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La rage du tigre

(Chang Cheh / Hong-Kong / 1971)

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Depuis le lancement de ce blog, de fidèles commentateurs, et non des moindres (Julien, l'ami Vincent d'Inisfree, peut-être même notre bon Dr Orlof), ont profité de diverses occasions (la recension d'un Tarantino et de deux Misumi, entre autres...) pour chanter les louanges de Chang Cheh et de sa fameuse Rage du tigre (Xin du bi dao). Mes réponses furent à chaque fois quelque peu évasives. Aussi, afin de clarifier autant que possible ma pensée, j'ai décidé de retranscrire ici les brèves notes que j'ai pu écrire à l'époque de ma découverte du film, en mai 2006. Je vous les livre sans aucune modification et en assumant parfaitement la démarche, à la limite de la mauvaise foi, qui consiste à évoquer succinctement mais avec beaucoup de réserves un film non revu depuis quatre ans et à se placer ainsi dans une position rendant pratiquement impossible tout débat...

laragedutigre.jpg"Seules deux scènes retiennent l'attention, et encore... la première est un flash : la mort du chevalier, écartelé par quatre cordes et coupé en deux d'un coup de sabre. La deuxième est l'ultime duel sur le pont, déjà jonché de plusieurs dizaines de cadavres, combattants zigouillés par le héros manchot. Le coup final porté grâce à l'usage de trois sabres (pour un seul bras) est assez beau car il explique d'autres scènes de jonglerie avec des oeufs ou des ustensiles de cuisine qui paraissaient ridicules.

Il faut quand même être bien indulgent pour admirer ce film de série. Notons qu'en 1971, si on ne volait pas encore vraiment pendant les combats, il y avait déjà des bonds de plusieurs mètres assez improbables. Dernier léger intérêt : le dialogue incessant entre films de sabre asiatiques et western italien (hyper-violence, musique, thème de la vengeance)."

Voilà, c'est dit...

Commentaires

  • Pas revu depuis plusieurs années, j'en garde un assez bon souvenir ; il faut pouvoir se faire à l'exagération constante des comportements et des situations. Le héros qui se tranche le bras au début du film, tout vêtu de blanc parce qu'il l'a promis, la bataille finale ; j'ai récemment découvert Vengeance et Le justicier de Shanghai, tous deux de Chang Cheh, datant de la même période (70 et 72), qui sont recommandables au plus haut point. Pour finir, on peut dire que La rage du tigre a plus un statut culte que de très bon film.

  • Il faudrait que tu testes Un seul bras les tua tous de Chang Cheh :)
    Si ça te plait, y a même eu une trilogie.

  • Raphaël, merci pour les deux recommandations, j'en tiendrai compte (si si !). Et j'aime bien la chute de votre commentaire...

  • Point trop n'en faut, tout de même, Fred :)
    Enfin, je prends note...

  • En fait, j'ai eu beaucoup de débats avec l'ami Julien parce que j'avais dit du mal d'un autre film de Chang Cheh. Je ne suis pas totalement en désaccord avec toi mais je trouve que ces remarques s'appliquent davantage aux autres films du cinéaste; "la rage du tigre" restant sans conteste le meilleur et méritant, malgré tout, le détour...

  • Chang Cheh a beaucoup tourné, signant jusqu'à huit films par an. Forcément, il y en a pour tous les goûts.
    Je crois que si l'on parle souvent de ce film, c'est qu'il représente quelque chose de particulier à remettre dans son contexte. "La rage du tigre" est l'un des rares films du genre a avoir été diffusé dans les années 70 dans les circuits bis du ciné-kung-fu. Du coup, et je suis d'accord avec Raphael, c'est là qu'il prend son statut culte parce que l'on avait jamais vu ça. Et je te rejoins, Ed, dans la comparaison avec le western italien (même si la musique utilisée est en fait celle de "True Grit" de Hattaway avec John Wayne) : c'est neuf, c'est excessif, c'est une autre culture, c'est une autre violence baroque, c'est "Django" de Corbucci. Perso, je trouve cela enthousiasmant.
    Je me souviens avoir vu la bande annonce du film en 79 ou 80 quand René Chateau l'a sortit en VHS et les images m'ont marquées à jamais. J'ai découvert le film en 2004, présenté à Cannes quand Tarantino était président. Tsui Hark et Carradine étaient dans la salle. Comme dit Godard, le cinéma créé des souvenirs.
    Depuis je l'ai revu plusieurs fois, on pourrait parler de la mise en scène, mais j'ai vu pas mal d'autres choses, parfois plus belles, parfois encore plus excessives ("Le roi du kung-fu attaque" est gratiné dans le genre manchot), mais celui-ci avec certains défauts que je lui concède, reste le film matrice de la découverte.

  • Houla, va te faire ex-communier illico !
    Mécréant !

  • Doc : Tu m'inquiètes, tout à coup. Si nous tenons là le meilleur Chang Cheh...

    Vincent : Merci beaucoup pour cette "contextualisation".

    Ultimatom : J'espère que vous n'allez quand même pas me couper un bras pour ça...

  • J'avoue ne plus trop suivre ce qui se passe chez mes cinéphiles favoris (et j'en suis désolé, c'est l'actualité et la politique qui dévorent tout mon temps en ce moment). J'avais noté quelque part que tu allais rédiger une note sur La rage du tigre et je vois que tu as tenu tes engagements.

    Je suis tombé sur ce film un peu par hasard un soir où je voulais me rendre au cinéma. Je regarde ce qui est diffusé sur allociné et, surprise, vois "La rage du tigre". 4 étoiles pour la critique, 4 étoiles pour les spectateurs. Je me dis : tiens, ça vaut peut-être le coup.

    Au générique, l'ami qui m'accompagne explose de rire (les coups de sabre portés à 3 mètres et qui font mouche). Et c'est vrai que, tout au long du film, il y a une panoplie d'incohérences visuelles absolument incroyables (le héros qui rentre son bras dans son kimono, le plan "rembobiné", etc.). Mais le film a aussi son esthétique propre, vraiment très réussie, et bénéficie d'une mise en scène de qualité.

    Si l'on adhère à Dogville, par exemple, je ne vois aucune raison de ne pas passer outre les incohérences visuelles multiples auxquelles on est confrontés. Ce qui compte, après tout, c'est la très belle mise en scène et cette énergie incroyable qui se dégage tout au long du film.

    Après, je ne crois pas qu'on peut en discuter des plombes. Vincent a bien resitué le pourquoi de l'aura du film et je suis d'accord avec Dr Orlof : La rage du tigre est incontestablement le chef-d'oeuvre de Chang Cheh. Mais c'est du pur produit de genre et on y adhère ou pas. J'ai été bercé toute mon enfance par des films de karaté, alors bon, j'y suis sans doute plus sensible.

    C'est comme Ogami Itto, la série qui est passée sur Arte et que tu n'as pas réussi à visionner jusqu'au bout. J'ai fini le 5ème épisode et je passe du bon temps.

    Mes "wu-xia-pian" favoris (opposés dans le style) : A touch of zen de King Hu et La rage du tigre.

  • Julien, suivre avec moins d'assiduité ce qui se passe ailleurs sur la blogosphère, je crois qu'en ce moment, nous sommes plusieurs à le faire (pour des raisons bien différentes...).
    Merci d'avoir un peu détaillé ton rapport à cette Rage du tigre que je reverrai peut-être... dans quelques années... (enfin, ta citation de Dogville me déconcerte légèrement, film très "cohérent" justement, à mon sens...).

  • Dogville démontre que le cinéma ce n'est pas uniquement de beaux costumes et décors, d'où ce parallèle que je fais : par la magie du cinéma, un plan rembobiné et des coups portés à 3 mètres ne me posent aucun problème d'acceptation. Ce qui est mis en scène, avec une telle puissance et une telle folie créative, voilà ce qui me séduit et me fait passer outre le côté cheap de cette Rage du Tigre.

  • D'accord, si l'on part du côté de la "croyance" dans le spectacle cinématographique, alors je comprends un peu mieux que tu puisse faire ce parallèle, cher Julien...

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