Suite du flashback

2001 : Les Cahiers du Cinéma fêtent leurs 50 ans (un numéro spécial propose notamment des témoignages de Bernardo Bertolucci, Youssef Chahine et Arnaud Desplechin) et accueillent dans leur rédaction Charlotte Garson, Jean-Philippe Tessé et Stéphane Delorme. Ils enquêtent sur la "Maison du Cinéma", sur la mondialisation (auprès de 50 cinéastes), sur la production et sur la restauration des films, ils défendent Loft Story et ils rencontrent Maggie Cheung, Charlotte Rampling, Jean-Christophe Averty, Jacques Derrida, Renato Berta, Sean Penn, René Vautier et Pierre Clément. Des hommages à Johan van der Keuken et Gérard Blain voisinent avec des textes sur Mikio Naruse, Raoul Walsh et George A. Romero, sur la restauration des Bonnes femmes de Claude Chabrol, sur Roberto Rossellini et la télévision, sur le cinéma et la guerre, sur le cinéma indépendant new-yorkais des années 60 et sur Hitchcock et la peinture. Au fil des mois, les "événements" ne sont pas toujours liés à des films ou des cinéastes, même si l'on peut trouver dans les premières pages des entretiens avec Pascal Thomas (Mercredi, folle journée !), Philippe Faucon (Samia), Nanni Moretti (La chambre du fils), Jean-Luc Godard (Eloge de l'amour), Eric Rohmer, André Téchiné (Loin), Claude Lanzmann (Sobibor, 14 octobre 1943, 16 heures), Nobuhiro Suwa (H story), Philippe Garrel (Sauvage innocence), Francis Ford Coppola, Youssef Chahine (Silence... on tourne) et John Carpenter (Ghosts of Mars) ou une analyse croisée de Mulholland Drive et Millenium mambo (Hou Hsiao-hsien). Pour avoir une vision globale des goûts, il faut aller voir quels films ouvrent le "Cahier critique" de chaque numéro. Soit : Parole et utopie (Manoel de Oliveira), Après la réconciliation (Anne-Marie Miéville), Sous le sable, Seul au monde (Robert Zemeckis), Le pacte des loups (Christophe Gans), Toutes les nuits (Eugène Green), Profils paysans (Raymond Depardon), Kaïro (Kiyoshi Kurosawa), La traversée (Sébastien Lifshitz), Betelnut beauty (Lin Cheng-sheng) Liberté-Oléron (Bruno Podalydès), Trouble every day (Claire Denis), Shrek (Andrew Adamson et Vicky Jenson), Operai, contadini (Jean-Marie Straub et Danièle Huillet), La pianiste (Michael Haneke), Va savoir (Jacques Rivette), Highway (Sergueï Dvortsevoy), Ce vieux rêve qui bouge (Alain Guiraudie), Le souffle (Damien Odoul), Tosca (Benoît Jacquot), 17 rue bleue (Chad Chenouga), Time and tide (Tsui Hark), Christmas (Abel Ferrara)...
... ainsi que plusieurs films mis également à l'honneur par Positif, entretiens à l'appui : La ville est tranquille, Le cercle, Traffic, Les démons à ma porte (Jiang Wen), Intimité, Roberto Succo, Mundo grua (Pablo Trapero), The tailor of Panama, Je rentre à la maison (Manoel de Oliveira), Platform (Jia Zhangke), Et là-bas, quelle heure est-il ? (Tsai Ming-liang), Dans la chambre de Vanda (Pedro Costa), L'emploi du temps (Laurent Cantet), De l'eau tiède sous un pont rouge.
Positif, qui publie de même des entretiens avec Moretti, Coppola, Hou Hsiao-hsien et Lynch et qui revient sur Walsh et Hitchcock, se distingue de sa concurrente par la place laissée à La jeune maîtresse (Chen Kaige), De l'histoire ancienne (Orso Miret), A ma sœur ! (Catherine Breillat), Nuages de mai (Nuri Bilge Ceylan), Quills (Philip Kaufman), Mes voisins les Yamada (Isao Takahata), Uttara (Buddhadeb Dasgupta), Carrément à l'ouest (Jacques Doillon), The mission (Johnnie To), La chambre des officiers (François Dupeyron), Betty Fisher et autres histoires (Claude Miller), The barber (Joel et Ethan Coen) et Le sortilège du scorpion de jade (Woody Allen). Il y est également question des inédits et des inachevés d'Orson Welles, du cinéma fantastique contemporain, de L'homme d'Aran de Robert Flaherty, de Solaris d'Andreï Tarkovski, d'Edgar G. Ulmer, de Jack Arnold, de William Wyler, de Max Ophuls américain, d'Hiroshi Teshigahara, de Louis Feuillade, de Dusan Makavejev, d'Im Kwon-taek, du cinéma soviétique (de Boris Barnet à Sergueï Paradjanov), du documentaire (entretiens avec Alain Cavalier et Denis Gheerbrant), des producteurs, du nouveau cinéma argentin et du livre de cinéma. Quant au numéro d'été, il s'agit d'un spécial Claude Sautet.
Janvier : Maggie Cheung (Cahiers du Cinéma n°553) /vs/ La ville est tranquille (Robert Guédiguian, Positif n°479)
Mars : Raoul Walsh (C555) /vs/ Traffic (Steven Soderbergh, P481)
Avril : 50 ans (C556) /vs/ Intimité (Patrice Chéreau, P482)
Mai : Jeanne Balibar (C557) /vs/ Roberto Succo (Cédric Kahn, P483)
Juin : Apocalypse now redux (Francis Ford Coppola, C558) /vs/ The tailor of Panama (John Boorman, P484)
Eté : L'Anglaise et le Duc (Eric Rohmer, C559) /vs/ Claude Sautet (P485-486)
Septembre : Sean Penn (C560) /vs/ The mission (Johnnie To, P487)
Octobre : World Trade Center, 11 septembre 2001 (C561) /vs/ La chambre des officiers (François Dupeyron, P488)
Novembre : Mulholland Drive (David Lynch, C562) /vs/ The barber (Joel et Ethan Coen, P489)
Décembre : Youssef Chahine (C563) /vs/ De l'eau tiède sous un pont rouge (Shohei Imamura, P490)

Quitte à choisir : Cette formule des Cahiers ne facilite décidément pas les choses. Oui, j'aime bien Maggie Cheung, Charlotte Rampling, Jeanne Balibar et Sean Penn. Mais que dire de plus ? Que je n'ai pas été véritablement bouleversé par la Révolution Rohmer ? En face, ne pas consacrer de couverture à Mulholland Drive pourrait valoir une pénalité si d'une part l'erreur n'avait pas été réparée quelques mois plus tard et surtout si le reste n'avait pas été au niveau. Or je vois dans cette liste les meilleurs Panahi, Chéreau, Kahn, Johnnie To, accompagnés par d'excellents Guédiguian, Soderbergh, Boorman, Coen, Imamura (du coup, "l'estimable" Dupeyron jure quelque peu). Allez, pour 2001 : Avantage Positif.
A suivre...
Sources : Calindex & Cahiers du Cinéma


BATMAN BEGINS
L'IMAGINARIUM DU DOCTEUR PARNASSUS (The imaginarium of Doctor Parnassus)
UNE SÉPARATION (Jodaeiye Nadre az Simin)
2000 : Sous l'impulsion de Charles Tesson, devenu seul rédacteur en chef de la revue, les Cahiers changent de formule en octobre, faisant quelque peu "reculer" les films dans le corps des numéros. On y lit au fil des mois des propos de Tim Burton, Claire Denis, Olivier Assayas, Clint Eastwood, Im Kwon-taek, Laurent Cantet (Ressources humaines), Nobuhiro Suwa (M/Other), Jonathan Nossiter (Signs and wonders), Brian De Palma (Mission to Mars), Amos Gitaï (Kippour) et Liv Ullmann (Infidèle). Des analyses portent sur A tombeau ouvert, Yi Yi, Tabou de Nagisa Oshima, U-571 de Jonathan Mostow, La captive de Chantal Akerman, Esther Kahn d'Arnaud Desplechin ou Eureka de Shinji Aoyama, tandis qu'Eyes wide shut est revisité. Des rétrospectives permettent de revenir sur John Stahl, Francis Ford Coppola, William Castle, Tod Browning, Jack Arnold et Otto Preminger, un dictionnaire subjectif de 100 acteurs américains est établi, un dossier est consacré à Luis Buñuel et un supplément-hommage à Robert Bresson. Philippe Sollers, Maurice Pialat, Howard Shore et Jacques Dutronc sont rencontrés par les rédacteurs. La décennie 90, l'animation (Toy story 2 de John Lasseter et les mangas), le cinéma français (rencontres avec Jean-Claude Brisseau, Dominique Cabrera, Laurence Ferreira Barbosa, François Ozon, Philippe Ramos...), le comique (Edouard Baer et Jim Carrey), le procès Barbie à la télévision, les caméras DV, la distribution et le cinéma à l'école font également partie des préoccupations de la revue cette année-là.
Quitte à choisir : La couverture des Cahiers n'étant plus, pour quelques mois, strictement réservée à un film, la comparaison n'est pas très aisée. De plus, je ne connais ni le film de Ferreira Barbosa, ni celui d'Assayas, ni celui d'Eastwood (et je ne suis pas spécialement pressé de les découvrir). Comme mon enthousiasme n'est pas débordant pour ce Chabrol-là, ni pour le Carpenter, il me reste donc le florilège 90's, Burton, Denis, Buñuel, Pialat... Trop peu pour rivaliser avec la revue d'en face, Positif réalisant, à mon sens, un sans faute, que son regard se tourne vers l'Ouest, vers l'Est ou vers chez elle. Allez, pour 2000 : Avantage Positif.

BENVENUTA
LA DERNIÈRE PISTE (Meek's cutoff)
La critique "officielle" se voit assez régulièrement brocardée sur nos sites, blogs et autres forums cinéphiles (dès que l'on écrit un peu sur le cinéma, on a tôt fait de trouver plus "conformiste" et "institutionnel" que soi) pour ne pas passer sous silence ses efforts les plus méritoires. Le hasard a fait qu'en ce mois de juin deux éditoriaux à la teneur bien singulière ont été publiés respectivement dans les Cahiers du Cinéma et dans Positif.