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Revue - Page 7

  • Cahiers du Cinéma vs Positif (1960)

    Suite du flashback.


    cahiers103.JPGpositif33.JPG1960 : C'est l'année Godard pour les Cahiers (texte de Luc Moullet sur A bout de souffle). La Nouvelle Vague est à son zénith et la revue s'en félicite, même si la défense du mouvement est finalement moins véhémente que ne le laisse croire l'abondance des couvertures, comme si cela allait de soi. Un numéro rend hommage au disparu Jacques Becker, un autre est consacré à Joseph Losey (préparé par Pierre Rissient et l'école du Mac-Mahon). Cannes 1960 est l'édition du double scandale L'avventura / La dolce vita et l'on est alors sommé de choisir : Antonioni ou Fellini. Sous l'impulsion d'André S. Labarthe, les Cahiers penchent du côté du premier.
    Contrairement à ce que l'on pouvait attendre, pas de position aussi tranchée à Positif. Si L'avventura est bien le plus grand film moderne, La dolce vita n'est pas loin derrière. Autre surprise : le Nazarin de Bunuel divise la rédaction (pas moins de quatre textes tentent d'en faire le tour, et ce n'est pas fini...). Ado Kyrou parle de W.C. Fields et du burlesque américain, Roger Tailleur du western. Une jeune femme débarque, Michèle Firk, qui mèlera vigoureusement et jusqu'au bout, dans ses textes, cinéma et politique.


    Janvier : A bout de souffle (Jean-Luc Godard, Cahiers du Cinéma n°103) /vs/---

    Février : L'eau à la bouche (Jacques Doniol-Valcroze, C104) /vs/ W.C. Fields (Positif n°32)

    Mars : Le bel âge (Pierre Kast, C105) /vs/---

    Avril : Jacques Becker (C106) /vs/ Les yeux sans visage (Georges Franju, P33)

    Mai : Party girl (Nicholas Ray, C107) /vs/ Etoiles (Konrad Wolf, P34)

    Juin : L'Amérique insolite (François Reichenbach, C108) /vs/---

    Juillet : Le petit soldat (Jean-Luc Godard, C109) /vs/ L'avventura (Michelangelo Antonioni, P35)

    Août :  L'avventura (Michelangelo Antonioni, C110) /vs/---

    Septembre : Joseph Losey (C111) /vs/---

    Octobre : La pyramide humaine (Jean Rouch, C112) /vs/---

    Novembre : Psychose (Alfred Hitchcock, C113) /vs/ Les dauphins (Francesco Maselli, P36)

    Décembre : Bertholt Brecht (C114) /vs/---

     

    cahiers107.JPGpositif35.JPGQuitte à choisir : Antonioni en vedette des deux côtés, le merveilleux film de Franju également choisi à la fin de l'année précédente par les Cahiers... Il ne reste plus beaucoup de munitions pour Positif, qui peine toujours à paraître régulièrement. Becker, Godard, Losey, Ray et Hitchcock font la différence. Allez, pour 1960 : Avantage Cahiers.

     

    A suivre...

    Sources : Calindex & Cahiers du Cinéma

  • La mémoire neuve

    En parcourant un ancien numéro de Positif l'autre jour, je suis retombé par hasard sur le compte rendu cannois du documentaire d'Edgardo Cozarinsky, Le cinéma des "Cahiers" (2001). Serge Toubiana y révèlerait des propos que lui avait tenus François Truffaut en 1974 : "Vous vous êtes servis des Cahiers, de ce qu'était la revue d'André Bazin. Si vous aviez eu du courage quand vous étiez politisés, vous auriez dû créer une autre revue, mais laisser les Cahiers tels qu'ils étaient dans l'esprit de Bazin."

    Évolution d'un titre, prestige d'un nom, trahison d'un esprit... Cela me fait penser à une autre publication, abandonnée pour ma part depuis longtemps. Une publication qui, progressivement, a tourné le dos à tous ses anciens lecteurs en reniant un à un ses principes rédactionnels originels (audace des choix, sobriété de mise en page, longues interviews, articles de fond, publicité contenue, photographes-maison). Une publication qui a cherché à affirmer son identité et étendre son influence en investissant de nouveaux supports/médias/publics/champs-d'action-culturels et qui, au final, ne ressemble plus à rien. J'ai toujours pensé que son passage en 1995 à un rythme hebdomadaire après 9 ans de parutions bimestrielles ou mensuelles aurait dû s'accompagner d'un changement de nom.

    Car franchement, en arriver là aujourd'hui...

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    ... quand on a connu ça...

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    ... il y a de quoi baisser les yeux.


    Ma mémoire m'a / M'a déserté / Enfin je vais profiter / De tout sans rien / En regretter / Affranchi le lendemain / Du souvenir

    Fatalement ça / N'a pas duré
    / La mémoire m'est revenue mais / J'eus l'intuition que ça n'était / Pas la mienne que je retrouvais

    A mesure que me gagnaient
    / Quelques souvenirs je doutais / Qu'ils m'aient un jour appartenu / Eux qui défilaient sans parler

    Mais comme ils pesaient
    / Moins que rien / Et que cette mémoire n'avait / Nulle trace de jour faste ou mauvais / A merveille elle me conviendrait

    Moi qui la croyait calme
    / Au moment où elle s'accrochait / A moi je crus qu'elle saurait m'épargner / Les rancoeurs et le vin mauvais

    Et aujourd'hui j'accuse / Encore le coup, elle m'a bien eu / Elle m'a bien sûr depuis tout dévoilé / Du passé lourd qui m'incombait

    Ma vraie mémoire / Reparaîtrait / Elle rirait bien fort de moi

    L'autre en tous cas
    / Bien arrimée / Parraine chacun de mes pas / Et je ne me reconnais pas / Le dos courbe et les yeux baissés / Ces yeux qui balaient le plancher / Sans doute pour la première fois

    (La mémoire neuve, Dominique A, 1995)

  • Cahiers du Cinéma vs Positif (1959)

    Suite du flashback.


    cahiers92.JPGpositif30.JPG1959 : Il se passe un truc, non ? Après quelques signes annonciateurs, vient donc la naissance "officielle" de la Nouvelle Vague : sortie du Beau Sergeet évènement cannois créé par Truffaut. Les Cahiers sont bien sûr en première ligne pour soutenir le mouvement : couvertures, comptes-rendus, entretiens, table ronde (autour d'Hiroshima mon amour)... On note le renouvellement (forcé par les passages à la mise en scène des cadors) des plumes (Moullet, Douchet, Domarchi) et l'arrivée des "Mac-Mahoniens" (et donc de leurs cinéastes : Lang, Losey, Walsh, Fuller...). Un numéro spécial est consacré à André Bazin et le centième paraît sous une couverture signée par Jean Cocteau.
    Du numéro 100, Positifen est bien loin. La revue de Kyrou, Tailleur et cie ne propose même en 59 que deux livraisons ! Le n°30 soutient Antonioni (le cinéma italien continuant, à cette époque, à donner le vertige). Quant à la Nouvelle Vague, une table ronde tente d'en faire le tour en novembre, savoureusement introduite par une citation de Fantômas ("Ils sont une douzaine, dîtes-vous ? C'est plutôt vague comme nouvelle !"). Au-delà du scepticisme général de la rédaction, les films de Resnais, de Kast et celui de Truffaut s'en sortent finalement sans trop d'égratignures, voire avec des louanges.


    Janvier : André Bazin (Cahiers du Cinéma n°91) /vs/---

    Février : Sueurs froides (Alfred Hitchcock, C92) /vs/---

    Mars : Le beau Serge (Claude Chabrol, C93) /vs/---

    Avril : Roberto Rossellini (C94) /vs/---

    Mai : Les fraises sauvages (Ingmar Bergman, C95) /vs/---

    Juin : Les 400 coups (François Truffaut, C96) /vs/---

    Juillet : Hiroshima mon amour (Alain Resnais, C97) /vs/ Le cri (Michelangelo Antonioni, Positif n°30)

    Août : L'impératrice Yang Kwei Fei (Kenji Mizoguchi, C98) /vs/---

    Septembre : Fritz Lang (C99) /vs/---

    Octobre : Numéro 100 (C100) /vs/---

    Novembre : Les yeux sans visage (Georges Franju, C101) /vs/ Cendres et diamants (Andrzej Wajda, P31)

    Décembre : Le déjeuner sur l'herbe (Jean Renoir, C102) /vs/---

     

    cahiers96.JPGpositif31.JPGQuitte à choisir : Même en faisant la fine bouche sur Le beau Serge, il est difficile de ne pas reconnaître que les Cahiersfont un sans faute, mêlant sans problème les valeurs sûres et les petits nouveaux pour donner, au final, une image parfaitement juste de l'époque. De l'autre côté, les choix d'Antonioni et Wajda sont tout aussi pertinents mais nous ne saurons jamais ce qu'il en aurait été réellement si la revue avait tenu un rythme normal cette année-là. Allez, pour 1959 : Avantage Cahiers.

     

    A suivre...

    Sources : Calindex & Cahiers du Cinéma

  • Cahiers du Cinéma vs Positif (1958)

    Suite du flashback.


    cahiers81.JPGpositif27.JPG1958 : Les tiraillements rédactionnels ont toujours été lisibles dans les Cahiers, des débuts à aujourd'hui. Beaucoup plus rarement à Positif. Paul-Louis Thirard en met un à jour à la faveur d'une défense de Fellini, par-delà la confusion idéologique et la dimension religieuse de son cinéma. Sur un autre sujet, les points de vue s'accordaient plus facilement, ainsi pour Positif, si 1955 fut l'année Aldrich, 1956 l'année Bergman, 1957 avait été l'année Tashlin. Un solide dossier en prend acte en septembre. Forcément plus réactifs, les Cahiers accompagnent la révélation de Louis Malle en lui consacrant leur couverture pour ses deux premiers films. Il y a comme une odeur de Nouvelle Vague... Toutefois, Truffaut et Godard écrivent encore, entre autres contre Positif pour le premier et sur Bergman pour le second. Pour les Cahiers, 1958 est surtout l'année Welles (longuement entretenu pour le n°87 qui lui est largement consacré) et celle de la mort d'André Bazin (en novembre).


    Janvier : Ascenseur pour l'échafaud (Louis Malle, Cahiers du Cinéma n°79) /vs/---

    Février : Bonjour tristesse (Otto Preminger, C80) /vs/ Louise Brooks (Positif n°27)

    Mars : La ronde de l'aube (Douglas Sirk, C81) /vs/---

    Avril : Mon oncle (Jacques Tati, C82, ) /vs/ Senso (Luchino Visconti, P28)

    Mai : L'eau vive (François Villiers, C83) /vs/---

    Juin : La soif du mal (Orson Welles, C84) /vs/---

    Juillet : Monika (Ingmar Bergman, C85) /vs/---

    Août : Le mécano de la General (Buster Keaton, C86) /vs/---

    Septembre : Orson Welles (C87) /vs/ Un vrai cinglé de cinéma (Frank Tashlin, P29)

    Octobre : Ava Gardner (C88) /vs/---

    Novembre : Les amants (Louis Malle, C89) /vs/---

    Décembre : Ivan le Terrible (2ème partie) (Sergeï M. Eisenstein, C90) /vs/---

     

    cahiers87.JPGpositif28.JPGQuitte à choisir : Trois numéros seulement pour Positif. Même Visconti et l'éternelle Louise Brooks ne peuvent donc rivaliser avec une pertinente série de couvertures des Cahiers, qu'ils se tournent vers l'ancien (Keaton, Eisenstein), vers le moderne (Welles, Malle, Bergman) ou vers l'entre-deux (Sirk). Allez, pour 1958 : Avantage Cahiers.

     

    A suivre...

    Sources : Calindex & Cahiers du Cinéma

  • Cahiers du Cinéma vs Positif (1957)

    Suite du flashback.

     

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    1957 : L'année commence par quelques amabilités. Eric Rohmer, qui est en passe de devenir rédacteur en chef au même titre que Jacques Doniol-Valcroze et André Bazin, se positionne contre John Huston et contre la secte des critiques de Positif. Ces derniers couvrent de louanges Moby Dick et renvoient les Cahiers vers l'extrème-droite. Chacun s'émeut toutefois de la mort d'Humphrey Bogart.
    Positif fête doublement les débuts d'Andrzej Wajda et présente l'oeuvre d'Akira Kurosawa. Louis Seguin craque pour Cyd Charisse et Paul-Louis Thirard pour Dorothy Malone, Roger Tailleur survole les westerns de l'année 56. Le cinéma italien (de Giuseppe de Santis à Lucia Bose), le cinéma chinois, la science-fiction sont abordés.
    En face, Bazin tente de mettre en garde contre les excès de la politique des auteurs menée par ses jeunes collègues de bureau. En décembre, François Truffaut, lui, assassine Clouzot. Auparavant sont publiés des entretiens avec Anthony Mann, Max Ophuls et Vincente Minnelli, et des textes de Robert Bresson, Federico Fellini, Elia Kazan et Sergueï Eisenstein (sur Dovjenko). Doniol-Valcroze revient sur Sacha Guitry et Lotte Eisner sur Erich von Stroheim.
    La rédaction de Positif annonce en début d'année que le "mot "mensuel" sur (leur) couverture dépasse maintenant le cri d'espoir pour friser la vérité". Cela durera à peine six mois... Quant aux choix des couvertures par les Cahiers, ils continuent à montrer un certain louvoiement entre le prolongement logique de leur ligne critique et les exigences commerciales (Guerre et paix en une pour la deuxième fois en quatre mois).

     

    Janvier : Je reviendrai à Kandara (Victor Vicas, Cahiers du Cinéma n°67) /vs/ Cyd Charisse (Positif n°20)

    Février : L'amour à la ville (Collectif, C68) /vs/ Une fille a parlé (Andrzej Wajda, P21)

    Mars : Guerre et paix (King Vidor, C69) /vs/ Les sept samouraïs (Akira Kurosawa, P22)

    Avril : Sait-on jamais ? (Roger Vadim, C70) /vs/ Lucia Bose (P23)

    Mai : "Situation du cinéma français" (Celui qui doit mourir, Jules Dassin, C71) /vs/ Dorothy Malone (P24)

    Juin : La symphonie nuptiale (Erich von Stroheim, C72) /vs/---

    Juillet : Le salaire du diable (Jack Arnolds, C73) /vs/---

    Septembre : Guendalina (Alberto Lattuada, C74) /vs/ Kanal (Andrzej Wajda, P25-26)

    Octobre : Les nuits de Cabiria (Federico Fellini, C75) /vs/---

    Novembre : Drôle de frimousse (Stanley Donen, C76) /vs/---

    Décembre : Le soleil se lève aussi (Henry King, C77) + Jean Renoir (C78) /vs/---

     

    cahiers78.JPGpositif23.jpgQuitte à choisir : Pour une fois, mis à part le spécial Renoir (et le retour sur Stroheim), il n'y a pas grand chose d'enthousiasmant du côté des couvertures des Cahiers (un Fellini de moyenne envergure et un Donen juste sympathique). Les gens de Positif en profitent, exaltés par Les sept samouraïs et Kanal, et troublés par un sacré tiercé d'actrices. Allez, pour 1957 : Avantage Positif.

     

    A suivre...

    Sources : Calindex & Cahiers du Cinéma

  • Cahiers du Cinéma vs Positif (1956)

    Suite du flashback.

     

    cahiers60.JPGpositif16.JPG1956 : Kim Novak fait tourner les têtes des rédacteurs des deux bords et Buñuel a l'honneur de la première couverture "partagée", à l'occasion de la sortie de La mort en ce jardin. L'existence de ces ponts entre les revues n'est pourtant qu'un leurre, les relations commençant à s'envenimer sérieusement. Positif lance quelques piques par Dreyer, Rossellini et Hitchcock interposés, provoquant un "passage en revue" virulent de Rohmer dans les Cahiers, qui entraînera lui-même etc, etc... La guerre des tranchées commence.

    Les Cahiers publient plusieurs textes de cinéastes (Ophuls, Renoir, Dreyer, Sternberg), des entretiens avec Howard Hawks, Robert Aldrich et Joshua Logan, un nouveau dossier sur Alfred Hitchcock, un texte sur Luchino Visconti. Fereydoun Hoveyda (l'un des seuls critiques à avoir écrit en même temps dans les deux revues) fait l'éloge du serial américain, quelques uns, dont Jean-Luc Godard, s'interrogent sur le montage et Eric Rohmer présente Ingmar Bergman. Le mystère Picasso est l'objet de plusieurs études.

    A Positif, Roger Tailleur intronise Robert Aldrich, Georges Franju est désigné comme "le plus grand cinéaste français", Richard Brooks a droit à un dossier, les situations de René Clément et d'Henri-Georges Clouzot sont abordées et Ingmar Bergman est défendu... surtout à travers Harriett Andersson. A part ça, les rythmes de parutions ne sont toujours pas synchrones.

    Janvier : Ordet (Carl Theodor Dreyer, Cahiers du Cinéma n°55) /vs/---

    Février : Une jeune fille des Flandres (Helmut Kautner, C56) /vs/---

    Mars : Il Bidone (Federico Fellini, C57) /vs/---

    Avril : La rose tatouée (Daniel Mann, C58) /vs/---

    Mai : Le mystère Picasso (Henri-Georges Clouzot, C59) /vs/ Du plomb pour l'inspecteur (Richard Quine, Positif n°16)

    Juin : Kim Novak (C60) /vs/ Le cirque infernal (Richard Brooks, P17)

    Juillet : Sourires d'une nuit d'été (Ingmar Bergman, C61) /vs/---

    Septembre : Alfred Hitchcock (C62) /vs/---

    Octobre : La mort en ce jardin (Luis Bunuel, C63) /vs/---

    Novembre : Bus stop (Joshua Logan, C64) /vs/ Gervaise (René Clément, P18)

    Décembre : Guerre et paix (King Vidor, C65) + "L'acteur" (James Dean, C66) /vs/ La mort en ce jardin (Luis Bunuel, P19)

     

    cahiers63.JPGpositif19.JPGQuitte à choisir : Ouais, le Dreyer et le Bergman sont pas trop mal... (Aïe !). Tendresse particulière pour le Fellini, rarement mis en avant. Si l'on ajoute Kim, Alfred et Henri-Georges, la messe est dite, cela même sans connaître le Richard Quine, ni ce Bunuel-là d'ailleurs. Gervaise et Le cirque infernal, tout solides qu'ils soient, ne font pas le poids. Allez, pour 1956 : Avantage Cahiers.

     

    A suivre...

    Sources : Calindex & Cahiers du Cinéma

  • Cahiers du Cinéma vs Positif (1955)

    Suite du flashback.

     

    cahiers46.JPGpositif13.JPG1955 : Vitesse de croisière pour les Cahiers et affirmation de la position des "jeunes turcs". Truffaut lance la "politique des auteurs" en soutenant le Becker d'Ali Baba et les quarante voleurs et Rohmer démarre sa série d'articles théoriques : Le celluloïd et le marbre. Fellini (La strada sur tous les tons) joue des coudes avec Rossellini et Aldrich déboule. Les rencontres se multiplient : avec Abel Gance, Alfred Hitchcock, John Ford, Jules Dassin, Carl Dreyer, Norman McLaren. Entre un portrait d'Humphrey Bogart et un panorama du cinéma chinois, la rédaction se pose deux questions : "Les Marx Brothers ont-ils une âme ?" et "Comment peut-on être Hitchcocko-Hawksien ?".

    En 1955, les temps sont toujours durs pour Positif, qui ne sort que deux numéros. Au moins cela leur permet-il de jeter un vaste regard en arrière et de dresser deux bilans successifs des mois écoulés, marqués selon eux par les films d'Henri-Georges Clouzot, Claude Autant-Lara, Jean Grémillon, Federico Fellini, Alberto Lattuada, Lazlo Benedek, John Huston, Luis Buñuel... En couverture, ils choisissent étrangement un court-métrage de Franju et un film de marionnettes tchèque (on remarque l'arrivée en force du cinéma d'animation puisque Norman McLaren se retrouve également à la une des Cahiers en juillet).

    Janvier : La tour de Nesle (Abel Gance, Cahiers du Cinéma n°43) /vs/---

    Février : Monnaie de singe (Norman McLeod, C44) /vs/---

    Mars : Oasis (Yves Allégret, C45) /vs/ Hôtel des Invalides (Georges Franju, Positif n°13)

    Avril : La strada (Federico Fellini, C46) /vs/---

    Mai : French cancan (Jean Renoir, C47, ) /vs/---

    Juin : L'or de Naples (Vittorio De Sica, C48) /vs/---

    Juillet : Blinkity blank (Norman McLaren, C49) /vs/---

    Septembre : Marty (Delbert Mann, C50) /vs/---

    Octobre : Vacances à Venise (David Lean, C51) /vs/---

    Novembre : Les mauvaises rencontres (Alexandre Astruc, C52) /vs/ Le brave soldat Chveik (Jiri Trnka, P14-15)

    Décembre : Le grand couteau (Robert Aldrich, C53) + "Situation du cinéma américain" (Sept ans de réflexion, Billy Wilder, C54) /vs/---

     

    cahiers49.JPGpositif14.JPGQuitte à choisir : Pas vraiment de match possible dans ces conditions. Les choix de Fellini, Renoir et Aldrich ne sont guère discutables, celui de L'or de Naples beaucoup plus et les films de Gance, Allégret et Mann ne sont pas très engageants. Allez, pour 1955 : Avantage Cahiers.

     

    A suivre...

    Sources : Calindex & Cahiers du Cinéma

  • Cahiers du Cinéma vs Positif (1954)

    Suite du flashback.

     

    cahiers32.JPGpositif10.JPG1954 : Aux Cahiers, Rossellini est plus que jamais en vedette. Buñuel également, par deux fois, à trois mois d'intervalle, avant de se voir "subtilisé" pour plusieurs années par la revue d'en face. Au rythme de ces numéros, frappe la succession de grands entretiens : avec les deux premiers nommés ou avec Jacques Becker et Jean Renoir (dont la revue fête les 60 ans). En janvier, François Truffaut lâche sa petite bombe sur le cinéma français. Cela n'empêchera pas Autant-Lara de se retrouver célébré à la fin de l'année, mais la ligne directrice des Cahiers est en train de changer sous les coups de boutoirs du groupe des plus jeunes critiques de la revue emmené par Rohmer, équipe qui impose par ailleurs un numéro spécial Hitchcock.

    Pour Positif, 1954 est également une année charnière avec le déménagement de Lyon à Paris et le renforcement de la tendance surréaliste avec les arrivées d'Ado Kyrou, de Robert Benayoun et de Louis Seguin. Les grandes polémiques ne vont pas tarder à éclater. Le cinéma mexicain est largement étudié en même temps que l'œuvre de Buñuel. Bernard Chardère s'entretient avec Jean Grémillon (pour L'amour d'une femme). Positif commence à mettre des photos en couverture mais a du mal à tenir le rythme avec seulement trois numéros, dont deux consacrés au cinéma américain (on y parle entre autres de Paul Strand, de Fred Zinnemann, de Jules Dassin, de Vincente Minnelli, de John Ford, de science-fiction et de dessin animé).

    Janvier : Le petit fugitif (Ray Ashley, Morris Engel et Ruth Orkin, Cahiers du Cinéma n°31) /vs/---

    Février : Touchez pas au grisbi (Jacques Becker, C32) /vs/---

    Mars : Pain, amour et fantaisie (Luigi Comencini, C33) /vs/---

    Avril : Audrey Hepburn (C34) /vs/---

    Mai : Monsieur Ripois (René Clément, C35) /vs/ L'âge d'or (Luis Bunuel, Positif n°10)

    Juin : El (Luis Bunuel, C36) /vs/---

    Juillet : Jeanne au bûcher (Roberto Rossellini, C37) /vs/---

    Septembre : Robinson Crusoé (Luis Bunuel, C38) /vs/ Bas les masques (Richard brooks, P11)

    Octobre : Le crime était presque parfait (Alfred Hitchcok, numéro spécial C39) /vs/---

    Novembre : Le rouge et le noir (Claude Autant-Lara, C40) /vs/ Tous en scène (Vincente Minnelli, P12)

    Décembre : Roméo et Juliette (Renato Castellani, C41) + "L'amour au cinéma" (C42) /vs/---

     

    cahiers34.JPGpositif12.JPG

    Quitte à choisir : Série de films plus ou moins passionnants pour les Cahiers (plus : Becker, Bunuel, Hitchcock ; moins : Clément, Rossellini, Autant-Lara). C'est la régularité de parution qui fait la différence sur ce coup, face à L'âge d'or et Tous en scène. Allez, pour 1954 : Avantage Cahiers.

     

    A suivre...

    Sources : Calindex & Cahiers du Cinéma

  • Cahiers du Cinéma vs Positif (1953)

    Suite du flashback sur les deux revues de cinéma, par le biais de leurs couvertures.

     

    cahiers20.JPGpositif7.JPG1953 : Sur les couvertures des Cahiers, la présence de Renoir et Rossellini a tendance à masquer le fait que la revue ne suit pas encore vraiment de ligne éditoriale stricte, sous la double direction de Doniol-Valcroze et Bazin. Jean Mitry revient longuement sur le pionnier Thomas Ince, Jacques Rivette proclame le "Génie de Howard Hawks" et rencontre Otto Preminger. Un hommage est rendu (comme dans Positif) à Jean Epstein, un ensemble de textes sur le cinemascope est publié. Autres noms croisés dans les sommaires : Murnau, Poudovkine et Ivens.

    Cet éclectisme se retrouve peu ou prou dans la revue d'en face (Positif, à une exception près, ne met toujours pas de photo en une et nous continuons donc à ajouter entre parenthèses les films défendus dans chaque numéro). Orson Welles, Jacques Tati, Carl Dreyer, William Wellman, Preston Sturges, Erich von Stroheim, Robert Mennegoz, Pierre et Jacques Prévert et surtout Jean Vigo sont les personnalités mises en avant en ce temps-là. Les lignes bougeront plus clairement à partir de l'année suivante, 1954 constituant un tournant pour les deux titres.

    Janvier : Viva Zapata (Elia Kazan, Cahiers du Cinéma n°19) /vs/---

    Février : Le carrosse d'or (Jean Renoir, C20) /vs/---

    Mars : La mort d'un commis voyageur (Lazlo Benedek, C21) /vs/---

    Avril : Les vacances de Monsieur Hulot (Jacques Tati, C22, ) /vs/ Positif n°6 (Othello, Les vacances de Monsieur Hulot, Le carrosse d'or, Jean Epstein)

    Mai : La mer cruelle (Charles Frend, C23) /vs/ L'Atalante (Jean Vigo, numéro spécial Positif n°7)

    Juin : Niagara (Henry Hathaway, C24) /vs/---

    Juillet : Europe 51 (Roberto Rossellini, C25) /vs/---

    Septembre : La lune était bleue (Otto Preminger, C26) /vs/ Positif n°8 (Crin Blanc, Le bon dieu sans confession, Carl Dreyer, William Wellman, Preston Sturges)

    Octobre : Madame de... (Max Ophuls, C27) /vs/ Positif n°9 (Les vacances de Monsieur Hulot, Et tournent les chevaux de bois, Noblesse oblige, Stazione termini, Pierre et Jacques Prévert, Robert Mennegoz)

    Novembre : Les orgueilleux (Yves Allégret, C28) /vs/---

    Décembre : La tunique (Henry Koster, C29) + "La femme et le cinéma" (La red, Emilio Fernandez, C30) /vs/---

     

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    Quitte à choisir : Rien à redire aux différents choix de Positif mais plusieurs couvertures des Cahiers en imposent. Les films de Kazan, Renoir, Tati, Rossellini et Ophuls sont indiscutables. Celui d'Hathaway un peu moins malgré Marylin. Cerise sur le gâteau : l'affolante Rossana Podesta en couverture du numéro de fin d'année. En revanche, j'ai des Orgueilleux un souvenir relativement pénible. Enfin, il est étonnant de voir l'importance qu'avait Benedek à cette époque. Allez, pour 1953 : Avantage Cahiers.

     

    A suivre...

    Sources : Calindex & Cahiers du Cinéma

  • Cahiers du Cinéma vs Positif (1951-1952)

    Mes notes précédentes sur le sujet m'ont laissé insatisfait, je reprends tout. Puisque ma volonté était de retracer deux parcours parallèles, autant me placer résolument au point de départ afin de ne pas donner l'impression que quelque chose manque.

    Il s'agit donc de déterminer crânement qui, des deux principales revues françaises de cinéma, avait raison, en confrontant leurs choix respectifs de films ou de cinéastes mis en couverture. J'en suis conscient, la démarche est contestable, voire totalement idiote. Elle n'est de toute manière, soyez-en sûr, qu'un prétexte à remettre en mémoire ou à faire découvrir de belles unes.

    Nous sommes tous d'accord avec Bo Diddley et les Yardbirds : You can't judge a book by looking at the cover. Il est évident que cette partie émergée de l'iceberg, quelque soit l'intégrité morale et l'honnêteté esthétique des responsables successifs des deux revues, ne dit pas tout de Positif et des Cahiers. D'une part, un choix de couverture pour un mensuel de cinéma est évidemment tributaire de l'actualité. D'autre part, tel film mis en avant à un moment précis pour sa séduction immédiate et pour sa valeur emblématique d'un air du temps, paraîtra de nos jours bien anodin, masquant parfois de surcroît un texte ou un ensemble sur une oeuvre d'une toute autre ampleur parue dans le même numéro. Une fois admis cela, on se rend compte toutefois que, sur la durée, le puzzle prend forme et l'image qui s'en dégage traduit fidèlement l'identité de la revue. Chacune puise d'ailleurs à l'occasion dans l'histoire de ses couvertures, jouant ainsi sur ce lien entre elle et le lecteur : pour fêter son quarantième anniversaire, l'équipe de Positif avait choisi pour chaque année passée une de ses couvertures et programmé le film correspondant lors d'une rétrospective; à l'occasion de leurs 50 ans, les Cahiers avaient reproduit en bas de pages du numéro d'avril 2001 toutes les leurs.

    Enfin, en ces temps où beaucoup de cinéphiles, blogueurs ou non, font la moue devant l'état du cinéma et celui de la critique (je ne suis d'ailleurs pas toujours le dernier à la faire), chacun pourra peut-être mesurer l'importance (ou l'absence) de l'écart entre hier et aujourd'hui et, parallèlement, ceux qui se sont entichés à un moment ou à un autre de l'un des deux titres pourront voir si leur préférence se visualise nettement à travers cette série de couvertures historiques.

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    1951 : Naissance des Cahiers du Cinéma, sous-titrés "Revue du cinéma et du télécinéma". Les parents officiels (rédacteurs en chef fondateurs) sont au nombre de trois : Jacques Doniol-Valcroze, Lo Duca et André Bazin. La première couverture consacre un Wilder mais c'est plutôt Edward Dmytryk et son Donnez-nous aujourd'hui qui se retrouve au centre de ce numéro. Ensuite, ce sont Mankiewicz, Bresson, DeMille, Sternberg, McLaren et Buñuel qui se voient célébrés. Maurice Schérer (Eric Rohmer) écrit son texte "Vanité que la peinture" et l'on se penche sur le nouveau cinéma allemand.

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    Avril : Boulevard du crépuscule (Billy Wilder, Cahiers du Cinéma n°1)

    Mai : Eve (Joseph L. Mankiewicz, C2)

    Juin : Tabou (F.W. Murnau et Robert Flaherty, C3)

    Juillet : Mademoiselle Julie (Alf Sjöberg, C4)

    Septembre : Samson et Dalila (Cecil B. DeMille, C5)

    Octobre : L'auberge rouge (Claude Autant-Lara, C6)

    Décembre : Los olvidados (Luis Bunuel, C7)

    Difficile de trouver mieux que ce film-là et cette photographie pour orner le premier numéro d'une revue cinéphile. Comme Wilder plaçait Gloria Swanson dans l'axe de la lumière du projecteur, les Cahiers voulaient-ils déjà nous montrer le chemin ? Toujours est-il que dans cette année, "blanche" si l'on se place dans l'optique de notre confrontation, ils proposaient pour commencer un sacré tiercé, d'avril à juin.

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    1952 : Pour les Cahiers, l'année commence sous les auspices de Jean Renoir (entretien à l'appui) pour se poursuivre en compagnie de Billy Wilder, John Huston (avec un texte de Gilles Jacob), Orson Welles, Gene Kelly, Charlie Chaplin (par André Bazin puis, entre autres, par Jean Renoir), le producteur Stanley Kramer et le cinéaste d'animation Jiri Trnka. Sont églement proposées des études sur le western, sur l'avant-garde et le cinéma anglais. Une enquête sur la critique est (déjà) publiée, de même que les impressions de quelques rédacteurs revenant des festivals de Cannes et Venise. Après Autant-Lara, Clément, Allégret et Clair sont en couverture : les "jeunes turcs" n'avaient pas encore mordu à pleines dents le cinéma français.

    En mai 52, Bernard Chardère fonde à Lyon la "revue mensuelle de cinéma" Positif. La promesse de periodicité ne pourra guère être tenue que durant les sept premiers mois et il faudra attendre le milieu des années 60 pour que le rythme voulu soit définitivement assuré. Au milieu de la présentation du numéro 1, on peut lire ceci : "Nous voudrions enfin ne pas démériter de la critique de cinéma. Saluons ici nos aînés : les Cahiers du Cinéma, en bonne place dans le haut sillage du regretté Jean-Georges Auriol, Sight and sound, Bianco e nero." Pendant quatre ou cinq ans, la cohabitation fut effectivement cordiale. Le n°1 s'ouvre sur les films d'Autant-Lara et de Buñuel, deux cinéastes destinés à accompagner longtemps (surtout le second) l'histoire de la revue. Le n°3 est presque entièrement consacré à John Huston, intégrant tout de même la première partie d'un long texte de Chardère consacré à Robert Bresson.

    Note : Jusqu'en 1954, les couvertures de Positif étaient vierges de photographies. J'ajoute donc entre parenthèses les films défendus et les thèmes abordés dans ces premiers numéros.

    Janvier : Le fleuve (Jean Renoir, C8)

    Février : Jeux interdits (René Clément, C9)

    Mars : Une place au soleil (George Stevens, C10)

    Avril : Le gouffre aux chimères (Billy Wilder, C11)

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    Mai : La charge victorieuse (John Huston, C12) /vs/ Positif n°1 (L'auberge rouge, Los olvidados)

    Juin : Deux sous d'espoir (Renato Castellani, C13) /vs/ Positif n°2 (Le fleuve, Rashomon)

    Juillet : Un américain à Paris (Vincente Minnelli, C14) /vs/ Positif n°3 (John Huston)

    Septembre : L'homme tranquille (John Ford, C15) /vs/---

    Octobre : La jeune folle (Yves Allégret, C16) /vs/---

    Novembre : Les feux de la rampe (Charlie Chaplin, C17) /vs/ Positif n°4 (cinéma ibérique, La montée au ciel, La grande vie)

    Décembre : Belles de nuit (René Clair, C18) /vs/ Positif n°5 (cinéma soviétique, Deux sous d'espoir, Giuseppe de Santis, Marc Donskoï)

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    Quitte à choisir : Trois premiers numéros de haute volée pour Positif donc et trois couves marquantes des Cahiers, celles consacrées à Renoir, Huston et Chaplin. Jeux interdits ne me bouleverse pas et il y a quand même de bien meilleurs Ford que celui-ci (sous réserve de le revoir). Enfin, sans vouloir négliger le film, je préfère au moins quatre ou cinq autres comédies musicales de Minnelli à cet Américain bien connu. Je ne connais pas les autres. Allez, pour 1952 : Match nul.

    A suivre...

     

    Sources : Calindex & Cahiers du Cinéma