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  • Journal d'une femme de chambre (Benoit Jacquot, 2015)

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    Finalement j'ai regardé le Jacquot avant de revoir le Buñuel. Pas forcément une bonne chose si tôt après la lecture du livre mais sans cela je n'aurais de toute façon jamais fait l'effort. C'est fidèle mais incroyablement lisse... avec un dynamisme forcé de la mise en scène (les plans en marche, de dos), une indécision pour traduire la subjectivité de l'héroïne (dialogue classique ou bien réflexions à voix basse pour elle-même ou encore vraie voix off), une balourdise dans les flashbacks... Je ne savais pas que c'était Lindon qui jouait Joseph. Et comment Vincent Lindon pourrait-il faire peur à Léa Seydoux ? Puis la troubler profondément ? Puis la faire sienne totalement ? Même phrase finale que dans le livre, avec Célestine avouant pouvoir maintenant aller jusqu'au crime avec son homme, sauf qu'ici, on n'y croit absolument pas. C'est d'ailleurs sans doute pour cela que Jacquot fait participer Célestine au vol de l'argenterie par Joseph, parce qu'il n'a pas trouvé le moyen de montrer la montée du désir malsain. Plus tôt, le "Vous êtes comme moi !" lancé par Lindon à Seydoux claque mille fois moins que celui lancé par Francis Lederer à Paulette Godard dans le Renoir (alors que le film de celui-ci est pourtant encore, à ce stade-là, en grande partie, une comédie).

  • Le Journal d'une femme de chambre (Jean Renoir, 1946)

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    Les effets de l'inévitable édulcoration sont atténués par la persistance d'une grande originalité, de caractère et de comportement, chez tous les personnages, qu'ils soient loufoques ou tragiques. Quand à la condensation, elle donne loisir à Renoir de laisser exploser sa vitalité. Souvent, on a l'impression de regarder une "Règle du jeu" de poche, mais avec une violence physique accentuée, surprenante, dans le dernier mouvement. Plus généralement, chaque geste surprend par sa vérité : un coup, un sursaut, un rire, une maladresse, rien n'est jamais prévisible, annoncé. Ça s'élargit évidemment aux sentiments, très changeants. Toute l'interprétation est remarquable, Paulette Goddard en tête, qui rend très bien cette versatilité, certes beaucoup plus positive et légère que les tiraillements de la Célestine de Mirbeau.

  • Love Lies Bleeding (Rose Glass, 2024)

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    Mince, je n'ai pas trouvé ça terrible du tout. Ni spécialement subversif, ni spécialement original. Toute la construction "policière" laisse vraiment à désirer et Kirsten Stewart joue la fragilité exactement comme d'habitude. En fait, le film m'a paru un peu couillon, à l'image de l'ensemble des personnages (qui, en plus, n'ont pas grand chose de sympathique). Ça m'a fait réévaluer à la hausse le Ethan Coen qui, dans le même genre, avait été beaucoup plus mal reçu.

  • La Vie aquatique (Wes Anderson, 2004)

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    L'étoile est pour Anjelica Huston et les présences altmaniennes de Bud Cort et Jeff Goldblum (+ Michael Gambon). A part ça, la bande annonce est bien meilleure que le film, comme toujours avec W.A. (seule exception : L'Île aux chiens). Même si ses cadres étaient à cette époque encore un peu vivants, sa narration n'en était pas moins monotone, jusqu'à l'auto-dissolution (Tennenbaum, déjà...). Ennui quasi-immédiat devant cette fantaisie déprimée, ou dépression fantaisiste, je ne sais pas, et devant ce bon goût qui vire au mauvais (la soudaine rébellion de Murray face aux pirates sur le Search & Destroy des Stooges). Et 1 adaptation de Bowie en portugais par Seu Jorge, ça va, mais 12 !!!...

  • La Véritable Histoire d'Abe Sada (Noboru Tanaka, 1975)

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    Enfin découvert cette fameuse "autre version", qui est effectivement un très bon film. La surprise principale est sans doute le mouvement général qui, en quelque sorte, est inversé par rapport à celui d'Oshima entraînant vers la claustration sans retour. Tanaka, lui, impose le huis clos d'entrée pour aller, dans les dernières minutes, vers une libération (malgré le fait que cela se termine sur l'arrestation). C'est moins dérangeant et moins tragique que le chef d'œuvre d'Oshima mais pas moins incarné, tout à fait crédible dans la description de la passion et mis en scène avec une grande intelligence, plastique (l'utilisation du rouge sang) et rythmique (la première moitié est répétitive sans être lassante).

  • Horizon, chapitre 1 (Kevin Costner, 2024)

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    Un geste d'une telle ampleur mérite non seulement le respect mais la vision sur grand écran. Le western, Costner sait y faire, et ne comptez pas sur lui pour moderniser bêtement, pour céder aux effets spéciaux ou pour rigoler de la violence. Ici, l'espace, le vrai, est embrassé en majesté. Les personnages et les lieux sont nombreux, les lignes sont parallèles, croisées ou brisées. Les sentiments n'empêchent pas les pertes douloureuses. La figure héroïque met une heure avant d'apparaître. Trois heures de classicisme cinématographique, dans l'immensité de la Frontière et aux racines problématiques de l'Amérique. Et déjà plusieurs scènes marquantes. A suivre, forcément.

  • The Bikeriders (Jeff Nichols, 2024)

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    Jeff Nichols veut réaliser son "Equipée sauvage", comme son personnage Johnny veut ressembler à Marlon Brando. Mais 10 ans ont passé et les années 70 approchent, bien plus sombres. Le romantisme du rebelle sans cause est mis en péril, la bande vire au gang, la petite délinquance au crime, le noyau dur est éclaté. Nichols filme sereinement et classiquement, à la fois la violence des comportements et les rapports plus subtils. Construit du point de vue de la femme-témoin, c'est du solide.