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Nightswimming - Page 120

  • Interlude (Garden Nef Party 2008)

    gardennef party.jpgIl y a six ans de cela, le choix d'un arrêt temporaire des sorties concerts s'imposait quand fut chez nous résolue la mystérieuse équation 1+1=3. Le temporaire étant devenu permanent, la création en 2007 de la Garden Nef Party, festival rock angoumoisin (après un "numéro zéro" en 2006 avec 4 groupes sur une seule journée), fut accueillie dans notre chaumière comme une bénédiction et comme l'occasion rêvée d'un bon rattrapage. Ambiance agréable, programmation impeccable et site idéal à flanc de colline verte et boisée : cette première édition tenu ses promesses, et même au-delà (on parlera encore sur notre lit de mort de cette soirée de clôture qui vit se succéder les sets époustouflants d'Arcade Fire et de LCD Soundsystem). Un rendez-vous était donc pris.

    L'édition 2008, c'était le week-end dernier pour deux fois dix heures de musique enchaînées grâce aux allers-retours entre les deux scènes. Compte-rendu :

    Jour 1 :

    Le vent se lève - Les Anglais d'Archie Bronson Outfitouvraient le bal de manière fort à propos. Morceaux compacts et intenses soutenus par un saxophone bruitiste. On démarre fort.

    La guerre des boutons- Stars des couloirs de lycée (il faut entendre les cris aigus du premier rang) les teenagers de BB Brunes m'étaient totalement inconnus. Simple, direct, parfois amusant ("J'écoute les Cramps / Tu te mets à genoux...") : du rock'n'roll quoi. C'est toujours ça de pris à Amel Bent.

    Wanda - Toujours impressionnant de voir une petite bonne femme seule sur une grande scène, derrière sa guitare en bois, imposer le respect à une foule de festivalier. L'Américaine Alela Diane enveloppe d'une voix magnifique ses belles chansons folk.

    Punch drunk love- Sur le pont depuis une bonne douzaine d'années (deux djeunes derrière nous : "Putain, ils sont vieux !"), Nada Surfsait encore ciseler sa power-pop à merveille. Le trio, épaulé par un membre de Calexico, a réussit à enflammer les premières mèches dans le public. Leur sincérité et leur absence de pose nous les a toujours rendu éminemment sympathiques.

    Le carrosse d'or - Accessoires improbables, mimiques, apartés humoristiques, instruments traditionnels, Moriartydéploie son petit théâtre aussi atypique qu'attachant, autour de la diva Rosemary.

    Bonnie and Clyde- Pour beaucoup les plus attendus, Jamie "Hotel" et Alison "VV" n'ont pas déçu. The Kills ou le rock au plus près de l'os : une boite à rythme, une guitare, une chanteuse. Monsieur, sec comme un coup de trique, sourire aux lèvres. Madame, déchaînée, les yeux cachés derrière la longue chevelure. MON concert du festival.

    Le rock du bagneHeavy Trashest le nouveau groupe de Jon Spencer. Sans reprendre son souffle, il enchaîne les morceaux, emprutant au rockabilly et au rythm'n blues (jusqu'au costume).

    Pat Garrett et le Kid- Jack White, délaissant Meg et ses White Stripes, retrouve à chaque vacances Brendan Benson. Leur super-groupe, The Raconteurs, marie idéalement la déstructuration de l'un et l'écriture précise de l'autre. Jack triture toujours aussi savoureusement sa guitare. Leur Steady as she goesaura provoqué l'une des ondes de choc les plus fortes du week-end. (un mec qui quitte l'assistance en plein milieu du concert pour aller voir (boire) ailleurs : "Non mais j'adooore Jack White...")

    Easy rider- Ses frasques ont été immortalisées par le documentaire Dig !. Anton Newcombe, leader du Brian Jonestown Massacre, s'est quelque peu calmé au niveau de l'attitude. Ses propos sont toujours aussi déstabilisants ("Je dédie cette chanson à ma première femme, une française de Bordeaux. Elle a eu un bébé et est morte il y a un mois."!?!?) mais son rock psychédélique est toujours aussi hypnotique.

    A.I. Intelligence Artificielle - Au début, il faut s'y faire à cette débauche sonore et visuelle : deux hommes-troncs s'agitent entre deux immenses murs d'enceintes. Puis l'évidence s'impose. Justiceen concert déconstruit ses tubes. Ultra-découpé, D.A.N.C.E.se retrouve déshabillé de ses oripeaux putassiers et We are your friends prend des allures de tuerie imparable. Toute cette puissance éléctro impose le respect. MA bonne surprise du festival.

    Jour 2 :

    Velvet Goldmine - Le chanteur des Hushpuppiesa battu le record de distance parcourue en étant porté à bouts de bras par le public. Un exploit compte tenu de l'heure peu avancée (17 heures). C'est surtout la preuve que les petits gars de Perpignan savent nous mettre dans leur poche en dégageant une belle énergie et en troussant de sacrées mélodies rock.

    Manhattan- L'élégance vestimentaire, la tension des guitares, la concision du jeu et la langue sont new-yorkaises, mais les quatre petits jeunes des Kid Bombardossont bien de chez nous (de chez moi, même, puisque bordelais). Par moments, on pense aux Strokes et le compliment n'est pas mince. MA découverte du festival.

    Maîtresse - En pantalon de cuir, Mademoiselle K joue de la guitare comme un mec et entrecoupe ses petites histoires de "putain, merde, fait chier".

    La science des rêvesPatrick Watsona l'une des voix les plus touchantes qui soient et il est surtout l'un des meilleurs songwriters du moment. Tout heureux d'être là, plus rock avec son groupe sur scène que sur disque, le montréalais triture aussi bien son piano que sa boîte électronique pour le même résultat : flotter en apesanteur. MON moment de grâce du festival.

    Voyage à deux - Moins sucré et plus tranchant en live, The Dorafraîchit. Olivia, chanteuse parfaite, virevoltait, guitare en bandoulière, pieds nus et jupe fleurie (un charentais : "Elle arrache la drôlesse !"; un mec bourré : "Salope !").

    Boulevard de la mort - Pied au plancher, The Bellrayset leur sacrée chanteuse enquillent les chansons, mélange de rock dur et de soul.

    L'homme qui voulait être roi - S'autoproclamant "meilleur groupe de rock du monde" avec suffisamment d'insistance pour que l'on en sourit, les suédois de The Hives ont déroulé leur show avec l'énergie et l'efficacité attendue. L'explosif tube Tick Tick Boom a bien justifié sont nom.

    Cocktail - Dans sa belle veste en daim et à franges, Adam Green voyage au sein de toutes les musiques populaires américaines, de la ballade style Beach Boys au rock style Modern Lovers. Songwriter doué et humour bienvenu.

    La nuit de l'iguane- Déboulant comme un fou dans son habit de scène préféré (torse nu et jean moulant), Iggy Pop, en compagnie de ses vieux potes, a aligné les classiques des ("Fucking") Stooges comme si ils avaient été enregistrés le mois dernier : 1969, TV eye, Real cool time(avec invitation faîte à chacun de venir s'éclater sur scène avec lui, ce qui fut fait par une bonne poignée de djeunes) ou un I wanna be a dog qui reste toujours aussi furieux et fascinant. MA claque dans la gueule du festival.

    Recherche Susan désespérément - Peaches, laissant le bon goût aux autres en se présentant d'abord habillée comme un sac puis moulée dans une combinaison de super-héros, faisait la DJette lors d'un mix entraînant.

    The Party - ...se terminait avec Birdy Nam Nam, quatre pousse-disques dont les beats répétitifs avaient vocation à faire danser jusqu'au bout de la nuit.

    Voilà, c'était la Garden Nef Party 2008. C'était bien.

    Bon allez, après ça, on débouche les oreilles et on retourne au cinéma. On est pas chez feu-Les Inrocks ici.

  • L'amphithéâtre chez soi

    rencontre3type.jpgAprès un week end à rallonge consacré à tout autre chose et avant le prochain où j'irai pendant deux jours entendre les guitares, hier soir encore je n'ai pas vu de film, mais j'ai regardé ici l'enregistrement d'un intéressant débat intitulé "La critique de cinéma et le défi internet : de la revue au blog", auquel participait quelqu'un qu'on aime bien.

    Photo : Rencontres du troisième type (Steven Spielberg, 1977)

  • Êtes-vous Mankiewiczien(ne) ?

    mme muir.jpgLe cinéma près de chez moi propose de passer un été avec Joseph Leo Mankiewicz, en programmant six de ses films. Prétexte idéal pour continuer notre série des "Êtes-vous...".

    J.L. Mankiewicz au plus haut c'est la perfection classique de All about Eve, c'est l'incroyable noirceur de Soudain l'été dernier, c'est la jubilation du huis-clos théâtral inégalable du Limier. Mais si je ne devais en garder qu'un, ce serait cette Aventure de Mme Muir, revu deux fois, trois fois, quatre fois avec la même émotion. Chef d'oeuvre romanesque qui passe les âges comme le fantôme si vivant de Rex Harrison, fantôme qui n'a qu'à dire quelques phrases pour que le vent de toutes les aventures maritimes soulève un rideau de chambre. Et puis Mme Muir, c'est l'admirable Gene Tierney, dont on garde en mémoire les frémissements, les petits gestes traduisant sa volonté de garder la tête froide dans sa cuisine quand les premiers signes de surnaturel se manifestent et son sublime abandon, plus tard.

    D'autres films provoquent un vif plaisir comme l'étonnant On murmure dans la ville, le savoureux récit d'espionnage de L'Affaire Cicéronavec le grand James Mason ou bien sûr Ava Garner, la Comtesse... A l'autre bout du spectre, l'adaptation de Jules Césarm'avait paru bien ennuyeuse malgré Brando et les autres, le cinéaste tombant pour le coup dans le simple théâtre filmé que lui ont souvent reproché ses détracteurs. L'autre échec de Mankiewicz est selon moi Cléopâtre, longue fresque antique qui ne m'a guère captivé.

    Mes préférences :

    **** : L'aventure de Madame Muir (1947), Eve (1950), Soudain l'été dernier (1959), Le limier (1972)

    *** : Quelque part dans la nuit (1946), Chaînes conjugales (1949), On murmure dans la ville (1951), L'Affaire Cicéron (1952), La Comtesse aux pieds nus (1954), Guêpier pour trois abeilles (1967)

    ** : La maison des étrangers (1948), Le Reptile (1970)

    * : Jules César (1953), Cléopâtre (1963)

    o : -

    Pas vu : Le château du dragon (1946), Un mariage à Boston (1947), Escape (1948), La porte s'ouvre (1950), Blanches colombes et vilains messieurs (1955), Un Américain bien tranquille (1956)

    Comme d'habitude, n'hésitez pas à laisser les vôtres...

  • La montagne sacrée

    (Alexandro Jodorowsky / Mexique – Etats-Unis / 1973)

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    montagne sacre.jpgPar rapport à El Topo, La montagne sacrée (La montana sagrada) bénéficie d'une mise en scène fondée sur des compositions plastiques encore plus soignées et l'oeuvre n'est reliée à aucun genre cinématographique précis, ce qui a l'avantage de la délester de tout aspect parodique. Malheureusement, ce deuxième trip en compagnie d'Alexandro Jodorowsky m'a totalement découragé.

    Notre homme structure à nouveau son film en de larges panneaux découpant des parties très distinctes les unes des autres et use d'un mode de narration répétitif à l'intérieur de chacune. La première décrit l'arrivée dans une ville latino-américaine sous contrôle militaire d'un nouveau Christ. Celui-ci, toujours en tenue officielle (celle qu'il a sur la croix, à moitié nu donc), rencontre après quelques vicissitudes, un grand maître alchimiste qui le prend sous son aile et le présente à huit autres personnalités importantes (toutes sont les figures d'un certain pouvoir : entrepreneur, chef de la police, marchand d'armes...). Ce groupe ainsi formé, après avoir atteint un niveau spirituel précis, doit gagner le sommet de la Montagne sacrée pour étendre son influence sur le monde entier.

    Entrer plus précisément dans les détails pourrait être drôle, mais le coeur n'y est plus... Les déboires du Christ au milieu d'un peuple asservi sont rendus avec la frénésie surréaliste habituelle de Jodorowsky et ils s'inscrivent dans le registre de la farce (pas de dialogues véritables dans ces premières minutes, juste des grognements, des cris...). La plupart de ces séquences sont déjà gavées d'un symbolisme qui les rendent proprement incompréhensibles et du coup, à mes yeux, totalement arbitraires (la plus symptomatique étant celle où des individus habillés en soldats romains entraînent le Christ dans un entrepôt et en font des "copies"). La rencontre avec l'alchimiste, au sommet d'une tour, univers parallèle où s'effritent tous les repères spatiaux et temporels, laisse espérer une entrée dans le fantastique. Cet espoir d'une nouvelle approche, qui permettrait enfin de nous faire accepter toutes les aberrations, est vite réduit à néant. Le Maître (Jodorowsky lui-même) assène à son visiteur, pendant vingt minutes, des sentences ésotériques et l'accompagne dans une série de rituels improbables. Survient alors un nouveau changement de direction avec une succession de sketchs satiriques prenant pour guides chacun des nouveaux compagnons du Christ et pour cibles les principaux travers de la société (militarisme, course au progrès, absurdités technologiques, déshumanisation...). Dans leur majorité, ces huit sketchs sont assez mauvais (celui qui se termine dans un musée d'art contemporain sexuel, devant une machine à orgasme, est d'une bêtise sans nom), à l'exception de celui centré sur la femme dirigeant une usine d'armement et présentant sa gamme de fusils pour les jeunes hippies (fusils décorés donc aux couleurs du flower power) et surtout celui qui montre une étrange fabrique de jouets dont tous les ouvriers sont des vieillards et dans laquelle une patronne belle et hautaine se déplace sur fond de musique classique. Ce sera le seul moment où le cinéaste arrêtera la déconne et le mysticisme pour donner un peu de beauté triste à son film. Enfin, la dernière partie, très longue, nous achève en donnant au spectateur l'impression de partager le quotidien d'une communauté de hippies abrutis par toutes les substances possibles. Tout cela est vraiment très intéressant... Il y a bien, au cours du long chemin parcouru par cette secte, pendant cinq minutes, quatre ou cinq flashs saisissants qui renouent avec la cruauté du surréalisme mais le tout se termine par une pirouette de Jodorowsky qui dévoile l'envers du décor de la fiction et qui ne nous fait ni chaud ni froid.

    Il y aura donc eu de nombreux beaux corps dénudés, des visions extrêmes à base d'obscénités sexuelles ou de corps difformes nous sortant par instants de l'hébétude, des séquences très gonflées (un vieillard offre son oeil de verre à une fillette). Il y aura eu surtout un ennui insondable. Tiens, notons que La montagne sacrée se frotte un instant au tabou de la défécation, qui n'a vraiment été affronté, à ma connaissance, que dans ces années 70, dans des oeuvres aussi différentes que le Sweet moviede Dusan Makavejev ou Au fil du tempsde Wim Wenders. Je vous vois sourire (ou frémir) en attendant une chute scatologique pour terminer cette note, mais non, ne contez pas sur moi pour écrire des choses pareilles...

  • Valse avec Bachir

    (Ari Folman / Israël - Allemagne - France / 2008)

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    valsebachir.jpgValse avec Bachir (Waltz with Bashir) est, au départ, un documentaire, auquel s’ajoutent des séquences de rêves et de souvenirs, de fiction donc, le tout étant soumis, chacun le sait maintenant, au traitement du cinéma d'animation. Documentaire et fiction : le voisinage de ces deux termes au sein d’une oeuvre cinématographique est toujours extrêmement délicat à manier. Il se trouve qu'ils sont ici dépassés, neutralisés et unifiés par le troisième, l'animation. Quelque chose d'unique se produit sous nos yeux (comme tout le monde, sans en être totalement sûr, je suppose qu’Ari Folman agit en précurseur et crée un nouveau genre) : la question de la frontière entre réalité et fiction ne se pose absolument pas, l'entremêlement des divers registres n’est jamais un problème. Avant la projection, je croyais que le mode d’expression choisi permettait à l’auteur de toucher le non-représentable. Or, il ne s’agit pas vraiment de trouver une autre voie pour approcher l'insoutenable (la guerre et les massacres). Les images dessinées de Valse avec Bachir ne brisent pas de tabou et la violence qu'elles montrent ne va pas au-delà des limites de la représentation habituelle. Non, l'intérêt est ailleurs : dans la création d'un objet esthétique singulier et cohérent, qui agrège des éléments aussi disparates que des entretiens enregistrés, des récits de guerre et des cauchemars. Valse avec Bachir, c'est une certaine ambiance, une certaine lumière.

    Car avant d'être un film sur la guerre, c'est un film sur la mémoire. Ari Folman a fait la guerre du Liban en 1982 mais semble n'en avoir gardé aucun souvenir. Il a donc décidé d'interroger des psychanalystes et des compagnons d'armes, de façon à rassembler le plus d'éléments possibles et peut-être de déclencher un retour de mémoire. L'enquête est donc menée plus sur lui-même et sur son rapport à un passé traumatisant que sur un événement dont le contexte, les raisons et les acteurs sont déjà connus (les massacres des réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila, perpétrés par les Phalangistes, milice chrétienne libanaise, et facilités par la passivité des militaires israéliens occupant cette partie de Beyrouth). Tirés des enregistrements réalisés, les propos psychanalytiques sont passionnants et dits avec naturel. De même, les paroles des anciens soldats sont porteuses de détails et lâchées dans des phrasés qui ne peuvent se révéler que par le documentaire (autant que les saisissants récits de combat, les moments consacrés à l'arrière, à la vie qui y continue, sont très touchants). Vérité et esthétique : Ari Folman joue et gagne sur les deux tableaux.

    Comme toujours en animation, il faut un certain temps avant de s'habituer au style (Folman a d'abord filmé classiquement ses entretiens et a ensuite tout numérisé et animé). Les mouvements sont à la fois saccadés et ralentis, les dessins à gros traits laissent saillir des détails importants (les regards surtout) : cela s'accorde finalement très bien avec la thématique, celle d'une recherche introspective, d'un flottement à l'intérieur de soi. Certaines séquences sont plastiquement superbes, en particulier toutes celles qui montrent la mer.

    Au terme d'une progression parfaite où tous les niveaux (chronologie des événements passés, remontées des souvenirs...) convergent vers le même point, Ari Folman a recours in extremis à des images d'archives bien réelles de femmes palestiniennes en pleurs et de cadavres. La séquence peut heurter dans le sens où elle semble soudain en contradiction avec la recherche d'une autre voie qui a précédé. Mais on peut aussi bien trouver, comme je suis enclin à le faire, des justifications fortes. D'une part, telles qu'elles sont montées, ces images arrivent comme contrechamp du regard du soldat Folman. Il est parvenu au bout de sa recherche et revoit enfin clairement la réalité. D'autre part, l'effacement de toute frontière entre documentaire et fiction ayant eu cours magistralement pendant 90 minutes, sans doute n'est-il pas inutile de marteler cette évidence : cela a été.

  • El Topo

    (Alexandro Jodorowsky / Mexique / 1971)

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    eltopo.jpgAh ouais, quand même… J’ai déjà vu quelques films de tarés mais dans le genre "on fait n’importe quoi" El Topose pose là. Si la vision du délire culte de Jodorowsky me fût plutôt pénible, en résumer l’argument est cependant un plaisir. Un étrange cavalier, tout de noir vêtu et que l’on nommera au choix El Topo (la Taupe) ou Dieu, sillonne le désert accompagné d’un enfant de sept ans seulement habillé d’un chapeau. En chemin, ils tombent sur un terrible charnier, puis retrouvent les coupables dans un monastère avant de les occire. Au moment de repartir, El Topo abandonne le gamin et emporte sur son cheval une femme qu’il vient de sauver et qui maintenant n’a d’yeux que pour lui. Il la prend violemment dans les dunes. Elle lui répond qu’elle l’aimera plus encore lorsqu’il aura affronté les quatre meilleurs tireurs du désert. Ce qu’il ne tarde pas à faire : trépassent donc l’aveugle rapide, le Russe vivant avec sa mère et son lion, le musicien entouré de centaines de lapins et le vieil ermite dont le filet à papillons détourne les balles de revolver. Malgré tout, la femme le quitte pour une autre beauté rencontrée entre temps et qui porte admirablement la veste de cowboy en laissant entrevoir sa poitrine. Laissé à moitié mort, El Topo reprend ses esprits quelques années plus tard dans une grotte entouré de miséreux le vénérant tel un saint. Il décide d’aider cette communauté de pestiférés en creusant un tunnel qui leur permettrait d’aller vivre dans la ville voisine, tenue toutefois par une horde de vieilles femmes très dignes mais libidineuses et esclavagistes. Notre homme ne pourra éviter un nouveau massacre d’innocents et même si l’enfant qu’il a jadis abandonné ré-apparaît et si sa nouvelle femme naine vient d’accoucher, il s’immole.

    De par sa succession de duels, ses scènes de pillage et de violence physique, ses coulées de litres de sang, ses femmes malmenées, El Topoprend la forme d’une parodie de western italien. Leone est directement cité (moqué ?) à l’occasion d’un face à face où l’un des bandits place entre lui et son adversaire un ballon gonflable qui se vide alors de son air dans une longue stridence, clin d’oeil sonore aux expériences musicales de Morricone. La violence, présente du début à la fin, tient du grand guignol et elle se trouve totalement détournée, détachée de toute nécessité, par la volonté graphique et les effets d’un montage à la hache. Comme beaucoup de freaks rencontrés dans le film, les bras nous en tombent, au point de se croire parfois chez les Monty Python. Les lapins sont sans doute les mêmes que ceux de Sacré Graal ! et l’ermite revient dans La vie de Brian (et Alexandro Jodorowsky, qui joue le rôle-titre de son film, a parfois de faux airs de Graham Chapman). Cela ne serait nullement gênant si le comique était toujours volontaire, mais ailleurs, le cinéaste est tellement pompeux avec ses références mystiques, tellement sûr de faire oeuvre poétique et politique (des vieilles bourgeoises ridées et grasses abattent des Noirs comme on tire au pigeon : Attention message !). Tout l’attirail du surréalisme est convoqué : bestiaire étonnant, blasphèmes, corps difformes (sans doute ce qu’il y a de meilleur dans le film), pulsions sexuelles, cruauté… Seulement, une pantalonnade, même surréaliste, reste une pantalonnade.

    La dernière partie, qui se déroule entre la grotte et la ville, tire vers une religiosité qui se voudrait forcément ambiguë et qui n’est qu’ennuyeuse. De ces moments interminables ne se détachent que cinq minutes dans l’église quand le prêtre pousse ses fidèles à mettre leur foi à l’épreuve dans un jeu de roulette russe (séquence amorcée par le seul gag véritablement drôle du film : la révélation que le curé, vu de dos en plein recueillement sur son prie-dieu, est en fait en train de picoler). Partant dans tous les sens, mal joué, construit à la va-comme-j’te-pousse et tombant sans arrêt dans le ridicule, El Topo a pour unique qualité une assez belle photographie.

    Saurai-je trouver en moi les forces nécessaires à la vision de La montagne sacrée, l'oeuvre suivante de Jodorowsky ? Vous le saurez dans les jours prochains...

  • Romanzo criminale

    (Michele Placido / Italie / 2005)

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    RomanzoCriminale.jpgRécit d'une odyssée criminelle couvrant la période la plus agitée que connût l'Italie après la guerre, soit les années terroristes 70 et 80, Romanzo criminalese place au coeur d'un genre bien établi dans la cinématographie transalpine, tout en s'appuyant sur une esthétique toute américaine. La première partie de cette fresque accumule ainsi les figures scorsesiennes dans sa description de l'ascension irrésistible d'une bande de malfrats dans le monde de la criminalité mafieuse. La pathologie de certains membres du gang, les éclats de violence et tous les signes constitutifs de la grande délinquance (armes à feu, liasses de billets, drogue) sont traités selon le rythme fiévreux et musical de l'auteur des Affranchis (la bande-son est également saturée de vieux tubes rock'n'roll). Et à l'image de son modèle, Michele Placido, nous plonge dès le générique dans la spirale, les présentations des principaux personnages se faisant dans la fébrilité d'un événement dramatique et violent. Ce début, qui voit les protagonistes à l'âge de l'adolescence se faire arrêter par la police au terme d'une folle virée nocturne, a valeur de moment traumatique fondateur pour les membres du groupe. A plusieurs reprises dans le récit, nous reviendrons (c'est l'un des choix de mise en scène discutables du film), par flash-back ou retour réel d'un personnage, sur cette plage où eu lieu l'arrestation.

    Si la première heure suit les activités multiples de la bande, elle met en avant deux de ses principaux membres, Il Freddo et Libano, qu'elle oppose systématiquement en partant de leur lien indéfectible. Le premier est plus réfléchi, le second est plus impulsif, avide de pouvoir. Leur trajectoire semble tout tracée. Leur discussion au bord de la mer sur leur fascination (ou pas) envers les empereurs et les dictateurs enfonce un clou qui, plus tard, traversera carrément la planche lors de la mort violente de l'un d'eux (qui ne manquera pas de proclamer son appartenance au cercle des grands hommes avant de rendre son dernier souffle).

    Après la montée survient forcément la chute (et Coppola de prendre la place de Scorsese). Plusieurs éléments perturbateurs commencent à dérégler la machine et le volet le plus intéressant du scénario se déploie quand des instances politiques viennent à se servir des gangs mafieux pour répondre aux actions des Brigades Rouges. Les malfrats deviennent ainsi l'un des maillons du "terrorisme noir" (orchestré par les groupes les plus à droite du milieu politique et activiste italien), par opposition au "terrorisme rouge". Les épisodes relatés sont assez passionnants, même si la politique n'est finalement ici qu'à l'arrière plan, simplifiant beaucoup les choses (notamment en présentant comme homme de l'ombre quelqu'un qui semble connaître la marche de l'histoire avant tout le monde, prévoyant par exemple la chute du mur de Berlin, procédé toujours gênant).

    Si du côté du scénario trop de croisements sont forcés (le commissaire et l'un des truands sont amoureux de la même femme, le jeune frère d'Il Freddo se fournit en drogue chez l'un des associés du gang...), l'une des grandes forces du cinéma italien actuel se retrouve tout de même : la reconstitution parfaite des années 70. Cette réussite ne repose pas vraiment sur les quelques inserts de documents d'archives (dont le choix et l'intégration sont assez banals), mais plutôt dans cette façon de re-capter l'air du temps sans nous barber avec une avalanche de plans pittoresques sur tel ou tel élément de la vie de l'époque : vêtements, véhicules, design...

    Longue de 2h30, embrassant une bonne vingtaine d'années, la fresque manque de souffle mais l'indécision dans le suivi de tel ou tel protagoniste, les a-coups de la narration et le déséquilibre entre les différentes parties (annoncées par un carton portant le nom d'un des gangsters) rendent paradoxalement service au film. L'interprétation est de bonne facture (mention tout de même à Kim Rossi Stuart et Jasmine Trinca). Indiscutablement, Romanzo criminalesouffre de deux choses : une mise en scène peu subtile de Michele Placido et quelques dialogues relativement bateau. Il faut dire surtout qu'une ombre s'étend sur tout le film : celle de Nos meilleures années de Marco Tullio Giordana, dont on retrouve les scénaristes Stefano Rulli et Sandro Petraglia. Cette oeuvre-fleuve, d'une importance capitale dans le cinéma italien actuel (et au-delà, si l'on pense à ce qu'on apparemment tentés récemment Ducastel et Martineau avec Nés en 68), réussissait miraculeusement sur tous les tableaux quand Romanzo criminalene tient la distance que sur quelques uns. Il y a même une légère ironie à constater que le mélodrame de Giordana est une oeuvre pensée pour la télévision qui accède par sa forme et son souffle au grand art et que le grand spectacle de Placido équivaut finalement à une bonne série policière.

  • Belfort

    (Gaëtan Chataigner / France / 2008)

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    belfort.jpgPour fêter les 20 ans des Eurockéennes de Belfort, commande a été passée à Gaëtan Chataigner pour qu'il réalise un documentaire-hommage au célèbre festival. Chataigner est le bassiste des Little Rabbits, meilleur groupe de rock français du monde au tournant des années 2000, splitté depuis, pour mieux renaître sous le nom de French Cowboy et, parallèlement, en orchestre de luxe pour les concerts de Philippe Katerine. Sachant que notre homme adore depuis toujours bidouiller des vidéos pour son groupe ou ses grands potes que sont Katerine et Dominique A., le projet promettait énormément sur le papier.

    Refusant de se contenter d'aligner des extraits des concerts ayant marqué deux décennies d'Eurockéennes, Chataigner a choisi de tourner une mini-fiction qui accueillerait sur la bande-son et en inserts ces grands moments musicaux. En partant de la Vendée, nous prenons donc la route aux côtés d'un couple de jeunes amoureux nantais, résolus à gagner Belfort en stop. Les kilomètres défilent ainsi dans la voiture d'un cadre trop bavard, dans le camion d'un fan de métal et enfin dans la Ford Mustang d'un doux allumé tout de cuir noir vêtu (Eric Pifeteau, que je préfère quand même sur scène, derrière sa batterie). Aucun dialogue ne s'entend. Seule une voix-off au ton détaché (celle de Federico Pellegrini, troisième Rabbits embarqué dans l'histoire) nous guide en jetant en arrière, vers ces années d'indépendance, un regard aussi tendre que désabusé.

    Gaëtan Chataigner a voulu faire tout autre chose qu'un catalogue commémoratif. Il y a cependant un peu trop de décalage dans son road movie. La fiction, si sympathique soit-elle, a du mal à s'incarner réellement dans ces personnages immatures et la série de saynètes qui en découle est très inégale. On a l'impression d'avoir une succession de scènes dont chacune doit proposer une idée visuelle originale et/ou décalée. L'intégration des musiques et des images live passe elle par des procédés très divers : illustration litérale des paroles (un homme inquiétant joue avec son fusil dans les bois sur le Stagger Leede Nick Cave; le jeune couple se déchaîne sur une piste de danse au son du I bet you look good on the dancefloordes Artic Monkeys), évocation d'une certaine ambiance (le son de Portishead sur des images, vues d'un train, de paysages défilant; tendresse et complicité amoureuse sur le Karma policede Radiohead), rimes visuelles (montage qui souligne la ressemblance entre l'héroïne de la fiction et Kim Gordon de Sonic Youth) et mise en parallèle d'univers proches (The Gossip sur des plans de quartiers chauds parisiens). Les nombreux mais trop brefs extraits sont constamment entrecoupés, le son est trituré en jouant sur les sources possibles (poste de radio, magnétophone, son direct du concert...) et tout cela se révèle assez frustrant. Difficile donc de dégager une performance ou un autre, tout au plus peut-on saisir des moments consacrés au gens qui nous touchent particulièrement, soit pour ma part Pixies, Sonic Youth, PJ Harvey ou LCD Soundsystem, parmi beaucoup d'autres. La petite déception ressentie devant Belfort tient surtout à ce constat : tous les artistes entr'aperçus sont si précieux et si rarement mis en avant ailleurs que les hommages les plus originaux et les plus déconstruits ne sont pas forcément les plus nourrissants.

    Le film, diffusé deux fois sur la TNT de façon indigne par Virgin 17 (dans la nuit et, la deuxième fois, avec 1 heure de retard sur l'horaire annoncé), est visible dans son intégralité sur Daily Motion, mis en ligne par les gens des Eurockéennes eux-mêmes.

  • L'orphelinat

    (Juan Antonio Bayona / Espagne / 2007)

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    orphelinat.jpgM'étant enfin décidé à aller voir L'orphelinat (El orfanato), repris à l'occasion de la Fête du Cinéma, je me disais que je pourrai débuter ma note sur ce film, qui ne pouvait manquer d'être intéressant, par un parallèle (drôle et pertinent, personne n'en doute je l'espère) entre l'actuelle bonne santé du cinéma espagnol et la victoire méritée de leur équipe nationale à l'Euro de foot. Mais voilà qu'une simple phrase fit voler en éclats ma résolution. Elle fut entendue lors de l'achat de ma place : "Je vous préviens, on vient de m'annoncer que le film est en VF et non en VO comme prévu". Grimace et demande d'un temps de réflexion. Trois possibilités. La première : tenter vaille que vaille de faire abstraction du doublage, en se disant qu'il ne doit rien y avoir de plus ressemblant à un cri de terreur en espagnol qu'un cri de terreur en français. La deuxième : choisir un autre film, sachant que le Desplechin est déjà vu et qu'il ne reste que Sagan et J'ai toujours rêvé d'être gangster(vraiment, mais alors vraiment pas envie du tout, ni de l'un ni de l'autre). La troisième : refaire dans l'autre sens 25 minutes de bagnole en râlant. Je choisis la réponse A. La soirée commençait donc mi-figue mi-raisin et ma réception du film doit se moduler du coefficient correcteur VF.

    L'orphelinat en question est celui dans lequel a grandi Laura qui, à 37 ans maintenant, décide de racheter cette grande bâtisse d'un autre âge pour y créer à son tour une institution d'accueil pour enfants. Elle emménage avec son mari et son fils Simon, adopté et de surcroît malade. A peine installé, ce dernier dit avoir fait connaissance et jouer régulièrement avec des enfants que personne d'autre ne voit. De plus en plus inquiet, le couple voit sa vie basculer lorsque Simon disparaît un jour. Des mois durant, sa mère continue à le rechercher, d'abord avec l'aide de la police puis usant de techniques paranormales afin d'affronter les esprits possédants la maison.

    Le film commence par agacer un poil. La faute à une mise en scène tendue uniquement vers la recherche de l'efficacité, quitte à verser parfois dans l'esbroufe. Bande-son surchargée, mouvements de caméra, le cinéaste n'y va pas avec le dos de la spatule pour créer l'angoisse. La désagréable impression que nous sommes menés en bateau de façon grossière affleure ça et là. Cette impression se révélera fausse sur la durée, le récit s'avérant plutôt habile, mais dans toute la première partie, J.A. Bayona paraît couper ses scènes quand ça l'arrange bien, de peur de trop en dire, ce qui provoque un certain arbitraire dans la construction (idem quand il place ses personnages en situation, seuls ou pas). Visant donc une efficacité maximale, il rate deux ou trois scènes (la course affolée sur la plage, l'accident de l'assistante sociale), mais les moments de tension sont particulièrement prenants et les sursauts ne sont pas rares (qui ne bondit pas lors de la scène dans la salle de bain est drogué, endormi ou en phase terminale).

    Souvent, Bayona veut jouer en même temps sur deux tableaux et paraît s'égarer avant d'emporter le morceau. Par conséquent, nous n'arrêtons pas de nous dire : "Mais bon, c'est vrai que....". Il en va ainsi devant l'intrusion du surnaturel. Le film se retient de s'y engouffrer totalement, s'appuyant de temps à autre sur le regard critique et rationnel du mari. Mais bon, c'est vrai quele dénouement justifiera ces allers-retours. L'arrivée de la médium avec son équipement ultra moderne (écrans multiples, capteurs) sent bon l'effet de mise en scène gratuit. Mais bon, c'est vrai que la séquence culmine dans une apothéose stressante encore une fois très efficace. Enfin, le point de rupture dans le couple est amené de manière abrupte alors qu'il aurait dû être tangible bien plus tôt. Mais bon, c'est vrai que cette scène se termine sur un échange sensible à propos de la perte d'un enfant.

    Comme je l'ai dit plus haut, le plaisir du genre est là. On en vient à sourire d'aise quand une énième porte s'ouvre sur un escalier sordide qu'il faut descendre. Comme prévu dans ce type de production, tout se termine sur un retournement de situation. Celui-ci se révèle totalement bluffant. Bayona fait (enfin) preuve d'audace en choisissant le pire, c'est-à-dire le plus absurde, et en filmant des gestes de tendresse terribles et effrayants mais particulièrement beaux. La clé de l'énigme non seulement éclaire le récit d'un autre jour (c'est bien le moins qu'elle puisse faire) mais apporte l'émotion et la profondeur qui a souvent manqué jusque là, le cinéaste ayant été un peu trop obnubilé par ses effets, au détriment du travail autour de quelques pistes intéressantes (la fusion mère / fils jusqu'au mimétisme, jusqu'à la répétition des drames etc...). Il est fort dommage que le film continue encore 5 minutes. On ne nous laisse pas au bord de l'abîme. On nous raccompagne jusqu'à la sortie, la main sur l'épaule pour ne pas trop nous traumatiser, avec une première coda souriante au milieu des enfants et une seconde, apaisante à peu de frais. Elles ne changent pas l'issue du drame, mais l'adoucissent. Jouer sur deux tableaux disais-je...

    Futur auteur brillant ou réalisateur routinier, bien malin qui peut présager de la suite en ce qui concerne Juan Antonio Bayona après ce premier film, produit par Guillermo del Toro (qui, de par ses productions et ses propres réalisations, entre autres celles-ci dont je vous avais entretenu, a prit une place primordiale ces dernières années au sein des cinémas mexicain et espagnol). Une remarque pour finir : que ce solide film de genre soit, comme le dit son affiche, "le plus gros succès espagnol de tous les temps" laisse rêveur dans notre doux pays des Bronzés et des Ch'tis.