Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Tar (Todd Field, 2022)

    ***

    Lignes de portée et lignes architecturales de "Tar" qui aident à mieux écouter et à mieux regarder... Et une fois installée cette mise en scène des sons et de l'espace, les pincées de fantastique peuvent produire leurs effets sans perdre en cohérence. Cate Blanchett saisissante.

  • La Sorcellerie à travers les âges (Benjamin Christensen, 1922) & Les Sorcières d'Akelarre (Pablo Aguero, 2020)

    ****/*

    Après avoir regardé "Les Sorcières d’Akelarre" dans l’optique de quelques présentations aux lycéens, j’ai eu la furieuse envie de revoir "La Sorcellerie à travers les âges". Évidemment, tout est déjà dans ce film "total" sinon définitif, entre documentaire et fiction. Plutôt que des images scandaleuses, on perçoit aujourd’hui des visions surréalistes et des réminiscences des diableries de Méliès, alors que la démarche est vraiment historique. Aussi étonnants : la construction, l’emploi du"je" et l’idée de représentation qui tient tout le film. Représentations picturales à travers l’histoire, représentation cinématographique et mise en abyme, avec d’une part, la vieille femme qui raconte le sabbat à l’inquisiteur tel qu’il veut l’entendre et nous le voir (pour stopper la torture et non, comme chez Aguero, pour gagner du temps et séduire le tortionnaire, comportement si peu crédible) et d’autre part, l’une des actrices du film, désignée ainsi, qui "teste" devant la caméra l’un des instruments de torture. Christensen modernise le sujet et se place tout aussi clairement du côté des femmes victimes de l’oppression insensée. On est loin de l'histoire de sororité facile, esthétisante, artificielle et sans doute anachronique du film de 2020.

  • Paris est toujours Paris (Luciano Emmer, 1951)

    **

    Treize ans avant "Bande à part" et sa course dans le musée : sans doute la visite le plus rapide du Louvre dans "Paris est toujours Paris" de Luciano Emmer. Le groupe d'Italiens est déposé à l'entrée par leur bus et récupéré à la sortie. Nous, on reste à l'extérieur pour suivre en un seul plan le trajet du bus d'un point à l'autre, avec uniquement la voix off du guide qui fait visiter au pas de charge à l'intérieur. La séquence dure moins d'une minute. Godard a sûrement dû voir ça à l'époque.
    Par ailleurs, le film est sympathique mais un peu trop touristique (même s'il se focalise sur le côté Paris by night, entre cabarets et troquets louches, avec deux chouettes séquences de tour de chant d'Yves Montand), choral mais plutôt soumis au régime des sketches, réaliste mais handicapé par le fait que presque tous les personnages parisiens parlent soit français avec un accent italien prononcé, soit carrément italien, même entre eux.
  • L'Ange ivre (Akira Kurosawa, 1948)

    ***

    Dans "L'Ange ivre", les contre-plongées en extérieur, c'est le point de vue du cloaque, ce qui permet quand même, de temps en temps, de voir un coin de ciel. En intérieur, les angles choisis, jamais neutres, donnent à sentir le poids des décors et des objets. La mise en scène hyper-expressive de Kurosawa étonne toujours parce que son dynamisme ne vient pas seulement de ces choix visuels forts mais aussi de la vérité des gestes et des humeurs, de leur imprévisibilité, ainsi que des mouvements continus entre des pôles opposés (entre les personnages, entre les genres), le tout déroulé avec fluidité, notamment grâce à l'usage très moderne de la musique, le plus souvent diégétique.