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scott

  • Les Duellistes (Ridley Scott, 1977)

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    L'une des choses dont je me rappelais le plus précisément et que je préfère encore aujourd'hui dans les "Duellistes" de Ridley Scott, ce sont les inventions gestuelles de Harvey Keitel, qui impose, comme souvent, une présence stupéfiante. En face de lui, Keith Carradine est très bien, très raide, bien qu'il soit le héros-victime de l'histoire, raideur d'ailleurs accentuée dans le dernier tiers par une jambe bloquée. Le film souffre d'une utilisation agaçante de la musique, qui vient tout appuyer (tambour militaire dès que l'on voit des soldats, notes stressantes dès que Keitel se révèle dans les parages, partition légère dès que Carradine peut se poser), et n'échappe pas toujours à la trop belle image, mais souvent, l'inspiration visuelle est là, dans les détails (les gestes, donc, ou cet oiseau dans la pièce où patiente Carradine) et dans l'ampleur, malgré les moyens limités pour représenter cette épopée napoléonienne, qui emprunte à Kubrick, Tarkovski, peut-être même Jancso (le long plan de la course à cheval dans le bois). "Duellistes", "Alien" et "Blade Runner", sacrés débuts tout de même, à un niveau jamais égalé par Scott par la suite.

  • Le Dernier Duel (Ridley Scott, 2021)

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    L'ennui total, résultant de l'académisme de la mise en scène (de la photographie sombre à la violence immersive, en passant par la hiérarchisation entre le brouhaha français de la populace figurante et les dialogues anglais des personnages), est seulement évité, au deuxième segment, par la répétition du récit sous un autre angle. Or, cette question de la différence de point de vue est rendue caduque dans le troisième : d'une part, il est présenté comme "la vérité", annule donc les précédents, qui deviennent en conséquence inutiles, et empêche toute réflexion, d'autre part, il relaie moins la vision d'un personnage, celui de la femme violée, qu'il ne déroule un programme, en forçant la moindre scène, le moindre détail à servir le discours voulu, celui du féminisme dénonciateur de la toute puissance et de l'impunité masculines, à rapprocher le moyen-âge d'aujourd'hui. Tant qu'à tenir cette orientation-là, un récit unique aurait épargné du temps et sans doute gagné en finesse.

  • L'Attaque du métro 123 (Tony Scott, 2009)

    °
    Sans surprise, ce remake du très bon film de Joseph Sargent est aussi riche financièrement que nul artistiquement. Alors que le précédent donnait une image précise du New York de 1974, celui-ci ne dit rien de 2009, ou plutôt, il se borne à illustrer les tendances du moment comme le terrorisme ou les nouvelles technologies (parmi les idées débiles du film : l'ordinateur portable de l'un des otages qui reste allumé et qui filme l'intérieur de la rame) en faisant la morale au spectateur. Dès que l'on aborde la psychologie, dès que l'humour pointe son nez, les gros sabots sont de mise. Manifestement, ceux-ci ne gênent pas Scott dans l'utilisation de ses caméras, qu'il s'évertue à faire tourner autour de ses acteurs jusqu'à nous faire souffrir du mal des transports (trouble d'origine visuelle qui surgit ici, c'est un exploit, dès le générique de début). 

  • Déjà vu (Tony Scott, 2006)

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    Denzel Washington semble vraiment sympa et toute la mise en place, de la description du drame initial aux prémices de l'enquête policière, se suit agréablement et, forcément, sans temps mort. Malheureusement, dès qu'il faut justifier le basculement dans la SF et expliquer au brave agent fédéral comment on peut se projeter dans le passé, les séquences deviennent laborieuses et le blocage apparaît aussitôt inévitable. De fait, ce n'est pas tant que Scott traite mal son sujet, c'est qu'il refuse de s'y coltiner réellement. De son double flux temporel, il ne fait rien, n'en garde qu'une écorce spectaculaire. D'ailleurs, le seul moment où les deux temps coexistent à l'écran, après la calme présentation du principe, est une longue scène d'action en forme de filature avec quantité de tôles froissées. Le dernier mouvement, lui, ne s'étire que sur une seule des deux lignes tracées, maintenant le film au niveau du suspense le plus basique. Nul vertige ou sensation à tirer de tout cela, donc. La réalisation agitée de Tony Scott n'est, ici, pas trop gênante, mais la condensation à l'œuvre (même si ça dure deux heures) fait que les réactions et les émotions des personnages, en particulier l'acceptation de l'impensable par la victime/héroïne et la conventionnelle romance, n'apparaissent pas du tout crédibles. De ce côté-là, le dessin est bien sommaire.