Suite du flashback

2003 : A la rentrée s'opèrent des bouleversements à la tête des Cahiers : Jean-Michel Frodon devient directeur de la rédaction et Emmanuel Burdeau rédacteur en chef. Mia Hansen Love, François Bégaudeau et Antoine Thirion entrent au comité de rédaction. Pour la revue, les principaux événements de l'année sont les sorties de Gangs of New York et d'Histoire de Marie et Julien, la palme d'or à Elephant, les nouvelles séries télévisées américaines, la ressortie des films de João César Monteiro. On peut lire au fil des numéros des entretiens avec Alain Resnais, Lucas Belvaux, Lars von Trier, Kiju Yoshida (Femmes en miroir), Mahamet-Saleh Haroun (Abouna), Arnaud et Jean-Marie Larrieu (Un homme un vrai), Lester James Peries (Le domaine), André Téchiné (Les égarés), Larry Clark (Ken Park) ou Woody Allen (Anything else). Une présentation est faite du cinéma de Daniele Cipri et Franco Maresco, comme de celui de Claire Doyon (Les lionceaux). Les rédacteurs reviennent sur Serge Daney, Numéro zéro de Jean Eustache, La nuit du chasseur de Charles Laughton, Wanda de Barbara Loden, Sans soleil de Chris Marker, sur le cinéma politique français des années 70, sur la RKO ou sur le cinéma chinois. Des disparus sont évoqués : Maurice Pialat, Stan Brackage, Leslie Cheung, Jean-Claude Biette, Ingmar Bergman (par Catherine Breillat et André Téchiné), Elia Kazan. Le cinéma américain est étudié à travers un spécial Hollywood (John McTiernan, Steven Soderbergh, Jonathan Mostow, Ed Lachman, Todd Haynes, Larry Clark, Gus Van Sant) et un dictionnaire de 100 nouveaux cinéastes. D'autres écrits portent sur l'explosion du DVD, une exposition Jean Cocteau, les rapports entre cinéma et art contemporain. Enfin, Blake Edwards, Claude Berri, France Gall (à propos de Godard), Jeanne Balibar, Eric Rohmer et Leonor Silveira sont successivement rencontrés.
Pour rendre compte de l'actualité, Positif publie de son côté une pléthore d'entretiens : avec Belvaux, Scorsese, Soderbergh, Corneau, Haynes, Yoshida, Bruni Tedeschi, Rappeneau, Peries, Dumont, Clark, Eastwood, Lvovsky, Van Sant, Campion, Resnais, Kitano (Dolls puis Zatoichi), mais aussi Raymond Depardon (Un homme sans l'Occident), Jia Zhangke (Plaisirs inconnus), Peter Mullan (The Magdalene sisters), Claude Chabrol (La fleur du mal), Lynne Ramsay (Le voyage de Morvern Callar), Hong Sang-soo (ses trois premiers films), Carlos Sorin (Historias minimas), Emmanuelle Bercot (Clément), Marco Tullio Giordana (Nos meilleures années), Jacques Doillon (Raja), Patrice Chéreau (Son frère), Denys Arcand (Les invasions barbares), Bahman Ghobadi (Les chants du pays de ma mère), Lucian Pintilie (Niki et Flo), Adoor Gopalakrishnan (Le serviteur de Kali), Lee Chang-dong (Oasis), Andreï Zviaguintsev (Le retour) et Chirstopher Boe (Reconstruction). La parole est également donnée à Charlotte Rampling, Kristin Scott Thomas, Jean Rochefort et Claude Berri. Un dialogue Pasolini-Bellocchio, des contributions des frères Dardenne sur Krzysztof Kieslowski et de Bertrand Tavernier sur Jacques Deray sont publiés. Des textes portent sur George Clooney, sur le cinéma soviétique, sur les nouveaux cinémas thaïlandais, indonésiens, tchèques, et sur celui de Hong Kong. Des dossiers sont consacrés à Allan Dwan, Federico Fellini, la restauration, le documentaire (Nicolas Philibert, Karel Vachek, Jana Bokova, Ruth Beckermann, Sergueï Loznitsa, Harun Farocki, Peter Forgacs), l'animation (Sylvain Chomet, Jan Svankmajer, Michael Dudok de Wit, Caroline Leaf, Wendy Tilby, Isao Takahata), le cinéma espagnol, le western, les œuvres ultimes à Hollywood, le cinéma coréen. Des hommages sont rendus notamment à Pialat, Kazan, Alberto Sordi, Gregory Peck.
Janvier : Gangs of New York (Martin Scorsese, Cahiers du Cinéma n°575) /vs/ Un couple épatant / Cavale / Après la vie (Lucas Belvaux, Positif n°503)
Mars : Loin du Paradis (Todd Haynes) et Arrête-moi si tu peux (Steven Spielberg) (C577) /vs/ Stupeur et tremblements (Alain Corneau, P505)
Avril : Il est plus facile pour un chameau... (Valeria Bruni Tedeschi, C578) /vs/ Dolls (Takeshi Kitano, P506)
Mai : Nicole Kidman (Dogville, Lars von Trier, C579) /vs/ Bon voyage (Jean-Paul Rappeneau, P507)
Juin : Les acteurs d'Elephant (Gus Van Sant, C580) /vs/ Les Triplettes de Belleville (Sylvain Chomet, P508)
Eté : Séries télévisées (24 heures chrono, C581) /vs/ Le western (James Stewart, P509-510)
Septembre : Jeanne Balibar (Saltimbank, Jean-Claude Biette, C582) /vs/ Twentynine Palms (Bruno Dumont, P511)
Octobre : Elephant (Gus Van Sant, C583) /vs/ Mystic River (Clint Eastwood, P512)
Novembre : Histoire de Marie et Julien (Jacques Rivette, C584) /vs/ Les sentiments (Noémie Lvovsky, P513)
Décembre : Le DVD & Pas sur la bouche (Alain Resnais) (C585) /vs/ In the cut (Jane Campion, P514)

Quitte à choisir : Les films de Belvaux, Soderbergh, Corneau, Kitano, Rappeneau, Chomet, Eastwood et Campion me furent à l'époque agréables, au contraire de ceux de Dumont et Lvovsky, Les sentiments prenant de surcroît la place d'Elephant en couverture d'une revue qui, malheureusement, tergiverse toujours quand il est question de Gus Van Sant. Dans la maison d'en face, je retiens la présence des films de von Trier, Haynes, Resnais. J'aime un peu moins ceux de Scorsese, Spielberg et Bruni Tedeschi. Ce sont donc plutôt mes lacunes (les séries TV, le Biette, le Rivette) qui font pencher la balance. Allez, pour 2003 : Avantage Positif.
A suivre...
Sources : Calindex & Cahiers du Cinéma



UN AMOUR DE JEUNESSE


ENTRE ADULTES

2002 : Les Cahiers du Cinéma enquêtent sur la santé économique du cinéma français, sur sa place dans le monde, sur l'avenir des petites salles, sur la politique culturelle italienne, sur les rapports entre cinéma et jeux vidéo (entretien avec Christophe Gans), sur les studios Ghibli, sur la représentation du sexe à l'écran (de John B. Root à Jean-Claude Brisseau), sur le cinéma palestinien, sur le cinéma soviétique et sur le succès des documentaires Etre et avoir de Nicolas Philibert et Bowling for Columbine de Michael Moore. Des regards se tournent vers les œuvres de Jerzy Skolimowski, Josef von Sternberg, George Méliès, Douglas Sirk, Michael Snow, Seijun Suzuki, vers Le dictateur de Charlie Chaplin et L'Atalante de Jean Vigo, vers les mythes Elvis Presley et Marilyn Monroe et vers Raimu, à travers un texte d'Heny Miller. Les rencontres se font avec Danielle Darrieux, Marcel Ophuls, Jacques Rancière, Kirk Douglas, Jean-Louis Comolli et Raymond Depardon (sur le thème "filmer la politique"), Myriam Mézières et Ninetto Davoli, les chanteurs Christophe et Johnny Hallyday. Quant aux cinéastes à l'honneur, ils se nomment Hayao Miyazaki, Pedro Almodovar, David Cronenberg, Abbas Kiarostami, Elia Suleiman, Jean-Claude Brisseau, Marco Bellocchio, Lucrecia Martel (La Ciénaga), Jean-François Stévenin (Mischka), Amos Gitaï (Kedma), Catherine Breillat (Sex is comedy), Manoel de Oliveira (Le principe de l'incertitude), Werner Schroeter (Deux), Chantal Akerman (De l'autre côté).
Quitte à choisir : Les Cahiers ont démarré tout doucement leur année (la vraie-fausse couve sur Amélie Poulain, le retour, pas si fracassant que cela, de Stévenin...) pour passer dès mars-avril à la vitesse supérieure et ne plus se relâcher jusqu'à la fin. Je n'ai pas vu le Sam Raimi, mais le reste me convient parfaitement, en particulier le trio Almodovar / Kiarostami / Kaurismäki. Du côté de Positif, l'absence de l'Espagnol pourrait être compensée par la présence de Bellocchio. Amenabar et Altman sont, pour ces films-là, à leur place. Miyazaki aussi, sans doute, mais je ne connais toujours pas son Voyage de Chihiro. En revanche, les Ozon et Allen de l'année m'ont laissé totalement froid. Allez, pour 2002 : Avantage Cahiers.
Une motivation cinématographique en dessous de la normale, une entrée dans la phase de rédaction de la troisième partie de mon histoire d'une certaine revue de cinéma, une réelle impatience à l'approche d'aoûtiennes vacances et un Tour harassant ont eu ces derniers jours et auront encore les prochaines semaines quelques conséquences sur l'activité de ce blog. Jusqu'à la fin août, les notes publiées ici le seront probablement de manière sporadique et devraient concerner peu de films. Mais, rassurez-vous, la reprise n'en sera que plus physique, chargée assurément (rien que pour les nouveautés : Von Trier, Almodovar, July, Sorrentino, Donzelli, Moretti...), polémique éventuellement (Positif III), et... autre chose encore, sans doute, nous verrons...


LES ENFANTS TERRIBLES
PATER