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  • Êtes-vous Boormanien(ne) ?

    1614527515.jpgL'idée, soufflée récemment par eeguab, de parler de John Boorman me plaît. Une partie de son oeuvre étant bien connue, c'est l'occasion de se pencher sur la carrière du bonhomme.

    En gros, j'aime tout Boorman... sauf ses ratages. Et quand il se plante, il ne fait pas semblant. La découverte de Zardoz fut pour moi un grand moment de solitude, ne sachant que faire, rire ou pleurer, devant cet incroyable fatras philosophico-fantastique. Si La forêt d'émeraude impressionne à 14 ans, il ne reste d'autres visions plus récentes qu'un sentiment de balourdise dans la mise en scène et le message. Je ferais les mêmes reproches à cet autre film de jungle qu'est Rangoon.

    Ces échecs sont sans doute le prix à payer d'une volonté de toucher à plusieurs genres tout en gardant une ambition très élevée. Le point de non-retour, c'est Resnais à Hollywood et cela donne selon moi le plus grand polar des années 60. Délivrance, plus de trente ans après, garde sa force traumatisante et, sans trop m'avancer, j'imagine que sur la réflexion de l'impossible retour à la nature, il en remontre à cet Into the wild qui fit tant chauffer les claviers de certains bloggeurs au printemps dernier.

    Pour peu qu'on ait un peu de rigueur, difficile de rater un film se déroulant sur une île déserte. Avec l'intelligence de Boorman et l'interprétation de Lee Marvin et Toshiro Mifune, on obtient un saisissant Duel dans le Pacifique. Quant à Excalibur, le spectateur réticent à l'heroic fantasy que je suis vous le dit : c'est assez beau et très supérieur aux trois Seigneur des anneaux réunis.

    Les deux derniers Boorman n'ont pas été distribués en France (Country of my skull a juste été diffusé sur Canal+), on se demande bien pourquoi. Le plaisir que distillaient les ironiques The General et The tailor of Panama ne laissait deviner aucune baisse de régime du cinéaste. On aurait donc aimé pouvoir juger par nous même ces films mis au placard.

    Mes préférences :

    **** : Le point de non-retour (1967), Délivrance (1972)

    *** : Duel dans le Pacifique (1968), Leo the Last (1970), Excalibur (1981), Hope and glory (1987), The General (1998), The tailor of Panama (2001)

    ** : -

    * : La forêt d'émeraude (1985), Rangoon (1995)

    o : Zardoz (1974)

    Pas vu : Catch us if you can (1965), L'hérétique (1977), Tout pour réussir (1990), Country of my skull (2004), The tiger's tail (2006)

    N'hésitez-pas à me faire part des vôtres...

  • Louise B.

    Loulou et Le journal d'une fille perdue : deux films tournés à quelques mois d'intervalle par G.W. Pabst en 1928/29. Films-jumeaux admirables irradiés par une actrice à nulle autre pareille.

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    Après ces deux éclats : une petite poignée de rôles au début du parlant, puis le retrait définitif dès la deuxième moitié des années 30. Ne reste plus alors aux cinéastes qu'à faire revivre l'image au travers de leurs propres muses. Quant à nous, il nous faut revenir indéfiniment vers ces deux oeuvres météores pour que le nom de Louise Brooks continue à évoquer autre chose qu'une coupe de cheveux.

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    Anna Karina (Vivre sa vie, Jean-Luc Godard, 1962), Liza Minnelli (Cabaret, Bob Fosse, 1972), Juliette Binoche (Mauvais sang, Leos Carax, 1986), Elina Lowensohn (Amateur, Hal Hartley, 1994) et, disons, pour l'anecdote : Cate Blanchett (Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal, Steven Spielberg, 2008)

     

    PS : Ce petit hommage ne pretend certes pas à l'originalité. Une preuve parmi bien d'autres : la découverte lors de l'écriture de cette note de cette page sur le blog Cinématique.

    Photos Loulou et Journal : dvdbeaver.com

  • Cabaret

    (Bob Fosse / Etats-Unis / 1972)

    ■■□□

    613950862.jpgIl me semblait bien qu'une première vision, bien lointaine, de Cabaret, nonobstant sa réputation et ses huit médailles aux Oscars, ne m'avait pas plus enthousiasmé que cela. L'impression initiale est aujourd'hui confirmée.

    Tiré d'un spectacle à succès de Broadway, le film nous montre la rencontre et la brève liaison, dans le Berlin de 1931, entre Sally Bowles, chanteuse américaine délurée, et Brian Roberts, professeur d'anglais introverti. Autour d'eux gravitent un jeune arriviste, un riche industriel, une juive de grande famille. Le récit est scandé par les numéros du Kit-Kat Club, cabaret dont Sally est la vedette, aux côtés d'un mystérieux et étourdissant maître de cérémonie. Tout cela se passe au moment où les Nazis commencent à étendre leur influence sur tout le pays.

    Avec ce film, Bob Fosse bouscule le musical classique par deux coups d'épaule : les numéro musicaux assument une certaine vulgarité et ils baignent dans un contexte historique précis et dramatique. Ces séquences font toutes partie du spectacle du Kit-Kat Club; le problème de la transition parlé-chanté ne se pose donc pas. Fosse modernise tout cela par le montage, les cadrages en contre-plongée (point de vue du spectateur du premier rang), la mobilité de la caméra et les focales utilisées (ruptures, effets grossissants : certains plans lors du show semblent sortis du cinéma de Kubrick ou de Fellini). La mise en scène, de ce point de vue est bluffante, même si les promesses des deux extraordinaires premiers numéros (l'introduction sur le fameux morceau-titre et le bouillant Mein Herrde Liza Minnelli) ne sont pas toujours tenues par la suite.

    Pour tout ce qui se passe en dehors du cabaret, l'intérêt est loin d'être le même. Au niveau de l'esthétique, l'image cède à la mode des années 70 de traiter toute histoire se situant entre la Belle époque et la guerre de 40 à grands coups de flous artistiques et de sources lumineuses à la diffusion irréelle. Les intrigues amoureuses, qui se traînent en longueur à force de pudeur, sont ainsi enjolivées. Certes, cette joliesse s'oppose à l'agressivité des numéros musicaux, ainsi chargés de commenter ce que les protagonistes, dans leur bulle, ne veulent pas voir : la réalité d'une société moribonde et l'arrivée d'un fléau. Le problème est que la montée du nazisme est montrée de façon bien conventionnelle. Une scène assez démagogique nous montre un charmant blondinet entonnant un chant nazi lors d'une fête de village. Tous les convives finissent par reprendre en coeur, debout, exaltés. Tous sauf nos trois héros, qui font quand même mine de s'inquiéter un peu en repartant. L'autre approche est celle, parfois impressionnante mais rabattue depuis le chef d'oeuvre que fût Les damnésde Visconti (en 1969) : la description d'une société décadente, allant à sa perte, peuplée de vivants aux masques de mort et laissant le chemin ouvert à Hitler et ses hommes.

    Film ambitieux, bénéficiant de la présence et de la gouaille de Liza Minnelli et de l'inquiétante figure de Joel Grey en maître de cérémonie démiurge (et d'une bonne interprétation de Michael York), Cabaret n'est donc pas sans défauts, comme l'est All that jazz. Le meilleur film de Bob Fosse reste, définitivement, le non-musical Lenny.