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Film - Page 7

  • The Intruder (Roger Corman, 1962)

    **
     
    Malgré la facilité de Corman à s'exprimer par l'image, la force du message a tendance à rigidifier un peu le film. Il est en tout cas délivré de façon très directe, sans détour, mais pas sans intelligence. Tout d'abord parce que le point de vue dominant est, audacieusement, celui du (des) salaud(s), ensuite parce que ce qui peut apparaître légèrement forcé dans le scénario (la coucherie avec la voisine par exemple) sert plus tard à enrichir la trame et les personnages, enfin parce que s'opèrent d'étonnants retournements (le premier citoyen à s'opposer est assez vite stoppé, la relève, décisive au final, est assurée par quelqu'un qu'on n'attend pas). La longue séquence du discours de William Shatner face à la foule (prôner la "vérité" contre les "mensonges" pour attiser la haine) fait, par-delà les décennies, toujours froid dans le dos.

  • La Clepsydre (Wojciech Has, 1973)

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    Rares sont les films à larguer autant les amarres, dès les premiers instants. Aucun point d'ancrage sinon quelques éléments dépendant de l'interprétation globale que l'on peut donner au fur et à mesure à cette histoire. La plus "simple" est celle d'un voyage du héros, que l'on ne quitte pas d'une semelle, au pays des morts, voyage devenant surtout un voyage dans le temps (le temps semblant "jouer" avec l'espace). C'est morbide et très obscur (envolées poétiques, références aux Empires et à la culture juive), virtuose dans les longs mouvements de caméra et surtout très impressionnant dans la création de décors baroques jamais vus. De W. Has, il faudrait que je revoie Le Manuscrit trouvé à Saragosse, beau mais trop vague souvenir, pour comparer.

  • Dracula (Francis Ford Coppola, 1992)

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    Des moments plutôt qu'une continuité. Au moins Coppola, par rapport à Eggers qui a aussi voulu sa réactualisation spectaculaire, a-t-il pris des paris à chaque plan, qu'ils s'avèrent payants ou pas (avec le temps, plutôt moins, à mon avis, malgré le recours à nombre de trucages "intemporels").

  • Psaume rouge (Miklos Jancso, 1972)

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    Par-delà 3 années et 4 films, Psaume rouge poursuit l'expérience de Ah, ça ira ! et fait figure d'aboutissement d'une poétique musicale, historique, symbolique de la Révolution. Celle qui est décrite cette fois concerne, à la fin du XIXe, un groupe de paysans socialistes se heurtant à leur régisseur et à leur propriétaire, aux militaires et aux prêtres. Les chorégraphies de la caméra sont donc à nouveau augmentées de danses et de chants. Leur variété est un premier avantage sur le film de 68 : chant populaire ou révolutionnaire, complainte au violon, commentaire folk à la guitare, marches militaires... Souvent, deux ou trois registres musicaux se succèdent à l'intérieur même des plans, très longs (4 ou 5 minutes en moyenne), qui accueillent aussi toutes les vitesses, toutes les échelles (du gros plan au lointain), évitant ainsi la monotonie. L'idée de montage traditionnel a complètement disparu. Cette représentation fluide et musicale, cette narration dans l'illusion d'un seul mouvement, fait tout accepter. Les résurrections et les nudités, pour la première fois "positives" (littéralement désarmantes), font cheminer une espérance énergique résistant à la répression. Riche de plusieurs compositions impressionnantes et d'inoubliables déclinaisons du rouge sang (ruban, cocarde, rivière teintée), c'est l'une des plus grandes réussites plastiques de Jancso.

  • Entretien avec un vampire (Neil Jordan, 1994)

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    Jamais vu jusque-là ce très étonnant succès. Les sauts de registres sont un peu trop raides et Neil Jordan ne réussit pas totalement les séquences spectaculaires. En fait, les plus simples sont les plus fortes et les meilleurs effets spéciaux sont les performances de B. Pitt, T. Cruise, K. Dunst et A. Banderas. La surprise est qu'une production dotée d'un tel budget aille finalement aussi loin. La dimension horrifique n'est pas édulcorée et surtout, la métaphore sexuelle du vampirisme n'en est même plus une tant elle est mise en avant, dans toutes les combinaisons possibles (les premières scènes entre Pitt et Cruise, c'est quelque chose). Et cela prend encore une autre coloration avec la présence centrale de la petite Kirsten (plusieurs situations et dialogues ne pourraient sans doute plus passer tels quels aujourd'hui : est-ce la véritable raison pour laquelle la distribution en salle est impossible actuellement plutôt que l'absence de matériel ?). Au moment d'en finir, de boucler le récit sur la période contemporaine, deux idées. Une bonne : un hommage au cinéma, à travers l'enchaînement sur un grand écran de quelques plans iconiques de son histoire, trente ans avant le Babylon de Chazelle, et en faisant un lien osé mais très amusant entre le Sunrise de Murnau et le Tequila Sunrise avec Mel Gibson. Une mauvaise : un générique de fin sur une reprise dégueulasse de Sympathy for the Devil par les Guns N' Roses.

  • Les Griffes de la nuit (Wes Craven, 1984)

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    A 13 ans, pas moyen que je me mette devant le film d'où étaient tirées des images extrêmement flippantes. A 53 ans, ça va. Les séquences horrifiques sont à la fois marquantes et originales. Celles qui les entourent sont correctes. L'idée de départ et son développement font évidemment la force du film, d'autant plus qu'un lien habile est tissé avec cette histoire de virée punitive contre le tueur Freddy, entraînant donc vers une sorte de vengeance à tiroir. Importante aussi, la tranche d'âge des victimes : à l'époque de la sortie, les cauchemars pouvaient passer pour des châtiments contre la débauche, alors que, maintenant, il est difficile de ne pas penser à un fléau comme le sida, qui allait bientôt frapper toutes les consciences. A part ça, tout le monde sait que Johnny Depp faisait là ses débuts mais personne ne m'avait mentionné la présence de Ronee Blakley, en mère de famille pas plus équilibrée que, dix ans plus tôt, Barbara Jean, la chanteuse star de "Nashville"...