Suite du flashback

1994 : Aux Cahiers, deux pôles structurent les sommaires. D'un côté, le cinéma américain avec la défense de L'impasse (DePalma), d'Un monde parfait (Eastwood), de Tueurs nés (Stone), des rencontres avec Avary, Cameron et Burton, avec Kathleen Turner, avec David Lynch (à propos d'Eraserhead) et un retour sur Orson Welles. De l'autre, le cinéma français particulièrement présent au fil de l'année à travers des entretiens avec Tonie Marshall, Patrice Chéreau, Pascale Ferran, Claire Denis (J'ai pas sommeil), Robert Kramer (Point de départ), Sandrine Bonnaire, Fanny Ardant, Gérard Lanvin et Bertrand Tavernier (sur la cinéphilie), des textes sur Jeanne le Pucelle (Rivette), L'enfer (Chabrol), Du fond du cœur (Doillon), Délits flagrants (Depardon), L'ange noir (Brisseau) et Lou n'a pas dit non (Miéville), un dossier Renoir, un numéro spécial concocté par Isabelle Huppert et plusieurs papiers sur la collection de téléfilms produite par Arte, Tous les garçons et les filles de leur âge. Entre ces deux tendances se glissent Almodovar, Moretti (Journal intime), Loach (Ladybird), Fellini (un entretien inédit), Shin Sang Okk, Ozu et Tarkovski, ainsi que Kiarostami et Kurosawa dont la rencontre est relatée. Le comité de rédaction accueille officiellement, entre autres, Jacques Morice et Vincent Ostria, tandis que Luc Moullet poursuit la chronique qu'il avait entamée l'année précédente.
Dans Positif se lit une flopée d'entretiens réalisés à l'occasion des sorties des films d'Altman, Eastwood, DePalma, Ripstein, Marshall, Coen, Moretti, Pintilie, Kieslowski, Loach, Ferran, Doillon, Tarantino, Avary, Egoyan ainsi que ceux de Peter Greenaway (The baby of Mâcon), Francesca Archibugi (La grande citrouille), Jim Sheridan (Au nom du père), Zhang Yimou (Vivre !), Jacques Audiard (Regarde les hommes tomber), Claude Miller (Le sourire), Alan Rudolph (Mrs. Parker et le cercle vicieux), Mario Martone (Mort d'un mathématicien napolitain), Robert Zemeckis (Forrest Gump), Marcel Ophuls (Veillée d'armes) et Gianni Amelio (Lamerica). Sont également rencontrés Tian Zhuangzhuang, George Lucas, Coppola, James Toback, Robin Williams et Jean-Louis Trintignant. Point de départ, L'ange noir, L'étrange Noël de Mr Jack, Ed Wood et la série Tous les garçons et les filles de leur âge, sont, comme dans les Cahiers, mis en avant. La revue publie des dossiers sur Wellman, Satyajit Ray, Lang et Germi, des papiers sur Mizoguchi, Renoir et le cinéma coréen, une étude sur Stallone et Schwarzenegger. Enfin, le 400ème numéro de Positif est l'occasion de publier 65 textes inédits signés de cinéastes, prolongement d'une rubrique, "Voix off", créée en 1993.
Janvier : Kika (Pedro Almodovar, Cahiers du Cinéma n°475) /vs/ Short cuts (Robert Altman, Positif n°395)
Mars : Isabelle Huppert (C477) /vs/ L'impasse (Brian DePalma, P397)
Avril : Pas très catholique (Tonie Marshall, C478) /vs/ Ce lieu sans limites (Arturo Ripstein, P398)
Mai : La Reine Margot (Patrice Chéreau, C479-480) /vs/ Le grand saut (Joel et Ethan Coen, P399)
Juin : Les roseaux sauvages (André Téchiné, C481) /vs/ N°400 (Tournage de Force of arms de Michael Curtiz, P400)
Eté : Jean Renoir (C482) /vs/ Un été inoubliable (Lucian Pintilie, P401-402)
Septembre : Speed (Jan de Bont), True lies (James Cameron), Crooklyn (Spike Lee) & Killing Zoe (Roger Avary) (C483) /vs/ Trois couleurs : Rouge (Krzysztof Kieslowski, P403)
Octobre : Tueurs nés (Oliver Stone, C484) /vs/ Petits arrangements avec les morts (Pascale Ferran, P404)
Novembre : L'ange noir (Jean-Claude Brisseau, C485) /vs/ Pulp fiction (Quentin Tarantino, P405)
Décembre : L'étrange Noël de Mr Jack (Henry Selick et Tim Burton, C486) /vs/ Exotica (Atom Egoyan, P406)

Quitte à choisir : Sachant que Kika, Jeanne la Pucelle, La Reine Margot et L'ange noir sont loin d'être mes titres préférés au sein des filmographies respectives de leurs auteurs, que le Tonie Marshall ne m'a pas laissé un souvenir impérissable, que ces Altman, DePalma, Kieslowski, Tarantino et Egoyan-là me semblent peu discutables, que le Pintilie et le Ferran me furent très agréables, même sans avoir vu les autres américains cités et en jouant les excellents Roseaux sauvages et Mr Jack contre le Grand (petit) saut (ou ce Ripstein un peu raide), les Cahiers sont pour moi, cette année, mal barrés. Allez, pour 1994 : Avantage Positif.
A suivre...
Sources : Calindex & Cahiers du Cinéma









1989 : La fin de l'année voit les Cahiers changer de formule et modifier légèrement leur comité de rédaction, dans lequel entre notamment Nicolas Saada, tandis que Thierry Jousse en devient le rédacteur en chef adjoint. Au niveau des auteurs, Coppola (Tucker), Cronenberg (Faux-semblants), Moretti (Palombella rossa), Rivette (La bande des quatre) semblent, pour la revue, se détacher mais d'autres cinéastes sont rencontrés au fil des mois : Claude Zidi (pour Deux), Bertrand Blier (Trop belle pour toi), Spike Lee (Do the right thing), Idrissa Ouedraogo (Yaaba), Philippe Garrel (Les baisers de secours), Emir Kusturica (Le temps des gitans). Ganashatru de Satyajit Ray, La fille de quinze ans de Jacques Doillon, Batman de Tim Burton, Abyss de James Cameron et Route One / USA de Robert Kramer font partie des films mis en avant, à côté de textes sur les "films-rock", sur le bicentenaire de la Révolution française ou sur les cinémas hongrois et soviétique, de rencontres avec Tsui Hark, Daniel Auteuil, Rob Reiner, Robby Müller et Adolph Green, d'un spécial cinéma français en mai, d'un retour sur Pasolini, d'hommages à John Cassavetes, Sergio Leone et Jacques Doniol-Valcroze et de deux tables rondes, l'une à propos de Pickpocket de Robert Bresson, l'autre du cinéma français.
Quitte à choisir : Un seul film partagé (et toujours inconnu de mes services, tout comme ceux d'Assayas et Schatzberg, de Sturges et Walsh) mais un bilan finalement équilibré. De chaque côté, la liste paraît cohérente et sans réelle anomalie, même si l'on peut ergoter en quelques endroits (l'accrocheur doublé automnal des Cahiers, les choix positivistes de février et d'octobre...). Allez, pour 1989 : Match nul.
Je découvre aujourd'hui dans le numéro de novembre de 
1988 : Cinq couvertures en commun (Erice, Kaufman, Polanski, Eastwood, Scorsese) et six autres qui auraient pu l'être (Huston, Depardon, Varda, Brisseau, Kieslowski, Angelopoulos) : ce ne sont pas vraiment les différences entre les deux revues que l'on retiendra de cette année-là (d'autant moins qu'elle résident dans des prises de position bien connues, autour de Godard, Truffaut, Sautet ou Demy). Les sommaires s'accordent également sur bien des sujets : le cinéma soviétique "libéré" (dont celui de Kira Muratova), le cinéma du réel (en plus de Varda, Depardon, et Ophuls pour son Hôtel Terminus, Positif rencontre Les Blank et Juris Podnieks et les Cahiers Frederick Wiseman), les muets de Dreyer et Lang, Chen Kaige, Chris Menges (Un monde à part), Robert Zemeckis (Qui veut la peau de Roger Rabbit) et même Rossellini !
Quitte à choisir : Cherchons donc parmi les différences...


