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Film - Page 9

  • Quand la ville dort (John Huston, 1950)

    ***
     
    Une remarquable construction qui en fait le modèle du film de casse, un rythme plutôt lent mais des plans toujours expressifs, des microsecondes de violence, un ressenti des blessures, et surtout cette caractérisation des personnages enrichie au fil du film à partir d'une obsession propre à chacun pour aboutir à une morale individuelle contre celle des institutions.

  • Le Journal d'une femme de chambre (Luis Buñuel, 1964)

    ***
     
    Adaptation très politique (revancharde, disaient les critiques de l'époque), dans laquelle Buñuel semble d'abord protéger sa Célestine des aberrations droitardes mais pour lui faire assumer finalement son pur arrivisme. C'est donc l'un de ses films les plus noirs et les plus pessimistes. C'est aussi, des trois adaptations vues, celle où le couple Célestine-Joseph me semble produire le plus d'étincelles, coupante Jeanne Moreau et torve Georges Géret. Cela dit, même la deuxième fois comme ici, l'entrée dans un Buñuel est rarement facile, séquences d'apparence banale, mise en scène sobre, petites manies, décors jouant sur "l'impression" plutôt que le sens direct... Mais au final tout a déraillé et, tout comme dans Belle de jour les bascules oniriques deviennent de moins en moins décelables, on est incapable de pointer le moment où le vertige a commencé à nous prendre.

  • Maléfices (Henri Decoin, 1962)

    **
    Intéressante adaptation du roman de Boileau et Narcejac, qui ne se plante vraiment que sur une scène didactique de projection d'un documentaire sur l'Afrique noire et sur les cinq dernières minutes qui tentent maladroitement de contourner la difficulté du brusque changement de point de vue en quelques pages de la toute fin du livre. Les tête-à-tête manquent un peu de nerf et de mystère malgré la musique bizarre de Pierre Henry. Mais il y a au moins trois atouts. Deux idées fortes du roman sont filmées "en vrai", assurant un étrange réalisme : le passage du Gois à Noirmoutier et le guépard, que les acteurs approchent et caressent sans astuce de montage. Le troisième atout, c'est Juliette Gréco, parfaite dans le rôle de l'ensorcelante Myriam, se superposant exactement à l'image que l'on se fait du personnage à la lecture.

  • Mr. Klein (Joseph Losey, 1976)

    ****
     
    Génial film de cauchemar, où la petite histoire laisse d'abord juste entrer la grande par inserts avant d'être totalement emportée par son flux, et où les absences soudaines du regard de Delon se répercutent dans les miroirs de Losey, où ses gestes sont emprisonnés par ses décors.

  • Journal d'une femme de chambre (Benoit Jacquot, 2015)

    °
     
    Finalement j'ai regardé le Jacquot avant de revoir le Buñuel. Pas forcément une bonne chose si tôt après la lecture du livre mais sans cela je n'aurais de toute façon jamais fait l'effort. C'est fidèle mais incroyablement lisse... avec un dynamisme forcé de la mise en scène (les plans en marche, de dos), une indécision pour traduire la subjectivité de l'héroïne (dialogue classique ou bien réflexions à voix basse pour elle-même ou encore vraie voix off), une balourdise dans les flashbacks... Je ne savais pas que c'était Lindon qui jouait Joseph. Et comment Vincent Lindon pourrait-il faire peur à Léa Seydoux ? Puis la troubler profondément ? Puis la faire sienne totalement ? Même phrase finale que dans le livre, avec Célestine avouant pouvoir maintenant aller jusqu'au crime avec son homme, sauf qu'ici, on n'y croit absolument pas. C'est d'ailleurs sans doute pour cela que Jacquot fait participer Célestine au vol de l'argenterie par Joseph, parce qu'il n'a pas trouvé le moyen de montrer la montée du désir malsain. Plus tôt, le "Vous êtes comme moi !" lancé par Lindon à Seydoux claque mille fois moins que celui lancé par Francis Lederer à Paulette Godard dans le Renoir (alors que le film de celui-ci est pourtant encore, à ce stade-là, en grande partie, une comédie).

  • Le Journal d'une femme de chambre (Jean Renoir, 1946)

    ***
     
    Les effets de l'inévitable édulcoration sont atténués par la persistance d'une grande originalité, de caractère et de comportement, chez tous les personnages, qu'ils soient loufoques ou tragiques. Quand à la condensation, elle donne loisir à Renoir de laisser exploser sa vitalité. Souvent, on a l'impression de regarder une "Règle du jeu" de poche, mais avec une violence physique accentuée, surprenante, dans le dernier mouvement. Plus généralement, chaque geste surprend par sa vérité : un coup, un sursaut, un rire, une maladresse, rien n'est jamais prévisible, annoncé. Ça s'élargit évidemment aux sentiments, très changeants. Toute l'interprétation est remarquable, Paulette Goddard en tête, qui rend très bien cette versatilité, certes beaucoup plus positive et légère que les tiraillements de la Célestine de Mirbeau.