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Film - Page 7

  • Rouges et Blancs (Miklos Jancso, 1967)

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    Quelque part, des Russes blancs affrontent des rouges qui sont aidés de Hongrois réunis en brigades internationales.
    En pensant au film, on pense d'abord à l'auteur, qui obtint là sa consécration, et donc à son style. On oublie souvent qu'il s'agit aussi de l'un des plus grands films de guerre jamais réalisés. Pas le plus riche ni le plus spectaculaire, mais peut-être celui qui montre le mieux la guerre en mobilisant les notions d'espace et de mouvements. Et cela dès le premier plan séquence. Ordres reçus, fuites ou attaques provoquent les mouvements, mais souvent ceux-ci sont effectués dans plusieurs sens ou sont aussitôt annulés par un mouvement inverse (et dans le même plan). Ainsi sont représentés l'oppression et la résistance, l'arbitraire et l'absurdité, tout en laissant courageusement se glisser les ambiguïtés (les multiples déshabillages/rhabillages et l'économie narrative circulaire, ou "sans fin", peuvent sous-entendre, non pas qu'il faille renvoyer dos à dos mais que des renversements, des revirements, des reniements sont toujours possibles, surtout lorsque des armes sont en mains). Ce qui est admirable, c'est que ces longues séquences "disent tout" de la guerre sans jamais verser dans le symbolisme, ni dans la performance. C'est notamment dû au tournage en extérieur, en pleine lumière et en adaptation au terrain (utilisation extraordinaire de la rivière, des creux, des bosses, du bois de bouleaux), mais encore à la présence corporelle de chacun ou chacune, qui peut devenir personnage principal de longues minutes ou disparaître brutalement (il n'y a donc pas de "héros" dans le film, même si le beau blond Andras Kozak l'ouvre, le traverse et le ferme), toujours dans l'imprévu pour le spectateur. Immense film.

  • Le Pacte (Clive Barker, 1987)

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    Pas terrible ce film culte que, pas vraiment fan d'horreur, j'avais soigneusement évité à l'adolescence. L'aspect le plus intéressant est cette passion contre nature de la femme et du beau-frère revenant d'entre les morts et se reconstituant lambeau par lambeau. En revanche, dans cette narration décousue, ou dépecée, il m'a semblé que les portes infernales ouvraient sur des abominations ayant mal vieilli et que l'histoire de la fifille à papa était bien superflue, jusqu'à un dénouement particulièrement couillon.

  • Mercredi (Tim Burton, Gandja Monteiro & James Marshall, 2022)

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    Un tantinet longuette (ah oui, c'est vrai que c'est une série), peu embarrassée pour amener certains rebondissements, et baignant dans une ambiance harrypotterienne avec amourettes de pensionnat loin d'être palpitantes, "Wednesday" a quand même ses bons moments, les plus ironiques (même si cela manque de vraie méchanceté), les plus malins (Christina Ricci va forcément avoir un rôle déterminant dans l'histoire), les plus indécrottablement gothiques (les obsessions de l'héroïne, jusqu'à sa danse de désossée) et les plus amoureusement référentiels (dont l'amusante scène hommage à "Carrie").

  • Grand Tour (Miguel Gomes, 2024)

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    Un film qui mesure des écarts et qui tente à sa façon de les combler, entre un homme et une femme, entre deux points de vue, entre des pays, entre des peuples, entre des gens d'origines très différentes, entre des langues, entre hier et aujourd'hui, entre la couleur et le noir et blanc, entre la fiction et le documentaire, entre le studio et la rue, entre le cinéma d'avant (Murnau, Sternberg, Oliveira) et celui qu'il est encore possible de faire maintenant.

  • All We Imagine as Light (Payal Kapadia, 2024)

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    Chercher de la douceur, du sens et de la liberté, dans le chaos de la grande ville, puis voir ailleurs si on les trouve. Beau film dont j'ai notamment aimé la manière de démarrer plusieurs séquences comme des confessions ou des témoignages, dans le prolongement de son ouverture documentaire, tout en les intégrant parfaitement à la fiction.

  • Paysage après la bataille (Andrzej Wajda, 1970)

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    Pas facile à suivre, ce film qui traite de la libération des camps en 45 pour dire la difficulté voire l'impossibilité de vivre après. A travers le regard du personnage principal, intellectuel catholique, ce sont les tensions, les interrogations et les culpabilités polonaises qui ressortent, leurs nouveaux rapports avec les grands blocs et avec les rescapés juifs (le personnage féminin, tout aussi perdu). Il faut vraiment s'accrocher car Wajda fait passer tout ça dans des dialogues chargés politiquement et philosophiquement, et il déploie une mise en scène expressionniste qui ne laisse aucun répit (mouvements incessants, caméra portée, zooms, panoramiques, plans très rapprochés, traversées régulières d'éléments ou de silhouettes devant les personnages...). C'est plutôt usant mais l'échappée amoureuse hors du camp de regroupement est un vrai bol d'air, qui valorise mieux les envolées poétiques des dialogues. Avant un retour vers le néant assez fou.

  • Les Sans-Espoir (Miklos Jancso, 1966)

    ***
     
    66, début de la jancsomania avec cette histoire des sans-espoir, révoltés matés en 1869 par les serviteurs du régime austro-hongrois. Tout est en place. Manque juste peut-être, connaissant la suite, un peu de souplesse, à cause du cadre militaire et carcéral sans doute. Il n'empêche qu'on a rarement aussi bien montré la contrainte, à la fois physique et psychologique, tout en réduisant les dialogues au minimum : les lignes tracées par les murs du fort et par les rangées de soldats d'une part, l'organisation infernale d'une succession de dénonciations parmi les prisonniers d'autre part.