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wellman

  • Stingaree (William Wellman, 1934)

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    Difficile à faire entrer dans une seule case (aventures, comédie, mélodrame, film musical), ce Wellman de 1934, s'il est découpé de manière plutôt alerte, peine à s'affranchir des pesanteurs du début du parlant. Il apparaît d'abord trop bavard et statique, ensuite dépendant d'un scénario abracadabrantesque (en Australie, un bandit redouté mais mélomane, le Stingaree du titre, donne le coup de pouce décisif à l'accession à la gloire d'une jeune femme de la bourgeoisie), puis plombé par une série de chants et d'airs d'opéra (dont un entonné à trois reprises). L'originalité du matériau aurait réclamé sans doute plus de légèreté dans la forme pour passer. Le dernier tiers est néanmoins un peu plus convaincant, d'un passage tout en réminiscences mélodramatiques à un dénouement aussi invraisemblable que le reste mais voyant l'héroïne choisir l'amour en dehors de la loi. Irene Dunne apporte l'énergie attendue et Richard Dix joue le charmeur ténébreux et plein d'esprit de façon monocorde mais efficace. 

  • Convoi de femmes

    Cent quarante femmes à accompagner jusqu'à la Californie de 1851 pour un périple de trois mois, à travers rocailles, étendues désertiques et territoires indiens : voici la mission assignée à Buck Wyatt par son ami Roy, propriétaire d'un vaste ranch où ne s'affairent que des pionniers célibataires. Ces femmes, elles sont résolues à tout quitter, pour des raisons restant enfouies la plupart du temps, et à refaire leur vie auprès d'un mari choisi d'après un simple photographie.

    Convoi de femmes, avant de réunir, ne fait que séparer bien nettement. Les femmes d'un côté, les hommes de l'autre. Les migrantes et les quelques cowboys qui les escortent sous les ordres de Buck ont l'interdiction absolue de s'approcher de trop près les uns des autres. Le mur ainsi dressé entre les deux groupes donne à voir de manière fascinante cette différence entre les sexes (différence que Buck ne pensera longtemps qu'en termes de domination, de force et de faiblesse). Ce mur ne fait aussi, bien sûr, qu'exacerber les désirs, tant l'interdit est énorme et intenable.

    Ce principe posé à partir d'un argument déjà fort original à nos yeux, il ne peut se passer que des événements sortant de l'ordinaire, ainsi que des épreuves absolument terribles. Wellman, qui fond littéralement ses personnages dans le décor bien réel de pierre, de sable ou de boue, qui épure jusqu'à sa bande son dénuée de musique (ce sont les bruits des chariots, des coups de feu ou de fouet, des femmes qui chantent des berceuses, qui aident à accoucher et qui s'exclament, ce sont tous ces bruits qui font la musique la musique du film), n'épargne rien au spectateur des effrayants coups du sort. Buck avait prévenu : pour ramener cent femmes, il fallait partir avec un tiers de plus afin de prendre en compte les pertes. Personne, alors, n'est à l'abri. En un éclair, tel personnage auquel le récit semblait s'attacher particulièrement peut disparaître et la jeunesse ou l'amour ne met nullement à l'abri. La sècheresse de la mise en scène rend ces coups de tonnerre saisissants. Ils seraient mélodramatiques si le cadre westernien et l'avancée perpétuelle des membres du convoi n'empêchaient de s'apesantir dessus. Wellman ne fait pas de concessions. La violence et la dureté des événements qu'il choisit de traiter, la tension qu'il instaure, l'intransigeance et la droiture qu'il prête à ses personnages sont tels que les touches humoristiques, les plaisirs de la pause, les attendrissements passagers, n'apparaissent jamais comme des facilités mais comme des moyens d'enrichir la fresque, d'y glisser toutes les contradictions de la vraie vie.

    Remarquablement mis en images, alignant les plans noirs et blancs travaillés dans toutes leurs dimensions, Convoi de femmes est l'un des plus beaux et surtout l'un des plus émouvants westerns qui soient.

     

    CONVOI DE FEMMES de William Wellman (Westward the women, Etats-Unis, 118 min, 1951) ****

    Wellman,Etats-Unis,Western,50s

  • Rêve ou souvenir ?

    Je repense souvent à des images vues dans l'enfance, correspondant certainement à mon plus lointain souvenir d'un état de fascination devant le pouvoir du cinéma (bien que cela concerne dans ce cas, je pense, une diffusion télévisée). C'était un western. Les images sont celles d'une scène particulière. Un groupe d'hommes à gauche, un groupe de femmes à droite, attendent, se regardent, se rapprochent. Chacun cherche une personne précise (connue seulement par un nom, une photo, je ne sais plus). Il y a des jeunes et des vieux. Peut-être certains sont déçus. Tous sont émus. Les premiers mots échangés le sont avec embarras. Les yeux se baissent. Des sourires apparaissent. Idéalisée par la distance temporelle, cette scène est devenue dans ma tête la plus émouvante du cinéma.

    Je ne suis jamais retombé sur ce film. Sans en être sûr, je pense maintenant que c'était celui-ci :

    1529323b41234143e6f25754d1aff21a.jpg
    Convoi de femmes (Westward the women, 1951) de William Wellman
    (en voici un résumé, ici)