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  • Bougie

    Tiens, cela fait trois ans, cette semaine, que je m'échine sur ce blog, avec un rythme de plus en plus chaotique. Même une période de vacances ne m'a pas permis d'enchaîner les publications comme je l'aurai souhaité et le temps me manque cruellement pour lire et commenter les notes de mes voisins, y compris celles de mes liens "historiques" qui se reconnaîtront. Je parlerai tout de même en de prochaines occasions, d'un concert filmé dans un temple de la country, d'un classique du western toujours vaillant, d'un classique de la comédie française toujours médiocre, de jouets animés avec éclat et des mérites comparés de deux fameuses séances d'exorcisme. Il est même fort probable que soit publié avant la rentrée quelque chose qui ressemble à une deuxième partie du chantier collectif des Cahiers Positif(s). Nous verrons alors si ce blog peut retrouver son rythme de croisière...

  • POLICIER, adjectif.

    (Corneliu Porumboiu / Roumanie / 2009)

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    policieradj.jpg- ARGUMENT, nom. Résumé, trame narrative d'une œuvre lttéraire, théâtrale, cinématographique, chorégraphique ou lyrique.

    Pendant huit jours, Cristi, un jeune policier, surveille un lycéen soupçonné de revendre du haschich. Manquant de preuves et estimant que la loi roumaine est dépassée, il s'oppose à l'idée d'une arrestation en flagrant délit qui enverrait un simple consommateur en prison. Avec l'aide d'un dictionnaire, son supérieur s'appliquera à lui forcer la main.

    - ENNUI, nom. Lassitude, abattement provoqués par l'inaction et le désintérêt.

    Les plans s'étirent et se répètent, donnant à voir la filature réalisée par Cristi. La mise en scène se cale sur son rythme. La caméra l'accompagne dans sa marche, dans ses planques, caché derrière un pan de mur, un poteau, un grillage. La journée terminée, on le voit repasser à son bureau, préparer son compte-rendu, puis rentrer tardivement chez lui où sa femme a déjà mangé depuis longtemps. Pas de musique, pas d'effet visuel, les mouvements de caméra se limitent à de sobres panoramiques suivant les déplacements des protagonistes d'un coin de rue à un autre. Dès les premières secondes, Porumboiu nous prévient de ce que sera son film et au fil du temps, il semble user de quelques provocations, tel ce long plan séquence frontal sur Cristi prenant son repas. Le cinéaste prend le risque de l'ennui, du soupir, du fauteuil qui claque. Pourtant, nous restons accrochés et très vite, on sent que du "rien" peut naître "quelque chose".

    - BORNER, verbe. Délimiter à l'aide de bornes, marquer des limites.

    Ces plans séquences donnant l'illusion d'un "temps réel" ne peuvent cependant pas être qualifiés d'interminables. Ils ont tous un terme, et souvent, un terme annoncé. L'architecture de la ville conditionne la durée des panoramiques accompagnant le suspect suivi du policier. Entre collègues ou du supérieur au subordonné, on se donne des horaires impératifs ou l'on précise le temps qu'il faut attendre : Cristi, pressé, demande, grâce à son portable, à la secrétaire qu'il attend devant la porte fermée de son bureau si elle peut arriver dans "pas plus de cinq minutes" et nous savons que nous allons devoir patienter avec lui dans le couloir ce temps-là ; le patron veut prendre le temps de lire le rapport de Cristi avant de le laisser entrer et nous savons que nous allons devoir poireauter également. Les journées elles-mêmes sont encadrées et comme remises à plat par la relecture intégrale que Cristi nous fait de chaque compte-rendu.

    - CONNIVENCE, nom. Complicité, entente secrète.

    Devant ces situations, le rire nerveux devient vite rire de connivence. La séquence, que je viens juste d'évoquer, de "l'antichambre" du chef de la police, avec sa secrétaire de mauvaise humeur tapotant sur son clavier, ce collègue demandant des journaux qu'il a en fait déjà lu, et un Cristi impassible, provoque un rire étonnant, un rire de l'attente. Plus tôt, il y a un rire de la répétition, lorsque Cristi mange seul dans sa cuisine alors que sa femme, reléguée dans le hors-champ, écoute trois fois de suite une chanson à l'eau de rose sur son ordinateur. Notons bien que la séquence va beaucoup plus loin que ce simple plaisir humoristique et qu'elle se révèle primordiale. En effet, la femme de Cristi, une fois que ce dernier l'a rejointe, se lance dans une analyse destinée à démontrer que les paroles de cette chanson ne sont pas si idiotes que cela. Non seulement le personnage est ainsi éclairé d'une façon inattendue et le dénouement du film, basé sur la sémantique, est annoncé, mais l'idée de l'anodin dégageant finalement un signification est formulée.

    - POLICIER, adjectif. Film, roman policier, dont l'intrigue repose sur une enquête menée à l'occasion d'un crime ou d'un délit.

    Certains plans nous font partager exactement le regard que porte Cristi sur le suspect et son environnement. Mais contrairement à ce qu'il se passe chez Haneke par exemple, il n'y a rien à débusquer, il n'y a que du réel, du temps. Et cela Cristi le sait, lui qui s'efforce, devant son supérieur, d'orienter l'enquête vers d'autres pistes. Pas de mystère à élucider, pas de suspense policier dans cette affaire et donc dans ce film qui se dirige plutôt vers un questionnement sur la morale, la loi et la conscience, abordé de magistrale façon dans un incroyable dénouement qui nous renverse en deux plans séquences fixes successifs cadrant trois personnes devisant dans un bureau. L'absence d'enjeux importants du point de vue narratif fait que le cheminement aboutissant à cette réflexion ne semble jamais surligné et si le récit ne s'est pas transformé en machinerie policière, Porumboiu est parvenu, à partir d'une série de séquences anodines à créer un objet cinématographique assez fascinant. On peut filmer "du vide", il suffit en fait que l'on sente une direction, un but, une idée, que l'image nous fasse une promesse...

    - CONFIRMATION, nom. Acte, fait, élément qui vient confirmer une opinion, un sentiment, une théorie, un état, etc.

    Venant après 12h08 à l'est de Bucarest, POLICIER, adjectif. (Politist, adjectiv) est le deuxième long métrage de Corneliu Porumboiu, cinéaste roumain de 34 ans.

  • Cahiers du Cinéma vs Positif (1986)

    Suite du flashback.

     

    cdc387.jpgPOS300.JPG1986 : Année française. La production nationale s'avérant exceptionnelle, les pages principales des revues accueillent des textes et des entretiens portant d'un côté sur Inspecteur Lavardin (Chabrol), Tenue de soirée (Blier), Maine Océan (Rozier), Gardien de nuit (Limosin), Désordre (Assayas), Mauvais sang (Carax), de l'autre sur L'effrontée (Miller), L'amant magnifique (Issermann), Le Paltoquet (Deville), Autour de minuit (Tavernier), Quatre aventures de Reinette et Mirabelle (Rohmer) et, conjointement, sur Thérèse (Cavalier), Mélo (Resnais), Le rayon vert (Rohmer), Double messieurs (Stévenin), La puritaine (Doillon).
    En dehors du cinéma français, d'autres points de rencontre importants sont à noter : autour de Ginger et Fred (Fellini), du Bateau-phare (Skolimowski), de La légende de la forteresse de Souram (Paradjanov) et surtout du Sacrifice de Tarkovski qui bénéficie dans les deux revues de copieux ensembles de textes.
    Les Cahiers rendent hommage à Roger Leenhardt et à Coluche, publient des entretiens avec  Manoel de Oliveira (Le soulier de satin), Jim Jarmusch (Down by law), Gilles Deleuze, Michel Piccoli et Gérard Depardieu, s'interrogent sur l'avenir du cinéma américain et sur la façon de filmer le football.
    Positif présente Mitsuo Yanagimachi (Les feux d'Himatsuri), Fredi M. Murer (L'âme sœur), Axel Corti (Welcome in Vienna) et Alexei Guerman, tout en restant fidèle à Huston (L'honneur des Prizzi), Altman (Secret honor), Reisz (Sweet dreams), Pollack (Out of Africa) et Monicelli (Pourvu que ce soit une fille). Enfin, la revue commence en ce temps-là à concocter un dossier pour quasiment chaque numéro. En cette année 86, ils portent sur les "primitifs" (de Lumière à Linder), sur les acteurs français, sur Mario Camerini, sur Peter Greenaway, sur le cinéma espagnol, sur le cinéma et la BD, sur Jean Negulesco, sur Ritwik Gathak et sur les cinémas soviétiques.

     

    Janvier : Le soulier de satin (Manoel de Oliveira, Cahiers du Cinéma n°379) /vs/ Fool for love (Robert Altman, Positif n°299)

    Février : Ginger et Fred (Federico Fellini, C380) /vs/ Mélo (Alain Resnais, P300)

    Mars : Contes cruels de la jeunesse (Nagisa Oshima, C381) /vs/ Sweet dreams (Karel Reisz, P301)

    Avril : Tenue de soirée (Bertrand Blier, C382) /vs/ Z.O.O. (Peter Greenaway, P302)

    Mai : Le lieu du crime (André Téchiné, C383-384) /vs/ After hours (Martin Scorsese, P303)

    Juin : Le sacrifice (Andreï Tarkovski, C385) /vs/ Le sacrifice (Andreï Tarkovski, P304)

    Eté : Coluche (C386) /vs/ Illusions perdues (Ernst Lubitsch, P305-306)

    Septembre : Thérèse (Alain Cavalier, C387) /vs/ Autour de minuit (Bertrand Tavernier, P307)

    Octobre : Top gun (Tony Scott, C388) /vs/ Double messieurs (Jean-François Stévenin, P308)

    Novembre : Mauvais sang (Leos Carax, C389) /vs/ Quatre aventures de Reinette et Mirabelle (Eric Rohmer, P309)

    Décembre : Le sixième jour (Youssef Chahine, C390) /vs/ Brigadoon (Vincente Minnelli, P310)

     

    cdc389.jpgPOS309.JPGQuitte à choisir : Du côté des Cahiers, quelques lacunes personnelles m'empêchent de juger le Téchiné, le Oliveira et le Chahine (cependant, je ne connais pas mieux Fool for love, ni Sweet dreams) mais, sans même évoquer ma passion plutôt mesurée pour ce Fellini et cet Oshima-là, les deux couvertures accrocheuses de juillet et d'octobre (entre Thérèse et Mauvais sang !) me laissent sceptique.  En face, rien ne me semble déplacé. Allez, pour 1986 : Avantage Positif.

     

    A suivre...

    Sources : Calindex & Cahiers du Cinéma

  • L'illusionniste

    (Sylvain Chomet / France - Grande-Bretagne / 2010)

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    lillusionniste.jpgSi le film ne décante pas si mal dans mon esprit depuis quelques jours, j'avoue qu'à regret je suis resté un peu extérieur au spectacle de L'illusionniste. N'en ayant vu aucun extrait et m'étant gardé de lire la moindre critique avant d'entrer dans la salle, je fus d'abord surpris, déconcerté, de voir que Sylvain Chomet tentait de façon si littérale de faire revivre le cinéma de Jacques Tati... et l'acteur lui-même. Son Tatischeff dessiné a exactement les mêmes postures, la même raideur, le même rythme de marche saccadé, la même retenue verbale, la même politesse excessive que les personnages créés par l'auteur de Playtime. Il m'a en fait fallu un temps certain avant de faire abstraction de ce fait, comme parfois on peut se voir gêner pendant les premières minutes d'un biopic consacré à une personnalité que l'on connaît. Cette idée du mimétisme, de la performance, resurgit d'ailleurs à la fin du métrage, au moment du générique se déroulant sur fond d'une chanson dont chaque couplet est chanté "à la manière de" (tous les grands sont imités, de Brel à Brassens, en passant par Piaf, Trenet, Gainsbourg etc...). Cela peut relever de l'anecdote mais ce choix me semble assez symptomatique de la démarche de Chomet, qui n'aboutit pas selon moi à un résultat totalement convaincant.

    Je ne sais pas si le film est un succès en salles mais celle dans laquelle j'ai assisté à sa projection ne m'a pas semblé transportée outre mesure. Le cinéma de Sylvain Chomet a un tempo particulier qui peut désarçonner facilement le spectateur. Il aime prendre son temps dans la scène, l'étirer, jouer de la répétition (on se rappelle du début des Triplettes de Belleville). De ce point de vue, déjà, la rencontre avec Tati n'est pas dénuée de sens. Seulement, le scénario de L'illusionniste, avec sa trame chaplinienne, n'est pas d'une originalité folle et, une fois passé par le prisme du "style Chomet", distille parfois un ennui discret. C'est aussi que cette histoire de magicien voyant les temps changer dégage plus de tristesse que de drôlerie, la galerie de comparses artistes (clown suicidaire, acrobates réduits à travailler dans la publicité) tirant régulièrement l'ambiance vers le dépressif. Pour ne pas sombrer, il reste les plaisirs simples, suite à la rencontre du vieux magicien et de la petite bonne, d'une relation nouvelle, rafraîchissante, et qui en annonce peut-être, au final, une autre. Entre ces deux teintes, dépression et réconfort, il ne reste plus de place pour le grotesque inquiétant qui irriguait La vieille dame et les pigeons (1998), sinon dans les quelques séquences décrivant les allées et venues des pensionnaires dans le hall de cette maison d'artistes sur le retour.

    Ces réserves faites, il serait difficile de passer sous silence les qualités dont fait preuve L'illusionniste, la cohérence du projet n'étant pas la moindre. Ainsi, la brève rencontre fortuite de Tatischeff, entrant accidentellement dans une salle de cinéma, et de Monsieur Hulot (Mon Oncle sur l'écran), si elle ne produit pas un effet totalement renversant, est d'une logique imparable. Le magicien se retrouve face à son double comme Tati pouvait, dans ses derniers films, multiplier dans le plan les "faux" Hulot. Mais là où Chomet est à son meilleur, c'est dans l'animation. Par les couleurs et la lumière, il fait vivre remarquablement son cadre écossais. Surtout, il a le grand talent de savoir animer subtilement les fonds, les bords et les coins, y créant de petits mouvements qui attirent l'œil. Non pour distraire mais pour faire participer au mouvement général du plan, pour créer un cheminement du regard. Tati faisait la même chose, de manière certes plus complexe, avec ses gags visuels parfois imperceptibles. Finalement, si le pari de Chomet peut être considéré comme gagné, c'est que L'illusionniste parvient à prendre une place dans l'œuvre de Jacques Tati. Certes pas la plus essentielle, mais disons comparable à celle de ces appendices que sont Parade ou Forza Bastia.

  • C'était mieux avant... (Été 1985)

    Comme promis, après la version espagnole, vient la VF.

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    Juin n'est déjà qu'un lointain souvenir. Abordons donc les rivages cinématographiques qui s'offraient à nous en Juillet-Août 1985 :

    Une fois que le tri est fait, afin de garder le meilleur pour la fin, nous nous retrouvons devant une vague estivale de sous-produits qui commence par donner à ce panorama l'apparence d'un morne catalogue de médiocrités. Anciennes réalisations de metteurs en scène ayant entre-temps rencontré le succès, productions plagiant sans vergogne des réussites antérieures, suites à l'utilité contestable, films de série dont on se débarasse en attendant la rentrée... en cette période, rien n'est épargné au spectateur.

    lamourpropre.jpgQu'il vienne de France, d'Angleterre ou des Etats-Unis, le genre comique n'offre a priori rien de remarquable, à en juger par cette série de titres : Le facteur de Saint-Tropez (de Richard Balducci, avec Paul Préboist), L'amour propre (premier film de Martin Veyron), Les débiles de l'espace (de Mike Hodges), Les zéros de conduite (de Neal Israel), Police Academy 2 : Au boulot ! (de Jerry Paris), Porky's contre-attaque (de James Komack), Une défense canon (de Willard Huyck avec Dudley Moore et Eddie Murphy). On suppose tout de même moins insignifiants Comment claquer un million de dollars par jour de Walter Hill (avec Richard Pryor) et les deux premiers longs métrages d'un Robert Zemeckis profitant du récent succès public de son A la poursuite du diamant vert (Crazy day, 1978, chronique autour de la Beatlemania en 64 aux USA et La grosse magouille, 1980, satire de l'Amérique profonde avec Kurt Russell).

    Dans le film d'action, l'heure est au cassage de gueule des Jaunes (Nom de code : Oies sauvages, italo-ouest-allemand d'Antonio Margheriti, avec Lee Van Cleef, Klaus Kinski et Ernest Borgnine ; Gymkata, de Robert Clouse, dans lequel un brave Américain gagne une chasse à l'homme organisée dans un petit royaume d'Asie) et à la dénonciation des Rouges (Goulag de Roger Young, dont le héros est un journaliste sportif, encore une fois américain, qui s'évade d'un camp soviétique). Avec Amazonia, la jungle blanche, l'Italien Ruggero Deodato, réalisateur de Cannibal Holocaust, nous éclaire (?) sur le trafic de drogue en Amazonie, avec La cavale impossible, Stephen Gyllenhaal invente la virée entre femmes bien avant Thelma et Louise, avec Marathon killer, Robert L. Rosen filme un énième survival, avec Même les anges tirent à droite, E.B. Clucher donne une suite (datée de 1974) aux Anges mangent aussi des fayots, avec Prison de femmes en furie, Michele Massimo Tarantini propose une nouvelle variation dans le sous genre... prison de femmes.

    legend.jpgAu rayon SF et horreur, nous ne sommes pas mieux lotis avec 2072, les mercenaires du futur (de Lucio Fulci), Diesel (de Robert Kramer, dans lequel Gérard Klein, Agnès Soral, Richard Bohringer et Niels Arestrup jouent à Mad Max), Horror (de Philippe Mora, avec Christopher Lee), Les frénétiques (de David Winters, crimes au Festival de Cannes, vus sous l'angle parodique, dix ans avant Les Nuls) et Vendredi 13 – Chapitre 5 (de Danny Steinmann, où l'on se rend compte que le "chapitre final" sorti quelques mois auparavant n'était donc pas le dernier...). Dans ce désert, ne semblent exister que quatre oasis éventuelles. Dreamscape, de Joseph Ruben, montre un homme, Dennis Quaid, qui se bat dans les rêves des autres. Runaway, l'évadé du futur, de Michael Crichton, conte le combat mené par Tom Selleck contre les robots. De son côté, Ridley Scott, sortant d'Alien et de Blade runner, proposait sa fable médiévalisante et merveilleuse Legend. Derrière le travail visuel époustouflant, perce-t-il quelque chose de consistant ? A vrai dire, ma mémoire me trahit... Enfin, Starman, avec sa trame ET-esque de la créature venue d'ailleurs, ne semble pas vraiment être considéré comme un John Carpenter majeur mais mérite sans doute le détour.

    En cet été 85, les polars de série, eux aussi, étaient légion, la plupart du temps ressassant le thème de la vengeance personnelle. Alain Delon était de retour en ex-policier devenu justicier (Parole de flic de José Pinheiro), après les promesses de Tir groupé, Jean-Claude Missiaen continuait de décevoir avec son nouveau polar banlieusard La baston, Michel Gérard se mettait au cinéma "sérieux" en réalisant Blessure, film noir situé dans le milieu du rock et interprété et co-écrit par Florent Pagny (!), tandis que Michel Vianney signait Spécial police. Habitués du genre, Chuck Norris et Burt Reynolds occupaient toujours l'espace, avec, respectivement, Sale temps pour un flic d'Andy Davis et Stick, le justicier de Miami de Reynolds lui-même. Mentionnons également Un été pourri de Phillip Borsos, polar journalistique avec Kurt Russell. En ce qui concerne le film de kung fu, on note, en plus des productions courantes (Les enragés du kung fu et La rage bouddhiste du kung fu de Godfrey Ho, Shaolin contre Mandchou de Marlon Lee, Shaolin, temple de la tradition de Kwok Siu Ho), quelques hybridations trans-continentales entre l'Asie et l'Amérique (Le dernier dragon de Michael Schultz, Le retour du Chinois de James Glickenhaus, avec Jackie Chan qui s'associe à Danny Aiello et va de NY à HK).

    rougemidi.jpgDans des démarches plus auteuristes, les propositions de Dominique Crevecœur (le film-rêve Contes clandestins), de Lazlo Szabo (le décousu David, Thomas et les autres, production franco-hongroise avec Trintignant, Rochefort et Cottençon) et de Joy Fleury (Tristesse et beauté, d'après Yasunari Kawabata, avec Charlotte Rampling et Andrzej Zulawski) n'ont guère fait date, mais Pierre Jolivet séduisait avec son premier film, Strictement personnel, polar rêveur avec Pierre Arditti, Alain Tanner poursuivait son singulier parcours avec No man's land (quelques personnages, de part et d'autre de la frontière franco-suisse, exposent leur désir de vivre une autre vie) et Robert Guédiguian faisait déjà preuve d'une belle ambition en contant 50 ans de la vie d'un quartier marseillais dans Rouge midi (avec, bien sûr, Gérard Meylan et Ariane Ascaride). Toutefois, le projet le plus intrigant est à chercher du côté des Etats-Unis : dans Strangers kiss, Matthew Chapman imagine ce qui aurait pu se passer lors du tournage du Baiser du tueur (Killer's kiss, 1955), le deuxième long métrage de Stanley Kubrick, les interprètes vivant dans la réalité, peu ou prou, les mêmes (més)aventures que dans la fiction.

    stopmakingsense.jpgPour beaucoup, l'événement de l'été fut la sortie de Pale rider de Clint Eastwood. Ce western à la fois classique et détaché, mythique et réaliste, j'avoue l'avoir apprécié à chaque vision mais jamais "totalement". Le caractère non-chronologique de ma découverte de l'œuvre eastwoodienne y est sans doute pour quelque chose mais j'ai toujours préféré à ce titre Josey Wales ou Impitoyable. Le véritable film-phare de juillet-août 85 serait alors le Sang pour sang de Joel Coen (à peine mentionnait-on à l'époque le prénom de son frère-scénariste Ethan). Le jugement me paraît cependant légèrement biaisé : l'amour que l'on peut lui porter dépendant à mon sens beaucoup plus de ce que l'on connaît de la suite que de la réalité du film lui-même, habile exercice de style annonçant des vertiges plus prononcés. Pour moi, donc, le chef-d'œuvre est ailleurs. Dans la case "Documentaire". Il ne s'agit certes pas de Carné, l'homme à la caméra, hommage plan-plan au réalisateur du Jour se lève par Christian-Jacque, ni de Pumping Iron 2, l'enquête de George Butler sur le culturisme féminin, mais de Stop making sense, indépassable sommet du film-concert. Derrière la caméra : Jonathan Demme (dont le premier film, Cinq femmes à abattre, série B cormanienne de 1974 sortait au même moment). Devant : David Byrne et ses Talking Heads. Scénographie, son, lumières, montage : tout concourt à faire de cette prestation, donnée spécialement pour le film et gardant pourtant la fraîcheur et l'intensité d'un live "classique", le modèle du genre. Le génie du groupe et l'amour du réalisateur pour la musique achèvent de rendre le résultat miraculeux.

    Terminons notre survol de façon plus anecdotique en remarquant qu'à côté des (soft) Nuits chaudes de Cléopâtre (de Cesar Todd) et parmi les films X distribués alors mais dont nous rechignons à égrenner les titres, se retrouvent pas moins de six réalisations de José Benazeraf (Olinka, grande prêtresse de l'amour, Le yacht des partouzes, Perverse Isabelle, Orgies révolutionnaires, Le cul des mille plaisirs et Lady Winter, perversités à l'Anglaise).

    jeunecinema168.jpgDans les kiosques, hormis Positif (293-294) et La Revue du Cinéma (407) qui mettent le même film en couverture (La forêt d'émeraude de John Boorman, sorti en juin), les revues et magazines font preuve de diversité. Le choix se porte sur le Nostalghia d'Andreï Tarkovski (sorti en mai) pour Cinéma 85 (319-320), sur Les enfants de Marguerite Duras (sorti en mai) pour les Cahiers du Cinéma (374), sur l'Adieu Bonaparte de Youssef Chahine (sorti en mai) pour Jeune Cinéma (168), sur Starman pour L'Ecran Fantastique (58). Du côté de Cinématographe (112), on propose un dossier sur le cinéma beur (avec Abdellatif Kechiche, alors acteur, en couverture) et à Premiere, on fête le centième numéro.

    Voilà pour l'été 1985. La suite à la rentrée...

  • Méprise

    meprise1.jpg

    De la même manière que, comme vous le savez depuis la semaine dernière au moins, il ne faut surtout pas confondre Shortbus et Short cuts, il convient de ne pas prendre L'Italien pour L'Anglais...

    ... ni d'ailleurs RRRrrrr!!! pour Hair, Le tronc pour T.R.O.N., Safari pour Hatari !, Madame Irma pour Irma la douce, Coco pour Koko, Fatal pour Fatale, La Tour Montparnasse infernale pour La poursuite infernale, La maison du bonheur pour La mélodie du bonheur, Cash pour Crash, Palais royal pour Mariage royal, Le clone pour Les clowns, L'âme sœur pour L'âme sœur, Monsieur N. pour Madame de...

    rrrrrrrr.jpghair.jpgletronc.jpgTRON.jpgsafari.jpghatari.jpgmadameirma.jpgirmaladouce.jpgcoco.jpgkoko.jpgfatal.jpgfatale.jpglatourmontparnasse.jpglapoursuiteinfernale.jpglamaisondubonheur.jpglamelodiedubonheur.jpgcash.jpgcrash.jpgpalais royal.jpgmariageroyal.jpgleclone.jpglesclowns.jpglamesoeurB.jpglamesoeurM.jpgMonsieurN.jpgmadamede.jpg

     

  • Era mejor antes de... (Verano de 1985)

    espana.jpgEn hommage à la Roja, championne du monde 2010, je commence par publier ma note mensuelle en espagnol.

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    Junio ya es sólo una memoria lejana. Abordemos pues las orillas cinematográficas que se nos ofrecían en julio-agosto de 1985:

    En cuanto la selección es hecha, con el fin de guardar la mejor para el fin, nos encontramos delante de una ola estival de subproductos que comienza por dar a este panorama la apariencia de triste catálogo de mediocridades. Al haber encontrado entre tanto antiguas realizaciones de escenógrafos el éxito, las producciones que plagian sin vergüenza éxitos anteriores, séquitos a la utilidad discutible, las películas de serie de las que se débarasse esperando la reapertura en este período, nada es ahorrado al espectador.

    lamourpropre.jpgQué venga de Francia, de Inglaterra o de los Estados Unidos, el género cómico no ofrece a priori nada notable, a juzgar por esta serie de títulos : El factor de Saint-Tropez (de Richard Balducci, con Paul Préboist), El amor limpio (la primera película de Martin Veyron), Los endebles del espacio (de Mike Hodges), Los ceros de conducto (de Neal Israel), Policía Academy 2: manos a la obra (de Jerry Paris), De Porky contraataca (de James Komack), Una defensa canon (de Willard Huyck con Dudley Moore y Eddie Murphy). Suponemos sin embargo menos insignificantes Cómo abofetear un millón de dólares al día de Walter Hill (con Richard Pryor) y los dos primeros largometrajes de Robert Zemeckis que saca provecho del éxito reciente y público de sonido A la persecución del diamante verde (Crazy day, 1978, crónico alrededor de Beatlemania en 64 a USA y El chanchullo grueso, 1980, sátira de América profunda con Kurt Russell).

    En la película de acción, la hora está en el cassage de boca de los Colores amarillo (Nombre de código: Gansos salvajes, italo-alemán del Oeste de Antonio Margheriti, con Lee Van Cleef, Klaus Kinski y Ernesto Borgnine; Gymkata, de Robert Clouse, en el cual un estadounidense bueno gana una persecución organizada en un pequeño reino de Asia) y a la denuncia de los Rojos (Gulag de Roger Young, que el héroe es un periodista deportivo, una vez más americano, que se evade de un campo soviético). Con Amazonia, la selva blanca, italiano Ruggero Deodato, el realizador de Cannibal Holocaust, nos alumbra (?) sobre el tráfico de droga en Amazonia, con La fuga imposible, Stephen Gyllenhaal inventa la vuelta entre mujeres bien antes de Thelma y Luisa, con Maratón killer, Robert L. Rosen propone un enésimo survival, hasta con Los ángeles tiran a la derecha, E.B. Clucher les da una continuación (fechada de 1974) a Los Ángeles comen también a pelotas, con Prisión de mujeres en furia, Michele Massimo Tarantini propone una nueva variación en él bajo género prisión de mujeres.

    legend.jpgAl rayo SF y el horror, no somos loteados mejor con 2072, los mercenarios del futuro (de Lucio Fulci), Diesel (de Robert Kramer, en el cual Gérard Klein, Agnès Soral, Richard Bohringer y Niels Arestrup juegan a Mad Max), Horror (de Philippe Mora, con Christopher Lee), Los frenéticos (de David Winters, crímenes al Festival de Cannes, vistos bajo el ángulo paródico, diez años antes de Los Nulos) y el Viernes, 13 - Capítulo 5 (de Danny Steinmann, donde se da cuenta que el " capítulo final " sacado algunos meses antes no era pues el último). En este desierto, parecen existir sólo cuatro oasises eventuales. Dreamscape, de José Ruben, muestra a un hombre, Dennis Quaid, que se pelea en los sueños de otros. Runaway, el evadido del futuro, de Michael Crichton, cuenta el combate llevado por Territorio de ultramar Selleck contra los robots. Por su parte, Ridley Scott, saliente de Alien y de Blade runner, proponía su fábula médiévalisante y maravillosa Legend. ¿ Detrás del trabajo visual pasmoso, perfora algo consistente? A decir verdad, mi memoria me traiciona... Por fin, Starman, con su trama ET-esque de la criatura venida por otra parte, no parece verdaderamente estar considerado como Juan Carpenter superior sino merece sin duda el rodeo.

    En este verano de 85, las novelas de serie también, eran legión, la mayoría de las veces volviendo a cerner el tema de la venganza personal. Alain Delon estaba de vuelta en expolicía vuelto justiciero (Palabra de poli de José Pinheiro), después del prommesses de Tiro agrupado, Jean-Claude Missiaen continuaba decepcionando con su nueva novela a habitante de las afueras El baston, Michel Gérard se ponía en el cine "seriedad" realizando Herida, película negra situada en el medio del rock e interpretada y coescribir por Florencio Pagny (!) Mientras que Michel Vianney firmaba Especial policía. Acostumbrado por el género, Chuck Norris y Burt Reynolds ocupaban siempre el espacio, con, respectivamente, Tiempo de perros para un poli de Andy Davis y Bastón, el justiciero de Míami de Reynolds mismo. También mencionemos Un verano podrido de Phillip Borsos, novela periodística con Kurt Russell. En cuanto a la película de kung fu, anotamos, además de las producciones corrientes (Los fanáticos del kung fu y La rabia budista del kung fu de Godfrey Ho, Shaolin contra manchuriano de Marlon Lee, Shaolin, templo de la tradición de Kwok Siu Ho), algunas hibridaciones transcontinentales entre Asia y América (El último dragón de Michael Schultz, La vuelta de Chino de James Glickenhaus, con Jackie Chan que se asocia con Danny Aiello y va de NY a HK).

    rougemidi.jpgEn pasos más auteuristes, las propuestas de Dominique Crevecœur (la película-sueño Cuentos clandestinos), de Lazlo Szabo (deshilvanado David, Thomás y otros, producción franco-húngara con Trintignant, Rochefort y Cottençon) y de Joy Fleury (Tristeza y belleza, según Yasunari Kawabata, con Carlota Rampling y Andrzej Zulawski) apenas hicieron época, sino Pierre Jolivet seducía con su primera película, Estrictamente personal, novela soñadora con Pierre Arditti, Alain Tanner perseguía su trayecto singular con No man's land (algunos personajes, de una y otra parte de la frontera franco-suiza, exponen su deseo de vivir otra vida) y Robert Guédiguian ya daba prueba de una bella ambición, contando 50 años de la vida de un barrio marsellés en Mediodía Rojo (con, por supuesto, Gérard Meylan y Ariane Ascaride). No obstante, el proyecto más intrigante tiene que buscar del lado de los Estados Unidos: en Strangers kiss, Matthew Chapman imagina lo que habría podido pasar en el momento del rodaje del Beso del asesino (Killer's kiss, 1955), el segundo largometraje de Stanley Kubrick, los intérpretes que vivirían en la realidad, poco o mucho, a los mismos arriesgas que en la ficción.

    stopmakingsense.jpgPara muchos, el acontecimiento del verano fue la salida de Pala arrugar de Clint Eastwood. Este western a la vez clásico y suelto, mítico y realista, reconozco haberlo apreciado a cada visión pero "jamás "totalmente". El carácter no cronológico de mi descubrimiento de la obra eastwoodienne está allí sin duda para algo pero siempre preferí a este título(acción) Josey Wales o Despiadado. La película-faro verdadera de julio-agosto de 85 sería entonces la Sangre para sangre de Joel Coen (apenas como mencionábamos en la época el nombre de su hermano-guionista Ethan). El juicio ligeramente me parece sin embargo torcido: el amor que se le puede llevarle dependiendo a mi juicio muchos más de lo que conoce de la continuación que de la realidad de la película misma, ejercicio hábil de estilo que anuncia vértigos más pronunciados. Para mí, pues, la obra maestra está en otro lugar. En el compartimiento "Documental". No se trata por cierto de Carné, el hombre a la cámara, homenaje plano-plano al realizador de Día se levanta por Christian-Jacque, ni de Pumping Iron 2, la encuesta de Jorge Butler sobre el culturismo femenino, pero de Stop making sense, infranqueable cumbre de la película-concierto. Detrás de la cámara: Jonathan Demme (el que la primera película, Cinco mujeres que hay que matar, dispone en serie B cormanienne de 1974 salía en el mismo momento). Delantera: David Byrne y su Talking Heads. Escenografía, sonido, luces, montaje: Todo concurre a hacer esta prestación, dada especialmente para la película y que guarda sin embargo toda la frescura y la intensidad de un live "clásico", el modelo del género. El genio del grupo y el amor del realizador para la música terminan de devolver el resultado milagroso.

    Acabemos nuestro sobrevuelo de modo más anecdótico observando que al lado de El noches calientes de Cléopâtre (de Cesar Todd) y entre las películas X distribuidos entonces pero que rechazamos égrenner los títulos se encuentran no menos de seis realizaciones de José Benazeraf (Olinka, grande prêtresse del amor, El yate del partouzes, Perversa Isabelle, Orgías revolucionarias, El culo de los mil placeres y Lady Winter, perversidades al Inglés).

    jeunecinema168.jpgEn los quioscos, excepto Positivo (293-294) y La Revista del Cine (407) que ponen la misma película en cobertura (El bosque de esmeralda de Juan Boorman, salido en junio), las revistas dan prueba de diversidad. La elección se llevará pues a Nostalghia d' Andreï Tarkovski (sacado en mayo) para Cine 85 (319-320), sobre Los niños de Margarita Duras (salido en mayo) para los Cuadernos del Cine (374), sobre el tercer postigo de Mad Max (a venir en septiembre) para Starfix (28), sobre el Adiós Bonaparte de Youssef Chahine (sacado en mayo) para Joven Cine (168), sobre Starman para La Pantalla Fantástica (58). Del lado de Cinematógrafo (112), proponemos un expediente sobre el cine beur (con Abdellatif Kechiche, entonces actor, en cobertura) y en Premiere, celebramos el centésimo número.

    He aquí para el verano de 1985. La continuación a la reapertura...

  • Shortbus

    (John Cameron Mitchell / Etats-Unis / 2006)

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    shortbus.jpgContre toute attente, le seul intérêt véritable de Shortbus est musical, la série de pop songs que l'on y entend étant tout à fait agréable (de Yo La Tengo à Animal Collective).

    Il y en aurait bien un autre, que n'ont bien sûr pas manqué de mettre en avant la majorité des critiques au moment de sa sortie en salles en 2006 (jusqu'à en faire, tout à fait abusivement, un hymne à l'hédonisme) : voici une œuvre sexplicite, dans laquelle la chose est filmée frontalement et joyeusement. Avec humour même. Enfin, je dois avouer que voir une giclée de sperme atterrir inopinément sur un tableau abstrait ou un sex toy télécommandé rendre incontrôlable une jeune femme jusqu'à lui faire donner à chaque impulsion des coups de boule à ses interlocuteurs ne m'a pas plongé dans une hilarité délirante. D'ailleurs, si la représentation que propose John Cameron Mitchell est délestée de l'animalité morne ou de l’établissement de rapport de force, voire de la violence, accompagnant souvent ce genre d'expérience des limites, elle ne se développe pas moins sur un fond de mal-être général. Les spécimens new-yorkais qui défilent devant la caméra (blancs, noirs, asiat’, homos, héteros, jeunes, vieux, dominateurs, dominés) ont tous leur blocage, leur blessure secrète, leur névrose, et la construction du récit les pousse à les exposer un par un devant un tiers, dans une succession d'aveux ennuyeux au possible.

    Surtout, le scénario, concocté en collaboration avec chaque comédien engagé, n'a ni queue ni tête (si l’on peut dire…), Mitchell s'efforçant de raccorder chaque histoire individuelle en faisant se croiser les personnages, la plupart du temps n'importe comment, donnant ainsi l'impression de bâtir un Magnolia du pauvre. Ce lieu singulier, ce club où se retrouvent tous ces naufragés du cul pour partouzer dans une ambiance bon enfant et au son d’un orchestre pop, ce "Shortbus" donc, aurait pourtant pu suffire à tisser les liens nécessaires. La dimension utopique, quasi-fantastique, de ce refuge aurait également gagné à être poussée plus avant. Le spectacle érotique manque sans doute de rituel et la réalité du monde extérieur encombre encore trop le lieu. Les mêmes histoires s’y prolongent et la mise en scène ne change pas lors du passage des appartements au club, toujours aussi mal fichue. Changements de supports (pellicule ou vidéo), décadrages intempestifs, faux raccords volontaires, coupes dans les phrases… John Cameron Mitchell s’offre une resucée du Dogme danois, avec dix ans de retard.

    Mais le pire est pour la fin, avec ces dernières séquences de fête unanimiste, d’une niaiserie effarante. Où l’on réalise tout d’un coup qu’un film démarrant par le montage parallèle d’une auto-fellation, d’une séance SM et d’une baise acrobatique peut se terminer comme une gentille œuvrette de Christophe Barratier... Pas très excitant tout ça…