliette Binoche... et pas un seul mec), La part des choses de Bernard Dartigues (un documentaire sur une famille d'agriculteurs), Le thé à la menthe d'Abdelkrim Bahloul (comédie dramatique entre France et Algérie), Tranches de vie de François Leterrier (film à sketches d'après Gérard Lauzier, de bien mauvaise réputation). Enfin, une convergence semble se faire entre trois œuvres, trois films-jeu aux trames relâchées et ludiques : Signé Charlotte de Caroline Huppert, Rouge-gorge de Pierre Zucca, et, le plus allêchant du lot, Les favoris de la lune, premier film français du Géorgien Otar Iosseliani.

heimat.jpgLe film de kung-fu mensuel se nommait La conspiration de Shaolin (de Roc Tien), du Brésil, débarquait O amuleto de Ogum, un thriller de 1974 signé par l'ancienne gloire Nelson Perreira dos Santos et deux propositions ouest-allemandes étaient faites : comme son nom l'indique, Out of order... En dérangement (de Carl Schenkel, un huis-clos dans un ascenseur) et, d'un tout autre intérêt, Heimat, la chronique fort réputée d'Edgar Reitz initialement concue pour la télévision (affichant une durée totale de 15h). Enfin, il reste dans cette liste un titre, et non des moindres, vu le succès qu'il obtint à l'époque : La déchirure du Britannique Roland Joffé. Bien qu'elle ne soit probablement pas dépourvue de quelques qualités, je n'ai guère envie de revoir aujourd'hui cette œuvre édifiante sur les atrocités des Khmers Rouges. Il faut dire que son final est susceptible de dégoûter à jamais de la musique de John Lennon, tout le contraire de Gilliam et son Braaaaziiiiil....

ecranfantastique53.jpgEn ce qui concerne les couvertures des revues et autres magazines cinéma, les choix étaient variés. Dune apparut "monumental" à L'Ecran Fantastique (53), La vie de famille fut mis en avant par La Revue du Cinéma (402), Les favoris de la lune eurent les honneurs des Cahiers du Cinéma (368), après avoir profité de ceux de Positif un mois plus tôt, lesquels prenaient un peu d'avance en saluant Théo Angelopoulos et son Voyage à Cythère (288). Deux films de janvier se retrouvaient par ailleurs à la une : The element of crime de Lars Von Trier sur celle de Cinéma 85 (314), et le Razorback de Mulcahy sur celle de Starfix (23). Enfin, Cinématographe (107) publiait un dossier sur "Les écrivains et le cinéma" tandis que Première (94) mettait en couverture Isabelle Adjani (pour l'imminent Subway).

Voilà pour février 1985. La suite le mois prochain...

 

Pour en savoir plus : C.H.U.D., Dune et Star Trek III vus par Mariaque, Heimat vu par Eeguab.

Commentaires

  • Mois chargé. Au niveau des gros morceaux, "Body double" était le premier film de De Palma que je voyais en salle et j'avais été très très impressionné. En le retrouvant il y a quelques années, je trouve que ses défauts comme ses qualités ressortent de façon plus tranchés, son esthétique années 80, sa bande son, une certaine naïveté, les gros effets...
    Sur "Brazil", c'est un peu le contraire. très attendu, j'avais été un peu déçu la première fois, d'autant que la fin est rude et pas évidente à suivre. Par contre, c'est le genre de film qui ne cesse de grandir quand on le revoit et c'est devenu un grand moment de l'époque.
    Pour le Zulawski, tu devrais faire l'expérience, quoique je ne sais pas comment ça a pu vieillir. A l'époque je me souviens d'une séance électrique, des gens qui sifflaient, qui applaudissaient, qui partaient. Mais, outre les mêmes réserves que je peux émettre sur le De Palma (la musique, les couleurs, le rythme datés), la puissance de ces films se perd quand on les revoit, c'est quand même un cinéma de choc. Donc le choc passé...
    Un peu pareil pour "La déchirure" que j'ai revu il y a peu. Je n'avais pas trop aimé à sa sortie. "Chud" et le Star trek 3 sont minables. "Péril en la demeure", j'avais aussi aimé mais jamais revu. Je crois avoir vu le Molinaro mais je n'en ai aucun souvenir. Le Lumet, vu bien après est plutôt bien, pas au niveau des meilleurs Lumet mais Bancroft est excellente et c'est l'un des seuls rôles intéressants de Carrie Fischer post Star wars.

    Merci pur la rétro, on se revoit en mars :)

  • Je reverrais l'amour braque le jour où j'aurais envie de rigoler et que je serais sous l'emprise de substances illicites... mais quand j'y songe, Sophie Marceau a déniché un super nutritionniste dont j'aimerais avoir l'adresse... ;) Et Francis Huster devrait arrêter et l'actorat et la réalisation merci.
    Quant au dePalma que j'ai revu dernièrement... bon... tous les tics sont là, j'ai eu l'impression d'assister à une parodie, et le film a sacrément vieilli et pas très bien (comme la Griffith en quelque sorte quand on y songe).
    Quant à La déchirure, rien que de songer que Ngor a réchappé à tout ça pour finir victime d'une simple agression crapuleuse, pffft ! Le film était un poil tire-larmes non ? sans compter que bien entendu le héros en était Materston... pffft deux fois !
    Et Alphabet city reste dans ma mémoire car la vision du film fut suivie d'une discussion orageuse sur le thème "doit-on filmer parce que l'on en a envie et le manque d'argent suffit-il à excuser les erreurs de raccord"... J'étais du côté de ceux qui étaient persuadés que les fameuses erreurs faisaient partie du jeu... Bon, on s'est fâché... tant pis.
    Brazil... Je me prosterne !
    A quand un topito 1985 ? ^^

  • S'il faut citer un titre ce sera bien sûr Heimat dont j'ai chroniqué les trois coffrets il y a pas mal de temps.Extraordinaire,ça a pris environ 53 heures de ma vie.Mais quel souffle,quelle oeuvre,quelle intelligence,quel coeur!A lire éventuellement sur Cinéma d'Allemagne.

  • Merci à vous tous de compléter ainsi...

    De Zulawski, je ne connais en fait que les films des années 70 (La troisième partie de la nuit, L'important c'est d'aimer, Possession) et Chamanka (qui m'avait fatigué).
    Pour La déchirure, comme le dit Frédérique, le regard est très "occidental".

    Eeguab : je mets ta note sur Heimat en lien. J'avais oublié que Reitz avait repris sa saga à deux reprises par la suite. L'expérience doit être assez passionnante à suivre.

  • Bonjour !

    Je poste dans vos commentaires, j'espère que vous n'y verrez pas d'inconvénients.

    Pour ce qui est des (courtes) présentations, je fais partie d‘ISC Cinéfeel, une nouvelle association étudiante qui met en avant les jeunes talents et artistes du cinéma de demain. Nous organisons le 18 mars 2010 à Paris au Divan du Monde un nouveau concept de soirée qui mêle diffusion de courts métrages humoristiques, sketches et concerts dans une ambiance café-théâtre : Feel the Show. Pour finir la soirée, nous ferons appel pour cette deuxième édition à un VG, artiste mêlant sons et images.

    Je pense que notre event peut vous intéresser puisque votre blog s’adresse à des passionnés de cinéma. N’hésitez pas à parler de nous dans vos articles, nous avons besoin de vous pour faire vivre notre évènement !
    Si l’envie vous vient de nous soutenir, vous pouvez me contacter directement via mon adresse mail (helene.tran@iscparis.com).

    Cinéfeelement !

    Hélène – ISC CINEFEEL

    www.isc-cinefeel.com
    www.myspace.com/isccinefeel
    www.dailymotion.com/isc_cinefeel
    www.twitter.com/isccinefeel

  • Hélène, n'étant ni amateur de café-théâtre, ni attiré par les "events" et encore moins parisien, je ne suis pas intéressé.

  • Merci pour le lien Ed.Effectivement Heimat est une expérience unique.

  • Ok, je vous souhaite tout de même une bonne continuation.

    Cinéfeelement !

    Hélène - ISC CINEFEEL

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