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Nightswimming - Page 7

  • Journal de Tûoa (Maureen Fazendeiro et Miguel Gomes, 2021)

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    Pour patienter jusqu'à la sortie de Grand Tour, rattrapage de cette pastille estivale en mode confinement. Récit à rebours des activités anodines d'un trio de personnages qui intrigue en obligeant à chercher une autre manière d'envisager les conséquences et les enchaînements, avant d'ennuyer un peu, puis d'intéresser à nouveau lorsqu'il devient l'histoire du tournage lui-même. C'est une expérience, un essai qui se fait et se défait, qui joue des qualités de ses défauts, du charme de ses limites.

  • Mon chemin (Miklos Jancso, 1965)

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    Début de la conquête de l'espace Hongrois par Jancso, avec ces hommes qui courent dans la plaine (parfois après des femmes nues) et se heurtent à des groupes antagonistes, ici, en 45, les Russes prenant possession du territoire, les Hongrois soupçonnés de complaisance avec les Allemands, les Juifs rescapés des camps. Ce sont les va-et-vient qui font que la simplicité de la situation est dépassée, ainsi que le point de vue adopté, celui d'un jeune prisonnier hongrois, ballotté et se liant amicalement à celui supposé le surveiller (Jancso lui-même fut brièvement entre les mains des Russes). Prisonnier dans son pays, ne se posant pas vraiment la question de "l'évasion", plus ou moins tenu de rester dans cet endroit très ouvert, vaste mais borné sur certains côtés (champ de mines) et au-dessus (présence mystérieuse d'un avion).

  • L'aventure c'est l'aventure (Claude Lelouch, 1972)

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    J'avais récupéré ce DVD en pensant découvrir une comédie sympa, moi qui ai finalement vu très peu de Lelouch, mais ce n'est qu'une pitrerie lamentable, politiquement irresponsable et moralement douteuse, dont la mise en scène est d'une nullité absolue, invraisemblable suite de séquences aussi approximatives qu'interminables, centrées sur cinq acteurs rendus, par l'absence de direction ferme, mauvais comme des cochons.

  • Ma vie ma gueule (Sophie Fillières, 2024)

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    Chronique calée sur l'évolution cyclothymique d'une femme de 55 ans dont le petit grain de folie vire parfois dangereusement à la grosse boule noire. Drôle, déprimant, bouleversant, en alternance ou en même temps, le film ne lâche pas Agnés Jaoui, exceptionnelle (ou très ordinaire), et la propulse au milieu de gens de tous les jours qui pourraient aussi bien être des fantômes du passé, des messagers de la Mort ou des doubles d'elle-même. C'est le bel adieu de Sophie Fillières, réalisatrice décédée quelques jours après la fin du tournage.

  • Cantate (Miklos Jancso, 1963)

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    Un jeune chirurgien plonge dans une crise existentielle après avoir douté des capacités d'un médecin plus âgé. C'est le conflit entre anciens et nouveaux qui est interrogé, le chirurgien, d'origine paysanne, finissant par rendre visite à son père. Mais conflit non résolu, et sous-tendu par un autre, brièvement mais directement évoqué, sur l'engagement socialiste et ses possibles aveuglements. S'effectue surtout une dérive du personnage, appartenant aussi au milieu intellectuel de Budapest. Un film dans le film s'insère à la moitié et a pour effet de rendre le dernier mouvement, à la ferme familiale, insolite, comme une projection dans le passé. Sans doute y a-t-il une influence antonionienne autant qu'une impulsion partagée à l'Est à ce moment-là (un court métrage projeté en privé est jugé par un personnage de "style polonais"). Jancso étonne déjà, commence à étirer ses plans et à gérer les mouvements. La troisième partie, avec ses ouvertures soudaines de l'espace, annonce clairement la suite.

  • A son image (Thierry de Peretti, 2024)

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    A nouveau sensible à la mise en scène de Thierry de Peretti, sa façon de faire durer les plans, de donner la sensation exacte des espaces, de mobiliser les groupes dans son cadre. Un peu moins convaincu par la construction, légèrement bancale je trouve (les transitions Corse-Yougoslavie), et la voix off, mi-romanesque mi-réflexive (les interrogations sur la "vérité photographique", il me semble que Peretti a suffisamment de talent pour les intégrer dans le récit lui-même et ne pas avoir à les plaquer par-dessus).

  • Septembre sans attendre (Jonas Trueba, 2024)

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    Séduit par un film (mon premier Trueba) qui fait le pari de renouveler la représentation d'une situation convenue par sa mise en abyme, de broder sur les d'accord/pas d'accord inhérents à la vie de couple, de ressouder en séparant, de marier à l'envers et de laisser vivre des personnages tout en expliquant presque didactiquement comment on peut les filmer.

  • Quand la ville dort (John Huston, 1950)

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    Une remarquable construction qui en fait le modèle du film de casse, un rythme plutôt lent mais des plans toujours expressifs, des microsecondes de violence, un ressenti des blessures, et surtout cette caractérisation des personnages enrichie au fil du film à partir d'une obsession propre à chacun pour aboutir à une morale individuelle contre celle des institutions.

  • Le Journal d'une femme de chambre (Luis Buñuel, 1964)

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    Adaptation très politique (revancharde, disaient les critiques de l'époque), dans laquelle Buñuel semble d'abord protéger sa Célestine des aberrations droitardes mais pour lui faire assumer finalement son pur arrivisme. C'est donc l'un de ses films les plus noirs et les plus pessimistes. C'est aussi, des trois adaptations vues, celle où le couple Célestine-Joseph me semble produire le plus d'étincelles, coupante Jeanne Moreau et torve Georges Géret. Cela dit, même la deuxième fois comme ici, l'entrée dans un Buñuel est rarement facile, séquences d'apparence banale, mise en scène sobre, petites manies, décors jouant sur "l'impression" plutôt que le sens direct... Mais au final tout a déraillé et, tout comme dans Belle de jour les bascules oniriques deviennent de moins en moins décelables, on est incapable de pointer le moment où le vertige a commencé à nous prendre.

  • Maléfices (Henri Decoin, 1962)

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    Intéressante adaptation du roman de Boileau et Narcejac, qui ne se plante vraiment que sur une scène didactique de projection d'un documentaire sur l'Afrique noire et sur les cinq dernières minutes qui tentent maladroitement de contourner la difficulté du brusque changement de point de vue en quelques pages de la toute fin du livre. Les tête-à-tête manquent un peu de nerf et de mystère malgré la musique bizarre de Pierre Henry. Mais il y a au moins trois atouts. Deux idées fortes du roman sont filmées "en vrai", assurant un étrange réalisme : le passage du Gois à Noirmoutier et le guépard, que les acteurs approchent et caressent sans astuce de montage. Le troisième atout, c'est Juliette Gréco, parfaite dans le rôle de l'ensorcelante Myriam, se superposant exactement à l'image que l'on se fait du personnage à la lecture.