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2020s - Page 3

  • Prima la vita (Francesca Comencini, 2024)

    ***

    Récit d'une relation père-fille intense et complexe en forme d'auto-biographie élevée en fiction par le brouillage des souvenirs, qui embellissent ou qui retranchent (parti-pris fort du film : toutes les autres figures familiales disparaissent du cadre pour se concentrer exclusivement sur les deux personnages). Ces deux personnes ne sont pas n'importe qui. Le père, c'est Luigi Comencini, l'un des maîtres de la comédie italienne et génial observateur de l'enfance ("L'Incompris", "Un enfant de Calabre" et la meilleure adaptation jamais réalisée de "Pinocchio" dont le tournage est fabuleusement reconstitué ici). Il a les beaux traits de Fabrizio Gifuni, qui fut Aldo Moro pour Marco Bellocchio. La fille, c'est Francesca Comencini, réalisatrice depuis les années 80, époque bien plus difficiles que les précédentes pour le cinéma italien. La petite Anna Mangiocavallo puis Romana Maggiora Vergano l'incarnent successivement avec la même étincelle dans le regard. Le film est un vibrant hommage au pouvoir du cinéma mais dans un second temps. Il ne s'agit pas d'un discours convenu sur la magie du 7ème art. La profession du père n'est d'ailleurs pas donnée tout de suite. Avant toute chose, c'est l'émouvante histoire d'un amour filial qui est présentée, avec quelques percées oniriques, dans une approche toujours sensible et dans une mise en scène parfois austère mais palpitante. Comme le dit le cinéaste sur son plateau : "Prima la vita, poi il cinema", "d'abord la vie, après le cinéma".
  • Black Dog (Guan Hu, 2024)

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    Belle fable canine, ce "Chien noir" chinois où l'idée d'une ville perdue et promise au nettoyage est remarquablement prolongée par la mise en scène horizontale, où, malgré la date précise (2008, les JO de Pékin), on pourrait être dans une ère post-apocalyptique, où le temps s'étire plus pour surprendre que pour engourdir, où la question de la violence est surtout abordée à travers les possibilités de désamorçage.

  • Le Panache (Jennifer Devoldere, 2024)

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    Avec ses références faciles à Cyrano de Bergerac, son affiche "feel good" et sa bande-annonce accumulant les clichés sur l'acceptation des différences grâce à l'éducation, j'étais sûr de la nullité du truc et de ne tenir que quelques minutes devant, juste pour en dire deux mots à des élèves venant le voir en projection scolaire. Tout faux. C'est tout à fait honnête. Les marqueurs sociétaux sont assez nombreux mais bien disséminés, de façon simple et naturelle. La mise en scène est sobre, sans esbroufe, mais pas sans fluidité ni dynamisme, même si les imperfections du réel sont un peu trop gommées (dans les ping-pong verbaux par exemple, montés trop courts). Sans dramatisation à outrance, l'émotion est présente là où il faut, même pas gâchée par la scène d'adieu au professeur, tout à fait attendue. C'est bien interprété, de José Garcia aux intervenants secondaires plus typés, en passant par le jeune Joachim Arseguel dans le rôle principal-relai du spectateur. Un bon moment finalement.

  • Juré N°2 (Clint Eastwood, 2024)

    **
     
    Le cœur du procès m'a paru remarquable : le plaisir d'une exposition des "faits" à travers l'incomplétude des points de vue cinématographiques et surtout les extraordinaires contre-champs sur le visage subtilement changeant de Nicholas Hoult. La partie délibération m'a moins passionné, plus contrainte dans la caractérisation nécessaire des différents jurés.

  • Anora (Sean Baker, 2024)

    **
     
    Je ne sais pas si c'est la manière de Sean Baker (pas vu les précédents) mais cette construction en larges blocs qui se répondent forcément ça me paraît quand même une "assurance pour les grands festivals", genre "plus c'est long, plus on donne la sensation d'un film important". Pourtant, After Hours/Scorsese ça tenait en à peine plus d'1h30, et Good Time/Safdie idem... Là il faut s'enquiller 30 ou 40 premières minutes épuisantes avant d'être surpris et accroché, et encore, certaines séquences fortes de la suite n'auraient peut être pas perdu à être raccourcies. J'aime en tout cas qu'après la présentation de personnages si difficiles à supporter, Baker finisse par leur donner leur chance, que, dans l'ambiance assez violente, il n'en condamne aucun au gros retour de bâton. J'aime bien aussi la façon dont il filme Youri Borissov toujours à côté ou derrière Mikey Madison (même si, comme l'ont relevé certains je crois, cela laisse deviner l'issue).