Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Nightswimming - Page 137

  • Cutter's way

    (Ivan Passer / Etats-Unis / 1981)

    ■■■□

    dc52759b6730b78296e186a06f3deb3f.jpgCutter's way (titre original, plus utilisé que La blessure) est un étrange film noir, signé par un cinéaste d'origine tchèque, ayant suivi une trajectoire parallèle à celle de Milos Forman, le succès public en moins (des débuts remarqués dans son pays à une série d'oeuvres en exil aux Etats-Unis). Les premières scènes rendent hommage au genre avec la découverte par Bone (Jeff Bridges) d'un cadavre dans une ruelle battue par la pluie, mais par la suite, Passer ne cessera de s'écarter des codes établis. Difficile de parler de véritable enquête tant les digressions abondent, tant la véracité des faits est peu démontrée. C'est Cutter, ami de Bone et ancien du Vietnam, qui se charge de faire avancer l'intrigue. Il y a bien des événements scénaristiques mais l'ambiance est plutôt celle d'une chronique, d'une ballade avec ses ruptures de tons, dans la veine des Huston et Altman des années 70. Le monde décrit est étrange, entre loose et opulence, sous le climat de Miami. Les rapports entre les personnages sont d'une honnêteté rare. Jamais leur passé respectif n'est explicité. Un ménage à trois (Bone, Cutter et sa femme) semble en place depuis longtemps, plus ou moins accepté par chacun. Une impression de flottement se dégage; toute l'affaire ne pourrait finalement être que délire d'imagination de la part de Cutter. Jusqu'à la fin, nous ne savons pas à quoi nous en tenir. Cela se termine sur un coup de feu coupé par le noir tombant tout à coup sur l'écran, laissant le spectateur dans l'expectative, comme le feront plus tard Tarantino ou Kassovitz. Autre attrait de ce faux polar très attachant : Jeff Bridges, cool, poussé sans cesse à l'action par son acolyte et y allant à contre-coeur.

  • Visages d'enfants

    (Jacques Feyder / France - Suisse / 1925)

    ■■■□

    dc3df46720f43c062aa5328d1ee49121.jpgUn village de montagne. La maison du maire. Tous les villageois sont venus. Car le malheur est dans la maison. Pierre le père. Jean son fils. Habillés de noir. Pierrette la petite soeur de Jean. La mère : un cercueil est descendu de l'étage. Voici l'introduction saisissante d'un beau film muet de Jacques Feyder.

    Pour Jean, il va falloir apprendre à vivre sans sa maman. Il va falloir aussi, un an plus tard, accepter l'arrivée de la nouvelle épouse de son père, accompagnée de sa fille Arlette, du même âge que lui. Tous les éléments du mélodrame sont là et pourtant Feyder signe une oeuvre très singulière, toute en subtilité. Tout d'abord, le cinéaste se place résolument à hauteur d'enfant. Tout est vu par leur regard. Cela nous vaut des scènes de jeu ou de chamailleries particulièrement justes, car Feyder ne demande pas à ses petits acteurs d'en rajouter pour se mettre les spectateurs dans la poche. A ce titre, la scène qui voit Jean et Pierrette jouant sur leur petite île et repoussant Arlette est exemplaire. Anecdotique sur le papier, elle frappe par son attention aux petits gestes enfantins : Arlette s'approchant petit à petit, Jean et Pierrette intransigeants. Feyder porte son regard sans chichis, n'éludant pas la cruauté dont les enfants peuvent être capables dans leurs jeux ou leur rébellion. Il excelle aussi (grâce au jeu du petit interprète principal) dans la peinture d'un enfant sensible et bouleversé. Un passage étonnant voit ainsi Jean sortir d'une malle une robe de sa mère et poser sa tête comme sur son genou. L'honnêteté du regard concerne aussi les adultes dans ce film où "tout le monde a ses raisons". La belle-mère n'est pas une terreur, le père n'est pas une brute. Les crises ne surviennent qu'à l'occasion de malentendus, de maladresses, de manque de dialogues. La sobriété générale est recherchée par le cinéaste, qui refuse l'exagération des postures ou des réactions, même au plus fort de la douleur.

    L'action est située dans les paysages alpestres, magnifiquement photographiés (une seule idée déplacée : une avalanche filmée en caméra subjective !), et dans ce décor naturel est filmé le labeur des uns et des autres, dans les rues et les prés. Détail significatif par rapport à ce réalisme sobre : la place de la religion. Elle est omniprésente par les crucifix dans les chambres, le recours à la prière, les curés des villages, les chapelles. Nulle trace de bondieuserie pourtant, juste une réalité, ce poids des pratiques religieuses à cette époque. A la manière de Griffith, Feyder termine son récit sur un sauvetage in extremis et sur un dernier mot/carton inévitable mais émouvant. Moins mis en avant que la nécessité de l'acceptation d'une vie nouvelle, le lien père-fils sou-tend l'ensemble. L'enterrement du début insistait sur la similarité des vêtements et des postures de Jean et de son père. Au final, la carriole de ce dernier peut s'éloigner sur le chemin car Jean peut commencer à re-vivre, aux côtés d'une seconde mère. Effet de mise en scène simple et éloquent, à l'image du film.

  • Je t'aime moi non plus

    (Maria de Medeiros / France / 2007)

    ■■□□

    f8be9f2eb1e34d8d97c9f019e7001dea.jpgMaria de Medeiros a profité d'un récent festival de Cannes pour s'entretenir avec des cinéastes et des critiques et s'interroger sur les rapports entre les deux professions. Sans faire de recherche particulière pour l'image, si ce n'est au cours d'intermèdes captant l'ambiance et les coulisses du Festival (intermèdes pas inintéressants pour les personnes qui, comme moi, ne connaissent pas Cannes, mais pas très utiles au propos), Maria de Medeiros se borne à conduire ses interviews et, éventuellement, à varier les décors (Ciment dans une cabine de projection, Kaganski dans son lit à l'hôtel...). Le grand nombre d'intervenants a poussé la réalisatrice à monter son film à la manière de tant de documentaires de ce genre : d'où la frustration, voire l'énervement, devant ces allers-retours incessants de l'un à l'autre pour dire, au plus, une phrase ou deux. Comme à la télévision, il n'y a plus le temps d'élaborer une pensée, il faut tout de suite placer la phrase qui percute.

    Sur le fond du problème, pas de révélations. Il faut reconnaître toutefois que les différents aspects sont traités de façon exhaustive et que certains sont rendus de façon assez juste : les blessures de quelques cinéastes, la solitude du critique qui court de festival en festival, le fait que ce soient très majoritairement des hommes qui exercent cette activité. L'un des intérêts du documentaire est la présence de nombreux critiques internationaux, apportant un regard autre sur toutes les polémiques entre artistes et journalistes et enviant la France pour ses grandes batailles autour d'une simple oeuvre d'art. Au cours de ces entretiens multilingues, ce sont les critiques espagnols qui se distinguent le plus par leur humour.

    Remarquable également, l'honnêteté de la plupart des critiques par rapport à leur métier, leurs attaques, leurs erreurs. Du côté des cinéastes, les propos sont plus tranchés, quelques fois méprisants. Précisons : les cinéastes étrangers, puisque aucun français (à part Honoré, mais qui n'en était qu'à son premier film) n'a souhaité participer. Donc pas de Leconte, Miller, Tavernier ou autre. Tant pis pour le débat. Il y a heureusement la pertinence d'Almodovar ou d'Egoyan, le regard froid de Cronenberg (et on se dit que décidément, Wenders est bien fatigué). Les grands lecteurs de critiques se sentiront sûrement les seuls intéressés par cette petite ballade et pourront conforter leur jugement sur chacun. Pour ma part, disons que j'ai trouvé Kaganski sympa mais particulièrement vague, Frodon enfermé dans son système de pensée du cinéma, Ciment austère, précis et parfois au bord de l'auto-satisfaction, et Lefort, comme d'habitude loin de mes goûts, mais résolument tordant.

  • Miss Univers 1929

    (Peter Forgacs / Autriche - Pays Bas / 2006)

    ■■■□

    59df319e3210f9994f90e4e4f7d26517.jpgPeter Forgacs est un documentariste hongrois, dont le travail consiste à retracer des parcours historiques uniquement à partir de photos et films amateurs du siècle dernier. Dans Miss Univers 1929, il évoque la trajectoire de Lisl Goldarbeiter, première femme non américaine à avoir remporté ce concours de beauté. Forgacs s'appuie pour cela presque exclusivement sur le fond iconographique familial et sur les petits films tournés par le cousin Marci.

    Il ne faut pas s'attendre à un reportage, réalisé après coup, sur le sujet des Miss. Si les images des défilés de beautés en maillot n'ont guère changées en 80 ans, l'état d'esprit n'est plus du tout le même. Les lettres de Lisl, lues doucement en off, montrent bien l'inquiétude de quitter sa famille viennoise pour un long et pénible voyage en bateau jusqu'aux Etats-Unis, où a lieu le concours. Sa victoire, sa beauté et sa richesse soudaine lui valent une ronde de prétendants (et une proposition, repoussée, de King Vidor de la lancer à Hollywood). Le retour en Autriche est triomphal et Lisl se décide à épouser Fritz, le "roi de la cravate". Fritz dépense la fortune de sa femme au jeu et impose un ménage à trois avec Nelli, la meilleure amie de Lisl. Arrivent 1938 et l'annexion par Hitler, puis la guerre et les déportations juives (la moitié de la famille est exterminée). Fritz en fuite à l'étranger, Lisl se marie à Marci, son cousin, vit la révolution hongroise à Budapest et s'éteint en 1997.

    Le film, tout en gardant son materiau strictement documentaire, bascule ainsi dans une sorte de fiction, de mélo familial, par l'art du montage, par la façon dont Forgas triture ses images de base. Usant du ralenti et d'une musique remarquable, il n'a pas de mal à mettre en avant ces personnes à la fois si proches et si fantomatiques. De brefs plans de Marci et de Lisl octogénaires, insérés par ci-par là dans le récit chronologique renforcent cette impression. Les événements historiques sont traités de façon admirables : juste quelques plans (un char dans une rue de Budapest, ou un défilé de la Wehrmacht) et une incrustation au bas de l'écran qui situe. Ce n'est pas un cours d'histoire mais un récit privé qui laisse entrer les bouleversements sociaux et historiques, montrant comment ils peuvent influer le cours de la vie de chacun.

    Mais le plus beau du film n'est pas là. Je l'ai dit, la majorité des images ont été tournées par Marci. Celui-ci est amoureux, depuis l'enfance, de sa cousine. Alors, sous prétexte de filmer ses proches, de leur faire jouer des saynètes amusantes, il ne cesse d'enregistrer l'image de Lisl. Lisl sous toutes les coutures, en robes de couturier, en costume traditionnel, en maillot de bain (séquence d'une sensualité incroyable, redoublé par le travail de Forgacs). Marci ne semble voir qu'elle, le spectateur aussi. Le regard clair de Lisl attire le nôtre constamment. Celui de Forgacs aussi, qui utilise plusieurs fois un effet de mise en scène très beau : l'arrêt sur image montrant l'instant précis où le regard d'une personne fixe la caméra. En plus de retracer ainsi, en creux, l'histoire d'un pays, le cinéaste pose magnifiquement cette question : pourquoi filme-t-on (ou photographie-t-on) ses proches, et surtout, celle qu'on aime ? Et rarement nous était apparu la force que peut prendre tout à coup une simple image tirée d'un home movie familial.

  • Confidences trop intimes

    (Patrice Leconte / France / 2004)

    ■■□□

    2ec980e92f1d5557c19e75c37752c214.jpgFilm plein de défauts, Confidences trop intimes se révèle être malgré tout la seule éclaircie dans la filmographie récente de Patrice Leconte, cinéaste qui enchaîne les catastrophes depuis La fille sur le pont si l'on est indulgent, ou depuis Ridicule si l'on est réaliste. Le premier quart d'heure n'a pourtant rien d'engageant. Visages cadrés serrés par une caméra tremblotante, montage avec faux raccords et sautes dans les mouvements : on a très peur que Leconte s'essaye au Dogme danois. Sandrine Bonnaire est dirigée avec des gros sabots pour faire sentir son mal être (tics, discours vif et désordonné, besoin de griller cigarettes sur cigarettes). Le pire est le maintien du quiproquo de départ (elle vient voir un psy et frappe à la mauvaise porte, celle d'un conseiller fiscal, qui ne lève pas le malentendu et l'écoute parler pendant deux "séances"). Les grosses ficelles au niveau des dialogues et des attitudes retardent le dévoilement, notamment lors de la deuxième visite, expédiée bêtement en une minute. Malgré l'ambiance mystérieuse, le décor soigné et la retenue de Lucchini, on se dit qu'on est mal barré.

    Puis ça s'arrange. La supercherie intenable est levée, ce qui n'entraîne pas l'arrêt des séances entre les deux personnages, Anna (Bonnaire) s'accommodant bien de la situation. Juste avant, une scène étonnante avait montré notre conseiller tenter maladroitement d'obtenir les coordonnées de sa "patiente" auprès de la secrétaire du véritable psychiatre, dans l'appartement voisin. Dans la majorité des films, il aurait réussit aussitôt à embobiner la secrétaire. Ici, il échoue. La mécanique se grippe et cela devient intéressant. Il obtient tout de même dans la foulée un entretien avec le psychiatre, auquel il dévoile son histoire et sa petite lâcheté. Ce rendez-vous deviendra régulier, le spécialiste s'enquérant des progrès du conseiller dans la thérapie d'Anna et lui prodiguant quelques conseils de base. Ces scènes sont l'occasion de brefs dialogues explicatifs sur la psychanalyse, parfaitement appropriés à la situation. De la même façon, des conversations entre le conseiller et son ex-femme (touchante Anne Brochet) éclairent la personnalité du premier, tout en verbalisant des réflexions que se faisait le spectateur dans des scènes précédentes ("- Pourquoi tu ne lui as rien dit ?" ou "- Tu la vires ou tu la tires !"). Ce procédé marche assez bien.

    Leconte joue aussi avec les figures du genre, développées dans les années 40 à Hollywood avec les oeuvres psychanalysantes de Hitchcok, Lang ou Minnelli (qui ne sont, en général, pas les meilleures de leurs auteurs). Comme le décor et la musique, elles participent au charme désuet du film, mais sont parfois assez balourdes : le feu dans la poubelle, la bourrasque du courant d'air, le briquet, le taille-crayon. Plus maladroite encore est la mise en avant de lapsus révélateurs ("J'ai perdu mon père" à la place de "J'ai perdu le briquet de mon père") et de jeux sur les mots ("- Il y a une porte fermée tout au fond. - C'est la chambre de mes parents. - Je parlais de vous, pas de l'appartement."). L'ambiance fait penser de temps en temps à Monsieur Hire, le récit parvient à maintenir notre attention, le principe du personnage banal qui se voit offrir la réalisation d'un fantasme et qui est dépassé par les événements est bien tenu. On passera vite, toutefois, sur un épilogue absurde : les retrouvailles par la magie du cinéma, ça a quand même des limites.

  • Le coin du strip-tease

    6d47e05c6da3e1cbdffbc6f51f527732.jpg
    Cul de sac (Polanski, 1967) (photo dvdbeaver.com)

    13 aveux, 13 façons de se mettre à nu.

    A ma suite, j'invite chacun de vous à se laisser aller sans honte ni soucis du qu'en-dira-t-on et à jouer à ce petit jeu, en choisissant dans votre cinémathèque imaginaire. Réponses multiples et propositions de nouvelles catégories sont possibles (mais évitons les moqueries qui inhiberaient les plus pudiques).

    J'ouvre la séance de thérapie de groupe :

    4e79d77148b8319f7b7c4aa351d276f4.jpg1- Plaisir inavouable : Le voyage de Natty Gann(Jeremy Paul Kagan)

    2- Classique ennuyeux : Drôle de drame (Marcel Carné) / La chambre verte(François Truffaut) / La prise du pouvoir par Louis XIV(Roberto Rossellini)

    3- Adoré à l'adolescence puis abandonné : Outsiders (Coppola) / Angel heart(Alan Parker)

    4- Chef d'oeuvre méconnu : Acte de violence(Fred Zinnemann)

    5- Navet génial : Plan 9 from outer space(Ed Wood)

    6- Film détestable : La dernière maison sur la gauche(Wes Craven) / C'est arrivé près de chez vous(Belvaux-Bonzel-Poelvoorde) / Irréversible(Gaspar Noé)

    7- Pleurer à chaque fois : Le Kid(Charlie Chaplin) / Le voleur de bicyclette(Vittorio De Sica)

    8- Mourir de rire à chaque fois : Quand l'inspecteur s'emmêle(Blake Edwards)

    9- Etre émoustillé à chaque fois : Claudette Colbert (Cléopatre) / Catherine Deneuve (Belle de jour) / Naomi Watts-Laura Harring (Mulholland Drive)

    10- Cahiers du Cinéma, Positif ou ni l'un ni l'autre : Positif

    11- Cinéaste trop vanté : Cukor / Fassbinder

    12- Sainte trinité : Lang / Bunuel / Kubrick

    13- Entrée en cinéphilie : Les ailes du désir (Wim Wenders)

    904e4c2c599d125e6ffc63823a9c7769.jpgPar Sébastien Carpentier :

    1- Plaisir inavouable : Moulin rouge ! (Luhrmann)

    2- Classique ennuyeux : Noblesse oblige (Hamer)

    3- Adoré à l'adolescence puis abandonné : Lost highway (Lynch)

    4- Chef d'oeuvre méconnu : Lenny (Fosse)

    5- Navet génial : Turkish Star wars (Inanç)

    6- Film détestable : La vie est belle (Benigni) / C’est arrivé près de chez vous (Belvaux, Bonzel & Poelvoorde)

    7- Pleurer à chaque fois : Ladybird (Loach)

    8- Mourir de rire à chaque fois : L’impossible Monsieur Bébé (Hawks)

    9- Etre émoustillé à chaque fois : une scène particulière de La prisonnière (Clouzot)

    10- Cahiers du Cinéma, Positif ou ni l'un ni l'autre : l’un et l’autre pour leurs qualités respectives, l'un et l'autre malgré leurs défauts respectifs.

    11- Cinéaste trop vanté : Jean-Luc Godard

    12- Sainte trinité : Kazan / Kieslowski / Kubrick

    13- Entrée en cinéphilie : En compagnie des hommes (LaBute)

    d00d0b3fc8e35b89963bc49aed6bc6ee.jpgPar Ludovic :

    1- Plaisir inavouable : L’île aux trente cercueils(Marcel Cravenne) et les films avec Marylin Jess.

    2- Classique ennuyeux : Blow up (Antonioni) malgré tout le bien que je pense de ce réalisateur et les admirables déclinaisons proposées par de Palma ou Argento.

    3- Adoré à l'adolescence puis abandonné : le cinéma de David Lean.

    4- Chef d'oeuvre méconnu : Allonsanfan (les Taviani)

    5- Navet génial : Sailor et Lula (Lynch)

    6- Films détestables : Sitcom (Ozon), Rois et reines (Desplechin), 21 grammes (Inarritu), Collision (Haggis), Tout sur ma mère (Almodovar), Munich (Spielberg)...

    7- Pleurer à chaque fois : Les lumières de la ville (Chaplin), Sweet sixteen (Loach), Pain et chocolat (Brusati)

    8- Mourir de rire à chaque fois : A part Europa de Lars von trier, chacun des films joués ou réalisés par Jean-Marc Barr.

    9- Etre émoustillé à chaque fois : Donna Reed dans La vie est belle (Capra) ; Marylin Monroe dans La rivière sans retour (Preminger), Regina Hall dans Secret Paris (Andrew Blake) ; Juliette Binoche dans Le Hussard sur le toit (Rappeneau), Magali Noël dans Amacord (Fellini)...

    10- Cahiers du Cinéma, Positif ou ni l'un ni l'autre : depuis 1995, ni l’un ni l’autre.

    11- Cinéastes trop vantés : Eastwood/ Lynch/ Moretti/Truffaut/Honoré...

    12- Sainte trinité : Rohmer/Loach/Bresson (mais en bon lecteur d'Abellio, je vous propose plutôt un sénaire-septénaire, en ajoutant Fellini/Greenaway/Franju puis chapeautant les 6, Godard).

    13-Entrée en cinéphilie : Mauvais sang de Léos Carax (1986)

    909b52d890988ca2aa60be0392543f53.jpgPar Dr Orlof :

    (version intégrale ici)

    1- Plaisir inavouable : Films de Russ Meyer, Jean Rollin, Jesus Franco et José Bénazéraf.

    2- Classique ennuyeux : Hôtel du nord (Marcel Carné) / La traversée de Paris (Autant-Lara) / Le guépard (Visconti)

    3- Adoré à l'adolescence puis abandonné : Merci la vie (Blier) / The Wall (Alan Parker)

    4- Chef d'oeuvre méconnu : Elle s’appelait scorpion de Shunya Ito.

    5- Navet génial : Sénéchal le magnifique de Jean Boyer avec Fernandel

    6- Film détestable : Dobermann (Jan Kounen) / Le vieux fusil (Enrico) / La liste de Schindler (Spielberg), Chute libre (Schumacher), Chantage de femmes (Michel Ricaud) et les œuvres complètes de Michael Youn ! (il y en a d’autres…)

    7- Pleurer à chaque fois : L’aventure de Madame Muir (Mankiewicz)

    8- Mourir de rire à chaque fois : The party (Blake Edwards)

    9- Etre émoustillé à chaque fois : La bête de Borowczyk

    10- Cahiers du Cinéma, Positif ou ni l'un ni l'autre : Ado Kyrou/Robert Benayoun et Serge Daney/Luc Moullet : oui ; Michel Ciment, Jean-Michel Frodon et Emmanuel Burdeau : non !

    11- Cinéaste trop vanté : Clair/ Carné/ Autant-Lara/ Rosi/ Losey/ De Sica/ Scola/Michael Mann/Spielberg/Shyamalan/Christophe Honoré

    12- Sainte trinité : Lynch/ Buñuel / Resnais 

    13- Entrée en cinéphilie : A nos amours (Pialat) et Trop belle pour toi (Blier)

    75524958a983342dc515f822929b3b6e.jpgPar Joachim :

    (version intégrale ici, beaucoup plus longue)

    1- Plaisir inavouable : Des séquences de Peur sur la ville (Henri Verneuil), des Sous-doués, de L’aile ou la cuisse (Claude Zidi), du Come-back, Planète terreur

    2- Classique ennuyeux : Sonate d’automne (Bergman), Plan 9 from outer space (Ed Wood), Women (Cukor), La Salamandre (Alain Tanner)

    3- Adoré à l'adolescence puis abandonné : Buffet froid (Blier) et Le nom de la rose (Jean-Jacques Annaud)

    4- Chef d'oeuvre méconnu : Travail au noir (Jerzy Skolimowski), deux films d’Iosseliani : Il était une fois un merle chanteur et Pastorale, et le premier film américain de Milos Forman : Taking off.

    5- Navet génial : Cannonball run (Hal Needham 1981), Ces merveilleux fous volants dans leurs drôles de machines (Ken Annakin 1965), La course à la mort de l’an 2000 (Paul Bartel), Rock n’ roll high school (Alan Arkush 1979), Femme Fatale (Brian de Palma), Sauve qui peut (la vie) (Jean-Luc Godard), Labyrinthe des passions (Almodovar)

    6- Film détestable : Podium (Yann Moix), Merci la vie (Bertrand Blier)

    7- Pleurer à chaque fois : In the mood for love (Wong Kar Wai) et la mort du grand-père dans Taste of tea (Kastuhito Ishii)

    8- Mourir de rire à chaque fois : Les scènes de comédie, mais aussi les séquences de kung-fu, de manga et l’enregistrement de la chanson pop dans Taste of tea (Katsuhito Ishii), Annie Hall et Broadway Danny Rose (Woody Allen)

    9- Etre émoustillé à chaque fois : Deborah Unger dans Crash (Cronenberg), les scènes d’amour saphique dans Mulholland Drive (Lynch), la deuxième partie de Blissfuly yours (Apichatpong), la scène du baiser dans Une partie de campagne (Jean Renoir).

    10- Cahiers du Cinéma, Positif ou ni l'un ni l'autre : Impossible de passer un mois sans jamais jeter un œil sur les sommaires de leurs numéros.

    11- Cinéaste trop vanté : Cukor, Mc Carey...

    12- Sainte trinité : Bresson / Resnais / Pasolini et pour le cinéma récent: Gus van Sant / Kiarostami / Cronenberg

    13- Entrée en cinéphilie : Mon oncle (Jaques Tati) et Thérèse (Alain Cavalier)

    2cbce13c4723a0607699b3fac39c8913.jpgPar Hyppogriffe

    1- Plaisir inavouable : un certain nombre de films d’horreur contemporains dont je ne me souviens plus des titres et que je ne reverrai sans doute jamais

    2- Classique ennuyeux : Citizen Kane

    3- Adoré à l'adolescence puis abandonné : Le Sacrifice de Tarkovski

    4- Chef d’œuvre méconnu : Fat City de Huston

    5- Navet génial : M.A.S.H.

    6- Film détestable : il y en trop, je ne sais pas. Pour s’en tenir à ces dernières années : au choix, La Petite Lili de Miller ou Rois et reine de Desplechin.

    7- Pleurer à chaque fois : à Ordet

    8- Mourir de rire à chaque fois : L’impossible Monsieur Bébé de Hawks, tout comme Sébastien

    9- Etre émoustillé à chaque fois : je cherche encore. Je ne suis jamais purement et simplement émoustillé à la vision d’une scène de film, il y a toujours autre chose

    10- Cahiers du Cinéma, Positif ou ni l'un ni l'autre : ni l’un ni l’autre, c’est fini, tournons la page, inventons autre chose.

    11- Cinéaste trop vanté : il y en a des tas, non ? Mais la palme revient à Eastwood, qui l’aura violemment disputée à Spielberg et à Scorsese.

    12- Sainte trinité : Ford, Dreyer, Stroheim

    13- Entrée en cinéphilie : Une femme sous influence de Cassavetes

    61b172f1faeb223c58d4db7ea8f94662.jpgPar Vincent

    (version intégrale ici)

    1- Plaisirs inavouables : La grande vadrouille ; Cul et chemise

    2- Classique ennuyeux : Persona d'Ingmar Bergman ; Dieu est mort de John Ford

    3- Adoré à l'adolescence puis abandonné : Le train sifflera trois fois (Zinnemann)

    4- Chef d'oeuvre méconnu : Tire encore si tu peux de Giulio Questi ; Always de Steven Spielberg ; Le reveil de la sorcière rouge d'Edward Ludwig.

    5- Navet génial : Le 6e continent de Kevin Connor

    6- Film détestable : La chinoise de Jean-Luc Godard ; Irréversible et l'oeuvre complète de Gaspard Noé ; les films avec Sophie Marceau.

    7- Pleurer à chaque fois : L'étreinte finale dans La prisonnière du désert de John Ford ; La mort de Sean dans Il était une fois la révolution de Sergio Léone ; le départ du village dans La horde sauvage de Sam Peckinpah ; Voyage à deux de Stanley Donen.

    8- Mourir de rire à chaque fois : Le miroir dans Duck Soup (Léo McCarey) ; Birdie num-num dans The party de Blake Edwards ; Palombella rossa de Nanni Moretti ; tout Rio Bravo de Howard Hawks.

    9- Etre émoustillé à chaque fois : Le décolleté de Claudia Cardinale chez Léone, les jambes de Catherine Deneuve, la voix de Jeanne Balibar, le regard de Marlène Dietrich...assez ! (Et Donna Reed aussi).

    10- Cahiers du Cinéma, Positif ou ni l'un ni l'autre : Positif.

    11- Cinéaste trop vanté : Lucio Fulci, David Lynch, Bernardo Bertolucci, Claude Zidi.

    12- Sainte trinité : John Ford / Akira Kurosawa / François Truffaut.

    13- Entrée en cinéphilie : La chevauchée fantastique de John Ford

    a86769e3ea019dcbed9c73c9f3872870.jpgPar Thomas

    1- Plaisir inavouable : les films de Michael Bay, Blown Away de Stephen Hopkins, Mortal Kombat  de Paul Anderson.

    2- Classique ennuyeux : Le miroir, Andreï Roublev (Tarkovski)

    3- Adoré à l'adolescence puis abandonné : Double impact de Sheldon Lettich

    4- Chef d'oeuvre méconnu : Gozu de Takashi Miike.

    5- Navet génial : Femme fatale de Brian De Palma, Streetfighter de Stevn E. De Souza

    6- Film détestable : Inland Empire de David Lynch

    7- Pleurer à chaque fois : Sur la route de Madison de Clint Eastwood, Le tombeau des lucioles de Isao Takahata

    8- Mourir de rire à chaque fois : La cité de la peur, Les sous-doués, Fou(s) d'Irène, Jack Burton dans les griffes du mandarin, Astérix et Obélix : mission Cléopâtre

    9- Etre émoustillé à chaque fois : Basic Instinct, Patsy Kensit dans L'arme fatale 2, la danse de Salma Hayek dans Une nuit en enfer, Monica Bellucci dans Le pacte des loups, Dina Meyer dans Starship Troopers, Deborah Unger dans Crash

    10- Cahiers du Cinéma, Positif ou ni l'un ni l'autre : ni l'un ni l'autre. Plutôt Score, en fait.

    11- Cinéaste trop vanté : Frédéric Schoenderffer, Baz Luhrmann.

    12- Sainte trinité : John Carpenter/Takeshi Kitano/John Woo

    13- Entrée en cinéphilie : Sonatine de Kitano pour le cinéma d'auteur, et Police story de Jackie Chan pour le cinéma de genre.

    6e93fa0d0dc5c28999e4dedf6eb475a8.jpgPar el pibe

    (version intégrale, ici)

    1- Plaisir inavouable : tous les films avec des histoires de fantômes

    2- Classique ennuyeux : Eraserhead (Lynch), toute la Nouvelle Vague

    3- Adoré à l'adolescence puis abandonné : Rocky IV (Stallone)

    4- Chef d'oeuvre méconnu : Klute (Pakula)

    5- Navet génial : Van Helsing (Sommers)

    6- Film détestable : Tideland (Gilliam)

    7- Pleurer à chaque fois : Hana Bi (Kitano), Rasta Rocket

    8- Mourir de rire à chaque fois : Getting Any (Kitano), La cité de la peur, Bill Murray dans Sos Fantomes

    9- Etre émoustillé à chaque fois : Donnie Darko du début à la fin, 2001 avec la musique de Strauss, la voix off de La ligne rouge, plus généralement à chaque apparition de Shu Ki…

    10- Cahiers du Cinéma, Positif ou ni l'un ni l'autre : Positif

    11- Cinéaste trop vanté : Tarantino, Godard

    12- Sainte trinité : Malick/Kitano/Kubrick ou alors Peckinpah/Kurosawa/Scorsese

    13- Entrée en cinéphilie : La haine (Kassovitz), Hana Bi (Kitano)

    b17bbeb5962c04b0b6115cd7a4a91b75.jpgPar Montalte (pêché chez Ludovic)

    1- Plaisir inavouable : la saga Harry Potter.

    2- Classiques ennuyeux : Kagemusha (Kurosawa), et hélas tous les Bogart-Bacall de la grande époque...

    3- Adoré à l'adolescence puis abandonné : Orson Welles.

    4- Chef d’œuvre méconnu : Le temps retrouvé (Ruiz).

    5 - Navet génial : La passion du Christ (Gibson)

    6- Films détestable : La repentie de Laetitia Masson ; Roselyne et les lions de Jean-Jacques Beinex ; Truands de Frédéric Schoendoerffer

    7- Pleurer à chaque fois : Underground d'Emir Kusturica

    8- Mourir de rire à chaque fois : Top secret (Zucker, Abrahams)

    9- Etre émoustillé à chaque fois : Marylin Monroe dans Rivière sur retour, Ingrid Bergman, Bree van der Kamp

    10- Cahiers du Cinéma, Positif ou ni l'un ni l'autre : Positif pendant longtemps.

    11- Cinéaste trop vanté : Fassbinder.

    12- Sainte trinité : Kubrick/Fellini/Guitry

    13- Entrée en cinéphilie : Le messager de Joseph Losey

    cefb8555593b852bfcd12f6f27980a81.jpgPar S; du aaablog (pêché chez  Vincent)

    1- Plaisir inavouable : Une fascination déviante pour Tom Cruise. Une autre pour Ridley Scott

    2- Classique ennuyeux : E.T. (Spielberg), Orange Mécanique (Kubrick).

    3- Adoré à l'adolescence puis abandonné : Cahier du cinéma et Positif.

    4- Chef d'oeuvre méconnu : Memories of Murder de Bong Joon-ho et Taste of Tea.

    5- Navet génial : Conan le Barbare

    6- Films détestables : Blueberry de Kounen

    7- Pleurer à chaque fois : Beignets de Tomates vertes (Avnet), les choses de la vie (Sautet), Ice Storm (Lee).

    8- Mourir de rire à chaque fois : Catwoman de Pitoff

    9- Etre émoustillé à chaque fois : Romy Schneider dans Les Choses de la vie comme dans le reste, Aly McGraw dans la décharge et même Michelle Pfeiffer en Catwoman...

    10- Cahiers du Cinéma, Positif ou ni l'un ni l'autre : plouf, plouf, une vache qui pisse...

    11- Cinéastes trop vantés : Tarentino/Burton/Kubrick/Kar-Wai

    12- Sainte trinité : Peckinpah/Welles/Kurosawa

    13-Entrée en cinéphilie : Blade Runner de Scott, L'Empire contre attaque de Lucas (1986)

    b82b86f29c7e6b11e2902f83a040aec2.jpgPar coinducinephage

    (version intégrale, ici)

    1- Plaisir inavouable : C’est arrivé à 36 chandelles (Henri Diamant-Berger), Les Duraton (André Berthomieu)

    2- Classique ennuyeux : Mort à Venise (Visconti).

    3- Adoré à l'adolescence puis abandonné : Les films de Brian de Palma (Pulsions, Blow out)

    4- Chef d'oeuvre méconnu :  Mollenard de Robert Siodmak, Toni de Jean Renoir, Wanda de Barbara Loden, L'année des 13 lunes de Rainer Werner Fassbinder.

    5- Navet génial : Les gorilles de Jean Girault, Oh, que mambo de John Berry, Le défroqué de Léo Joannon

    6- Films détestables :  Apocalypto (Mel Gibson), L'expérience interdite (Joel Schumacher), Le vieux fusil (Robert Enrico)

    7- Pleurer à chaque fois : L’incompris (Luigi Comencini), Mar adentro (Alejandro Amenabar)

    8- Mourir de rire à chaque fois : The party de Blake Edwards, Les frères Marx, Les Monty Pythons, les "screwball comedy" en général, des années 40-50, No sex last night de Sophie Calle, Arielle Dombasle dans L'arbre, le maire et la médiathéque (Éric Rohmer).

    9- Etre émoustillé à chaque fois : Les films où l’on retrouve Claudia Cardinale

    10- Cahiers du Cinéma, Positif ou ni l'un ni l'autre : Je trouve ces deux revues complémentaires. Je serais plutôt "Revue du cinéma".

    11- Cinéastes trop vantés : Paul Greengrass, Joel Schumacher, Michael Bay, Paul Schrader, Luc Besson

    12- Sainte trinité : Alain Resnais / Luis Buñuel / Jean Eustache

    13-Entrée en cinéphilie : Le charme discret de la bourgeoisie (Bunuel), La nuit du chasseur (Laughton)

    Par Bernard Alapetite

    Par Neil et ses amis

  • Le mariage de Tuya

    (Wang Quan'an / Chine / 2007)

    ■■□□

    a8e7f95010a5c04bca2d9775b99ec3d1.jpgL'Ours d'or berlinois de cette année est une chronique paysanne et sentimentale filmée dans les steppes mongoles. Wang Quan'an rend compte des efforts que doit fournir Tuya dans ce paysage rude pour subvenir aux besoins de sa famille à la place de son mari handicapé après un accident. N'en pouvant plus, la jeune femme décide de chercher un nouvel homme pour son foyer, mais en lui faisant accepter de s'occuper aussi de l'ancien époux.

    Des cadrages amples saisissent la beauté et l'aridité de la steppe et s'amusent à confronter ancien et nouveau monde, mettant côte à côte l'impressionnant chameau que chevauche Tuya et la moto ou la camionnette de son voisin Shenge. Le document renseigne sur un mode de vie de paysans mongols. La recherche d'un nouveau mari enclenche une mécanique de comédie, basée sur l'économie des effets et la répétition, celle des accidents de Shenge saoul et celle des prétendants qui défilent chez Tuya. Le rôle de plus en plus important pris par ce voisin, amoureux depuis longtemps, la compréhension et le grand respect pour sa femme passant dans le regard de Bater, mari diminué, et le bal de prétendants aussi riches que ridicules laissent parfois l'impression que s'étalent trop de bons sentiments et que tout va toujours bien s'arranger. Quelques fêlures se font jour tout de même (la peur des explosions qui creusent le puits) et le rapprochement inévitable entre Tuya et Shenge offre deux jolis moments (un, filmé très simplement en un plan, au fond du trou, l'autre en un corps à corps se terminant en étreinte, effet déjà utilisé dans d'autres films mais assez beau). Surtout, l'ensemble est éclairé d'un nouveau jour par la scène finale qui, par un procédé astucieux était aussi la première, et qui déplace définitivement le sentiment général de la joliesse vers le pessimisme (et qui explique que ce qui passait, dans le comportement de Tuya, pour du caprice, était plutôt une prudence justifiée).

    Yu Nan, interprète de Tuya, traverse le film aussi vaillamment que Gong Li en son temps dans Qiu Ju, une femme chinoise.

  • Lune de miel mouvementée

    (Leo McCarey / Etats-Unis / 1942)

    ■□□□

    d473858565cdf05585edeadb3603b322.jpgUn McCarey à la réputation plutôt bonne qui s'avère assez mauvais, chose surprenante pour un cinéaste d'habitude brillant. Dès le début, pourtant axé sur la comédie, le réalisateur semble peu en forme (et c'est pourtant le meilleur moment du film) et laisse Cary Grant et Ginger Rogers en roue libre dans un registre clownesque. Les gags ne volent pas bien haut (au niveau des fesses surtout) en comparaison avec Cette sacrée vérité par exemple où McCarey (et Grant) excellait dans le registre du comique engendré par la gêne perpétuelle des personnages. La comédie laisse parfois la place au mélo et au film noir, ce qui donne un rythme informe à une oeuvre trop longue (1h55) et rend les rebondissements, ainsi traités de façon très sérieuse, proprement ahurissants. Car l'angle sous lequel est vu la seconde guerre mondiale est très réducteur (même si cela a donné par ailleurs de grandes réussites), c'est celui de l'espionnage. Le plus incroyable des retournements de situations qui jalonnent le périple européen du couple star est la réapparition dans un grand hôtel parisien de la femme de chambre juive que Rogers avait sauvée de Pologne, trois ans avant. Mépris pour la vraisemblance et un patriotisme américain plaqué n'importe comment au gré d'un mauvais scénario (une seule scène intéressante de ce point de vue, basée sur les accents, les souvenirs, les expressions, pour démasquer une espionne se prétendant américaine) : déception est un faible mot. Et je n'aime pas Ginger Rogers (sauf dans Le danseur du dessus que j'ai déjà évoqué).

  • Election 1 & Election 2

    (Johnnie To / Hong-Kong / 2005 & 2006)

    ■■■□ / ■■□□

    Johnnie To-la classe. Il est très probable que les distributeurs ne nous offrent que les meilleurs des trois ou quatre films que Mr To réalise chaque année et choisissent essentiellement ses polars. Pour ma part, si je considère ceux que j'ai vu depuis 2000, le parcours est sans faute (The mission, Fulltime killer, Breaking news) et la révélation majeure. Plaisir de filmer, interprétations attachantes et invention permanente autour de figures connues : dans ce genre, je le place bien plus haut que le Tsui Hark de Time and tide (et John Woo, mais hormis Volte/Face, je ne connais que The killer, qui m'a horripilé).

    68457aaee67e21460dede25793fc593b.jpgAvec les deux Election (vus en salles au printemps), To creuse son sillon et tente son Parrain à lui à travers l'histoire d'une lutte pour le pouvoir au sein d'un clan de la pègre hong-kongaise. Dans le premier volet, tout est enrobé d'obscurité, et ce dès les premières scènes de tractations entre les "oncles" en vue de l'élection du nouveau parrain, où les visages sont volontairement sous-éclairés. Un des règlements de comptes se fera l'après-midi dans un restaurant, mais le store sera tiré pour prendre au piège et pour faire le noir. L'exception arrive au dénouement, au cours de la partie de pêche. Ce brutal éclairage se fait alors aussi sur la personnalité de Lok, jusque là le personnage qui attirait la sympathie du spectateur face au chien fou Big D, mais dont on sentait bien qu'il était, lui aussi, capable des pires horreurs. Johnnie To connaît sa grammaire et montre donc, bien sûr, l'ambiguïté inhérente à ces récits de gangsters. Roi des scènes d'action, il innove constamment, sans en faire trop, d'où l'impression grisante de voir celles-ci filmées exactement comme il le faut. Dense et sec, Election 1 ne dévie pas de son propos : la lutte pour acquérir un pouvoir absolu et le néant qui en découle.

    acfe2a8239d0a0e0992487904ea841ec.jpgSi Election 2 me déçoit quelque peu, c'est que le style ne varie guère et que les personnages ne sont pas spécialement approfondis (alors que de ce côté-là, la deuxième partie du Parrain, c'est quand même quelque chose...). Passant sur les deux ans du mandat de Lok, qui nous auraient bien intéressés, Johnnie To concentre son récit sur la nouvelle élection et reproduit son schéma des règlements de comptes entre candidats. Les ramifications du scénario sont moins complexes (moins de protagonistes entrent en jeu) et les affrontements sont plus systématiques (mais on n'oublie pas la scène dans le chenil). Une dimension politique est ajoutée en traitant des rapports avec la Chine, qui semble in fine tirer toutes les ficelles. Le diptyque (provisoire ?) se clôt toujours plus sombre (nous sommes passé d'une partition plutôt pop à une musique lancinante) et plus violent.

  • Master and commander

    (Peter Weir / Etats-Unis / 2003)

    ■■□□

    a5ae7533441439480c412ab1ae7565d3.jpgMaster and commander retrace la course poursuite, pendant les guerres napoléoniennes, entre le commandant d'un vaisseau anglais et un corsaire français. J'avoue être sorti lessivé par les embruns, les tempêtes et les abordages. Le genre des aventures maritimes est certes modernisé mais Weir nous inflige toujours les ordres incompréhensibles criés d'un bout à l'autre du bateau toutes les cinq minutes, les réflexions sur le code de l'honneur et le sens du devoir. Septembre 2001 est tout proche, il faut donc aussi faire passer des allusions aux temps difficiles que traverse l'Amérique et à la nécessité de se serrer les coudes. Peter Weir sait mettre en images mais chaque scène doit absolument faire ressentir au spectateur une émotion au premier degré, tout doit être parlant. Cela simplifie grandement les problèmes psychologiques (Le cinéaste se retrouve bien loin de l'inquiétude de Picnic à Hanging Rock, voire même de ses films des années 80 avec Harrison Ford).

    Notons également que marins et pirates du début du XIXe siècle se battent aussi efficacement que n'importe quel militaire moderne : la guerre est filmée toujours de la même façon, quelque soit l'époque abordée. Russell Crowe fait son travail. Les nombreux figurants s'activent tous très correctement dès que la caméra tourne et les panoramiques descriptifs font très "Musée de la Marine". Je pousse un peu, car il est vrai que l'on a rarement vu la vie sur un voilier de cette façon, en particulier la promiscuité incroyable. Dommage que le film soit trop violent pour mon petit, ce document sur la vie des pirates l'aurait intéressé.