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2020s - Page 3

  • Septembre sans attendre (Jonas Trueba, 2024)

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    Séduit par un film (mon premier Trueba) qui fait le pari de renouveler la représentation d'une situation convenue par sa mise en abyme, de broder sur les d'accord/pas d'accord inhérents à la vie de couple, de ressouder en séparant, de marier à l'envers et de laisser vivre des personnages tout en expliquant presque didactiquement comment on peut les filmer.

  • Love Lies Bleeding (Rose Glass, 2024)

    *
     
    Mince, je n'ai pas trouvé ça terrible du tout. Ni spécialement subversif, ni spécialement original. Toute la construction "policière" laisse vraiment à désirer et Kirsten Stewart joue la fragilité exactement comme d'habitude. En fait, le film m'a paru un peu couillon, à l'image de l'ensemble des personnages (qui, en plus, n'ont pas grand chose de sympathique). Ça m'a fait réévaluer à la hausse le Ethan Coen qui, dans le même genre, avait été beaucoup plus mal reçu.

  • Horizon, chapitre 1 (Kevin Costner, 2024)

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    Un geste d'une telle ampleur mérite non seulement le respect mais la vision sur grand écran. Le western, Costner sait y faire, et ne comptez pas sur lui pour moderniser bêtement, pour céder aux effets spéciaux ou pour rigoler de la violence. Ici, l'espace, le vrai, est embrassé en majesté. Les personnages et les lieux sont nombreux, les lignes sont parallèles, croisées ou brisées. Les sentiments n'empêchent pas les pertes douloureuses. La figure héroïque met une heure avant d'apparaître. Trois heures de classicisme cinématographique, dans l'immensité de la Frontière et aux racines problématiques de l'Amérique. Et déjà plusieurs scènes marquantes. A suivre, forcément.

  • The Bikeriders (Jeff Nichols, 2024)

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    Jeff Nichols veut réaliser son "Equipée sauvage", comme son personnage Johnny veut ressembler à Marlon Brando. Mais 10 ans ont passé et les années 70 approchent, bien plus sombres. Le romantisme du rebelle sans cause est mis en péril, la bande vire au gang, la petite délinquance au crime, le noyau dur est éclaté. Nichols filme sereinement et classiquement, à la fois la violence des comportements et les rapports plus subtils. Construit du point de vue de la femme-témoin, c'est du solide.

  • In Water (Hong Sang-soo, 2023)

    ***
     
    Je craignais un peu la mauvaise idée de dispositif, à tort car c'est, à mon sens (sans avoir tout vu), paradoxalement, l'un des HSS les mieux tenus et l'un des plus stimulants esthétiquement. Notamment parce que le flou est utilisé avec de nombreuses variantes, et pas pour la totalité des plans (de plus, ça dure à peine une heure, pas le temps de se lasser). Surtout, l'idée a priori saugrenue "fait sens" (comme le dit l'actrice à propos d'une autre chose, mais pas si éloignée ; le côté "méta" du film est d'ailleurs agréablement simple et direct). Et elle fait sens à plusieurs niveaux : la concentration sur les sons et les paroles, l'humour des détails que seuls les personnages distinguent, le flottement des intentions, la difficulté à accéder au monde extérieur, la séparation sociale des espaces (les touristes et la femme qui nettoie), l'évocation de fantômes, la disparition finale, etc.

  • Le Deuxième Acte (Quentin Dupieux, 2024)

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    Trouvé plaisant et assez drôle (tout ce qui tourne autour de l'IA notamment). En revanche, j'ai lu ici ou là "vertigineux", alors que ça ne l'est pas, en tout cas, pas sur un plan fiction/réalité qui concernerait les quatre vedettes, et le fait qu'ils portent des prénoms différents des leurs me semble suffisamment clair. Les "décrochages", je les ai vus seulement comme une conséquence du processus d'étagement cher à Dupieux. On reste dans sa fiction malgré les évocations directes des problématiques contemporaines (qui ne sont pas dépourvues d'une certaine facilité, même si elles peuvent être percutantes). Le vertige, ou le trouble, je l'ai plutôt éprouvé avec le coup du suicide par exemple, donc grâce au jeu habituel de Dupieux sur les niveaux de fiction, qui n'ont jamais beaucoup à voir avec la réalité.
  • Chers Camarades ! (Andreï Konchalovsky, 2020)

    **

    Récit d'une sanglante répression de manifestation ouvrière sous Khrouchtchev. Les efforts de reconstitution et de contextualisation commencent par donner des dialogues chargés d'explications et l'esthétique ligne claire choisie (noir et blanc net, format resserré) fait paraître les scènes de violence un peu datées. Cela a au moins le mérite de rendre la peur hiérarchique et la féroce compétition des services et des sections. A mi-chemin, le film gagne à creuser un cas particulier, sans revirement de conscience trop facile (malgré un dénouement trop heureux, bien que non dénué d'ironie). Ces derniers temps, malheureusement, Konchalovsky a semble-t-il, comme son frère, décidé de serrer plus que jamais Poutine dans ses bras...
  • Les Carnets de Siegfried (Terence Davies, 2022)

    ***

    Film qui "transperce le cœur" en retraçant la trajectoire accidentée du poète anglais Siegfried Sassoon, de la boucherie de 14-18 au crépuscule des années 60. Images d'archives guerrières, lumières de l'aristocratie, ombres du théâtre, envolées de la littérature, tout s'entremêle. Dans les plans, souvent longs, souvent fixes ou gracieusement circulaires, des fantômes semblent constamment naître du regard des personnages. "J'ai vécu parmi les morts" dit Siegfried, pensant sûrement aux hommes qui sont tombés autour de lui : camarades combattants ou amants passagers. A la réalisation, Terence Davies, décédé à 77 ans, juste après l'avoir terminé, au bout d'une singulière carrière dans le cinéma britannique.