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Nightswimming - Page 123

  • Diary of the dead

    (George A. Romero / Etats-Unis / 2008)

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    Diaryofthedead.jpgCinquième volet de la série des Morts-vivantsde Romero, Diary of the deada, depuis sa sortie en juin dernier, partagé un peu la critique et beaucoup les bloggeurs (voir plus bas). Personnellement, seul le quatrième épisode (Land of the dead) m'est inconnu. Les trois premiers (dont Le jour des morts-vivants auquel j'ai consacré une note ici) m'avaient fortement intéressé, sans toutefois me faire prendre George A. Romero pour autre chose qu'un petit maître de l'horreur (si je considère l'après-Mario Bava, je ne qualifierai d'ailleurs personne, dans le genre, de grand maître : ni Argento, ni Carpenter, ni Craven, en sachant que si Cronenberg mérite l'appellation c'est qu'il est vite passé à autre chose. Fin de la parenthèse, début des commentaires outrés ?). J'attendais cependant avec une certaine impatience de voir cette variation. Assez cruelle fut la déception.

    Il y a plusieurs raisons à cela, mais l'une dépasse toutes les autres. On le sait, chaque film de la série traitait en creux d'un mal de l'époque. Le Romero 2008 s'attaque à la multiplication des images, au nouvelles technologies et aux nouvelles sources d'informations qui en découlent. Je viens d'écrire, concernant les épisodes précédents, "traitait en creux" : le problème se limitait à un fond politique ou à un cadre symbolique. Or, Diary of the deadest un discours et il n'est presque que cela. Une poignée d'étudiants en cinéma part tourner un film d'horreur dans leur mini-bus quand se déclare la fameuse épidémie. Le metteur en scène du groupe décide alors de tout filmer autour de lui, pour témoigner, via internet, du chaos (que l'on ne ressent guère de par le dispositif choisi par Romero, j'y reviendrai). Ses compagnons lui rappellent sans cesse qu'il y a autre chose à faire que de filmer (mais comme les morts entraînent les morts, le virus de la caméra-témoin se propage lui aussi à toute l'équipe). Tourner au lieu de (sur-)vivre, être dépendant des flots d'images, se laisser avaler par tous ces écrans sans exercer de sens critique : voilà le mal dénoncé par Romero dans une mise en garde qui ne se distingue pas par sa nouveauté. Si seulement tout cela était dit à une ou deux occasions... Mais non, absolument chaque scène rabâche cette même idée et le plus souvent en passant par les dialogues, ce qui ajoute encore à la lourdeur.

    Diary of the dead, hormis quelques inserts venant d'internet, a pour unique source d'image les rushes tournés par l'équipe d'étudiants. Ce choix, encore une fois peu original (Le projet Blair Witchm'avait, à l'époque, plus bluffé sur ce plan-là), nous prive de la mise en scène des espaces clôts sur laquelle les précédents volets étaient basés. Mise à part la luxueuse résidence du dénouement, aucun décor n'est marquant. Et nous de nous dire qu'un film au regard classiquement objectif, qui permettrait d'élargir le cadre, quitte à le mélanger avec ces prises de vues documentaires, aurait très bien pu aborder pertinemment le thème tout en bénéficiant d'une plus ample mise en scène. Le profit que tire Romero de son dispositif est bien mince : quelques jeux plaisants autour des images manquantes (problèmes de batteries déchargées, place du cameraman trop éloignée de l'action) et crédibilisation des attaques des zombies par le resserrement du cadre.

    Mais, autres soucis, Romero ne propose toujours pas une direction d'acteurs convaincante ni des dialogues brillants et l'habituel renversement des valeurs (les milices Noires généreuses et la Garde Nationale qui pille) devient routinier. Le meilleur réside donc encore une fois dans la façon de filmer les morts-vivants, toujours inventive et très poussée ici vers le hors-champ. Un léger redressement se remarque dans le dernier quart d'heure, si l'on excepte le passage ridicule de la répétition dans la réalité de la scène de la momie et de la fuite de Tracy avec le bus. La contamination de l'acte de filmer, déjà évoqué, la démarche alcoolisée qui devient zombiesque, l'enfermement des survivants, la séquence-choc finale qui interroge frontalement notre voyeurisme, nous font un peu oublier la lourdeur du dispositif. Mais on note aussi que pour la première fois dans la série, les gestes et les stratégies sont très peu réfléchis au regard du danger, ce qui facilite grandement les morsures. Une chose étonne : ces étudiants en cinéma, connectés et sur-informés n'ont manifestement jamais vu aucun film de Romero.

    Autres avis, très partagés, à lire chez : Ishmael, Doc Orlof, Shangols, Pibe San, Rob Gordon, Norman Bates.

  • Choses secrètes

    (Jean-Claude Brisseau / France / 2002)

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    chosessecretes.jpgJe précise d'emblée que vous ne trouverez ici nulle remarque sur "l'affaire Brisseau" qui occupa bien du monde en 2005. Je n'en connais précisément ni les détails ni les conséquences actuelles. Des deux positions les plus affirmées par les commentateurs de l'époque aucune ne me convient : ni le lynchage d'une personnalité hors-norme, ni l'excuse de tout écart au nom d'une grande oeuvre. Je ne tiens pas à ajouter d'autres sottises.

    Passée une introduction aussi franche que possible (un show érotique), il n'est pas aisé de s'installer de suite dans Choses secrètes. Image aplatie, (faussement) neutre, diction des comédiens soignée, rigueur et simplicité des cadrages : Brisseau suit une ligne claire, à peine perturbée dans ces premières minutes par une apparition et le caractère sacré de la musique. Sandrine, serveuse dans une boite à strip-tease est fascinée par Nathalie, qui lui propose bientôt de s'installer chez elle et d'abandonner leur job respectif. Nathalie, la sublime et mystérieuse brune, pousse la plus sage et classique Sandrine à oser. Oser aller au bout de ses fantasmes, sans s'attacher aux hommes rencontrés, en ne pensant qu'à son plaisir.

    Choses secrètescommence donc ainsi, par une exploration du désir féminin, et se poursuit selon le programme établi par les deux filles : gravir l'échelle sociale en se servant de leur corps, en séduisant tour à tour des hommes de pouvoir. La neutralité de la mise en scène est donc voulue, exclusivement au service de l'histoire que l'on nous présente. Comme les personnages, elle évoluera. Le début de l'ascension sociale nous le suivons avec un double plaisir : celui du récit au premier degré et celui de la confrontation avec la "feuille de route" établie auparavant. Lors de ces séquences de bureau (ceux d'une entreprise filmée comme une bulle : on n'en sort guère avant le dernier acte et Natalie disparaît quasiment de l'intrigue, laissant Sandrine nous conduire), Brisseau commence à libérer sa caméra. Il excelle à filmer les conversations entre collègues, entre supérieurs et subordonnés.

    Par petites doses, le fantastique est distillé et la dernière partie peut alors y verser allègrement, sans mettre en péril l'équilibre de l'ensemble. Un restaurant désert, un pacte avec le diable, un château, une orgie : il faut une belle naïveté ou une foi inébranlable dans les pouvoirs du cinéma pour oser ainsi aller à contre-courant. Mais Brisseau peut se permettre ces éclats car de la simplicité du début aux audaces de la fin, c'est tout un art de la mise en scène et de la construction narrative qui se déploie sous nos yeux. Il faut voir cette façon évolutive de filmer les bureaux et les couloirs, cette façon d'amener le personnage machiavélique du fils du vieux patron qui prendra bientôt le pouvoir (le présenter n'importe comment dans des petites saynètes étranges l'aurait fait paraître au mieux saugrenu, au pire ridicule, alors qu'ici son importance grandit dans tous les sens du terme au fil du récit).

    Histoire d'une initiation, satire sociale et conte fantastique : ces trois registres se superposent et sont bien sûr encore surplombés par celui de l'érotisme. Car Choses secrètesest, caractéristique rare, un film érotique. Et rare également est la voie choisie par Brisseau. Cette plongée dans la sexualité féminine, à rebours de la quasi totalité des cinéastes travaillant le sujet, il l'aborde sans vraiment poser la question, habituelle depuis quelques années, de la limite de la représentation du sexe. Nulle scène choc vers laquelle convergerait tout le film, nul débat autour de la pornographie, aucun questionnement autour de la position du curseur. La réflexion de Brisseau n'est pas là. Intégrée à un jeu sur les clichés, sur les rapports hommes-femmes, sur les fantasmes et sur les genres cinématographiques, elle est plus profonde. C'est l'un des nombreux mérites de ce beau film.

  • Le trio infernal

    (Francis Girod / France / 1974)

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    trioinf.jpgLe trio infernal, premier film de Francis Girod, est inspiré d'un sordide fait divers de l'entre-deux-guerres. Le notable Georges Sarret, rencontre les deux soeurs Schmidt : Philomène et Catherine, belles, d'origines allemandes et avides d'argent. Le ménage à trois se forme. Les femmes se marient avec des vieillard et l'homme monte les escroqueries à l'assurance vie qui portent leurs fruits à la mort rapide des maris. Cette première partie, plutôt enlevée, est une satire de la bourgeoisie provinciale. La respectabilité est synonyme de ridicule ou de monstruosité cachée. Au-delà d'une esthétique rétro guère renouvelée (mais Resnais lui-même, avec Stavisky, n'avait pas totalement réussi à la dépasser), l'humour noir et les audaces sexuelles propres à l'époque tirent vers la farce. La peinture grinçante évoque Chabrol, le trio, les uniformes, la cruauté, renvoient aux Folies de femmesde Stroheim. Georges et Philomène, c'est le couple de vedettes Romy Schneider et Michel Piccoli, utilisé à contre-emploi. Ce dernier est assez impressionnant dans le registre du clown réactionnaire et dépravé. La troisième est la découverte Mascha Gonska qui montre bien plus que ses charmes physiques.

    Tout aussi bien mis en valeur sont les seconds rôles notamment Philippe Brizard et Andréa Ferréol. C'est avec eux que débute le second mouvement du film et premier virage à 180°. Chambon (Brizard) est associé aux magouilles de Sarret. Le fait que lui et sa femme soient riches les désignent comme les prochaines victimes du trio. Alors que le parcours était jusque là borné par des morts certes accélérées mais naturelles, le meurtre prémédité prend maintenant la place. Francis Girod se passe alors quasiment de dialogues, étire ses séquences et pousse ses acteurs dans leurs retranchements physiques et nerveux. La violence éclate soudain dans toute sa brutalité et surtout l'immédiat après-meurtre (nettoyage et élimination des corps) est enregistré longuement et froidement. Ici, dans ces mares de sang, sanglée dans son tablier de boucher, Romy Schneider a des regards qui en disent long sur le palier franchi dans la folie furieuse. Cette sidération, Girod l'atténue malheureusement ensuite, quand lors des allers-retours destinés à vider l'infâme baignoire de ses restes, il fait passer doucement le malaise par des pointes d'humour (les chutes dans l'escalier, les masques à gaz) et le désamorce.

    Après l'horreur, les magouilles continuent. Le trio jette son dévolu sur une orpheline malade, recueillie pour prendre l'identité de Catherine et mourir à sa place. Le film change à nouveau de ton et de rythme. Plus léchée, plus travaillée, cette partie est la moins captivante. La mise en scène du dénouement, de par la position des personnages et le décor, donne la clé : il s'agissait de finir comme sur une scène de théâtre.

    Les ruptures de tons et l'indécision du rythme font l'intérêt et la limite du Trio infernal, qui se trouve finalement déséquilibré par les deux ou trois longues et fortes scènes de la partie centrale du récit. Sans aller trop loin, le film bouscule tout de même assez les conventions pour se faire attachant.

  • Tumultes

    (Robert Siodmak / France - Allemagne / 1932)

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    tumultes.jpgRalph Schwartz est un bon gars un peu brute, un voyou qui en impose tout en sachant mettre tout le monde dans sa poche par sa gouaille naturelle. Grâce à sa bonne conduite, il sort plus tôt que prévu de taule, où il a passé deux ans comme en colonie de vacances. Il court retrouver sa donzelle Ania. Elle est surprise mais heureuse. Elle pense un peu trop à la bagatelle alors que Ralph doit ouvrir tout son courrier. Elle lui fout du rouge à lèvres sur la joue. Faut pas pousser : Ralph lui en colle une. Quelque chose nous dit qu'elle l'a bien méritée. Les potes qui s'ramènent, ça détend l'atmosphère. Alors qu'on n'attend pas pour mettre au jus Ralph du casse à venir, Ania parle en douce à Gustave, son amant, "photographe d'art" (pour qui elle a posé nue, la garce). Le manège éveille les soupçons de Willy, le jeune garçon (d'une bonne trentaine d'années), que Ralph a été sortir de maison de correction (dette d'honneur). Doit-il tout balancer à son protecteur ? Il ne tient pas longtemps et c'est le drame : Gustave finit éclaté dans la mare. Ralph en colle une autre à Ania, mais cède à nouveau devant ses appâts, avant de s'enfuir pour pas se faire choper par les flics. Mais elle le trahit encore, et doublement même : elle le donne à la police et met le grappin sur Willy. Retour en taule pour Ralph. Il faut qu'il se fasse la malle pour se venger. Le différend se règle à coups de couteau et de poings, entre vrais hommes. Les deux se relèvent tant bien que mal. Ralph laisse volontiers cette grue à Willy, en lui souhaitant bon courage pour les années à venir. Au bon commissaire, il dit qu'il préfère encore la taule à toutes ces saloperies.

    Tumultes (Sturme der Leidenschaftpour les Allemands, selon la pratique de l'époque des doubles versions) est un bien mauvais film de Robert Siodmak, cinéaste cosmopolite par la force des choses (le nazisme le poussa à quitter l'Allemagne pour la France, puis l'Amérique) et auteur inégal parfois capable du meilleur (Les hommes le dimanche, Les tueurs, Les SS frappent la nuit). Ce drame criminel accumule tous les défauts possibles des oeuvres du début du parlant : des personnages univoques, des bons mots popus à chaque phrase, du théâtre, une interprétation appuyée, une profonde misogynie. Le cabotinage est la règle. Charles Boyer, dans le rôle de Ralph, est mauvais comme un pou. Florelle (Ania) lui donne la réplique en jetant de temps en temps quelques rapides coups d'oeil à la caméra (?!?). Une scène de hold-up totalement invraisemblable fait penser à celle du Pigeonalors qu'elle se veut sérieuse. Dans cet océan de clichés sur le petit monde des voyous des faubourgs, on pourrait mettre à l'actif de Siodmak quelques beaux travellings, une bagarre nerveuse filmée de manière expressionniste, une brève tentative de caméra subjective (mais annulée par le plan suivant, des plus banals, nous révélant l'identité du personnage dont on a épousé tout à coup la vision), une fulgurance érotique à la Louise Brooks - GW Pabst (quand Ania offre sa gorge, tête renversée, à Ralph), mais tous ces éléments ne raccordent jamais et accusent le statisme du reste. L'ensemble est d'un ennui à peu près total.

  • Un questionnaire cinéphile

    Depuis quelques jours, papillonne sur la toile un questionnaire cinéphilique, exercice toujours sympathique qui nous en apprend à chaque fois beaucoup sur chacun. Découvert pour ma part chez Dasola, il semble prendre l'allure d'un portrait chinois ("si vous étiez..., vous seriez...") mais comme certaines catégories collent moins bien que d'autres avec ce strict principe, mes réponses, lancées à la va-vite sans trop de réflexion, seraient plutôt la conséquence de la question :

    Si, aujourd'hui, vous deviez citer :

    mulholland-drive.jpgUn film : Mulholland Drive(D. Lynch)

    Un réalisateur : Stanley Kubrick

    Une histoire d'amour : Celle de L'Atalante(J. Vigo).

    Un sourire : Celui de Catherine Mouchet dans Thérèse (A. Cavalier)

    yeuxsansvisage.jpgUn regard : Celui d'Edith Scob dans Les yeux sans visage(G. Franju).

    Un acteur : Le Al Pacino des années 70.

    Une actrice : Louise Brooks.

    Un début : Walter Pigeon qui tient en joue Hitler dans Chasse à l'homme(F. Lang).

    Une fin : La photo de Nicholson au bal de l'hôtel Overlook (Shining, S. Kubrick)

    Un générique : Celui, invariable, des films de Woody Allen.

    prisonnieredesert.jpgUne scène clé : John Wayne qui soulève Natalie Wood qu'il vient de retrouver et qui lui dit : "Let's go home, Debbie" (La prisonnière du désert, J. Ford).

    Une révélation : Le "retour à la vie" de Paul Meurisse dans Les diaboliques(H.G. Clouzot).

    Un gag : Peter Sellers en Inspecteur Clouzot loupant la porte, se cognant au mur de la salle de billard et lançant, génial de mauvaise foi, à son hôte dépité : "Votre architecte devrait se faire interner..." (Quand l'inspecteur s'emmêle, B. Edwards).

    Un fou rire : Ceux de Irene Dunne devant les galères de Cary Grant dans Cette sacrée vérité(L. McCarey).

    amerique.jpgUne mort : Celle du plus jeune membre du gang de Noodles, qui tombe sous les balles du rival en disant "J'ai glissé" (Il était une fois en Amérique, S. Leone).

    Une rencontre d'acteur : Tom Cruise et Nicole Kidman (Eyes wide shut, S. Kubrick).

    Un baiser : Marlene Dietrich et une spectatrice (Morocco, J. von Sternberg) ou Ingrid Bergman et Cary Grant (Les enchaînés, A. Hitchcock).

    Une scène d'amour: Celle qui n'a pas lieu entre Scarlett Johansson et Bill Murray (Lost in translation, S. Coppola).

    Un plan séquence : L'ouverture de The Player(R. Altman).

    Un plan tout court: Filmée en plongée, Juliette Binoche regarde vers le haut et du coin de la bouche souffle et fait bouger ses cheveux noirs (Mauvais sang, L. Carax).

    moissons.jpgUn choc plastique en couleurs: Les moissons du ciel(T. Malick).

    Un choc plastique en N&B: Rouges et blancs(M. Jancso).

    Un choc tout court: Seul contre tous(G. Noé).

    Un artiste surestimé : Dans les contemporains, Albert Dupontel.

    Un traumatisme : La scène de torture, suggérée, sur Harry Dean Stanton dans Sailor et Lula(D. Lynch)

    Un gâchis : Hal Hartley après Amateur.

    Une découverte récente : Johnnie To.

    Pierrotlefou.jpgUne bande son : Celle de Pierrot le fou(J.L. Godard, dialogues, voix, bruits, musiques et chansons).

    Un somnifère : Les harmonies Werckmeister(B. Tarr)

    Un monstre : Nosferatu(F.W. Murnau).

    Un torrent de larmes : La séparation par les flics de The Kid(Ch. Chaplin) et la fin du Voleur de bicyclette(V. De Sica).

    lesautres.jpgUn frisson : La séquence de la petite fille transformée en vieille femme dans Les autres(A. Amenabar).

    Un artiste sous-estimé : Dans les contemporains, Lodge Kerrigan (Clean shaven, Claire Dolan, Keane).

    Un rêve : Matt Dillon survole la ville dans Rusty James(F.F. Coppola).

    Belle_de_jour.jpgUn fantasme : Tout Belle de jour(L. Bunuel).

  • La Chinoise

    (Jean-Luc Godard / France / 1967)

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    Si se promener de loin en loin dans la filmographie de JLG et découvrir ses films dans le désordre le plus total au fil du temps empêche d'avoir une nette vision de son évolution, cela a toutefois l'avantage certain de recevoir par moments de véritables uppercuts. La Chinoise date de 1967. Seulement huit années sont donc passées depuis A bout de souffleet Godard a déjà tout chamboulé, comme aucun cinéaste français avant lui et certainement aucun après lui, si l'on tient compte du resserrement du séisme sur quelques années (disons 1959/1968) et de l'amplitude de l'onde de choc, ressentie jusque chez les spectateurs de l'époque ne voyant aucun de ses films.

    "Il faut confronter des idées vagues avec des images claires". Dès le trois ou quatrième plan, Godard annonce son programme, écrit sur l'un des murs de l'appartement dans lequel se déroulera la quasi-totalité de La Chinoise. Si il y a bien une chose que l'on ne peut pas reprocher au cinéaste, c'est de ne pas jouer cartes sur table. Et rarement quelqu'un aura aussi parfaitement réussi à coller à son manifeste. Dans La Chinoise, tout se ramène à cet axiome. Cinq jeunes militants parisiens marxistes-léninistes ont investi pour l'été un appartement familial, pour y peaufiner leurs réflexions, mettre à l'épreuve leur foi révolutionnaire et trouver des moyens d'action. Pourfendant l'impérialisme des grandes nations occidentales autant que le socialisme soviétique abîmé dans le stalinisme, ils font reposer leur pensée politique sur la lutte des classes et la Révolution Culturelle chinoise de Mao. Dans ce lieu clos, se succèdent discussions enflammées, exposés sur des sujets précis, lectures de discours célèbres, tentatives de théâtre révolutionnaire. Parallèlement, chacun des personnages est interviewé par un journaliste (Godard lui-même, dont on entend faiblement la voix) et revient sur son parcours et sur le pourquoi de son engagement.

    chinoise.jpg

    Le montage entrechoque tout cela avec des slogans, des photos, des chansons, des cartons. L'éclatement est à nouveau total, claps à l'image et répétitions comprises. Du point de vue narratif, l'objet est déjà inouï. Le miracle est que cette distanciation (réellement brechtienne, puisque la citation est faîte littéralement), ces procédés qui poussent les acteurs à jouer un documentaire, cette accumulation d'exposés théoriques produisent tout de même de la fiction. L'expérimentation cohabite avec l'évidence d'un récit cinématographique. D'admirables comédiens parviennent à rendre crédibles et vivants des personnages qui, au départ ne dégagent qu'une curiosité idéologique. Jean-Pierre Léaud, que l'on croit connaître par coeur, étonne toujours autant par sa capacité à inventer une figure mémorable. Véronique et Yvonne, les deux femmes du groupe, sont incarnées, transfigurées, par Anne Wiazemsky et Juliet Berto, touchantes, bouleversantes. Au cours d'une séquence magnifique, Waziemsky fait croire à Léaud qu'elle ne l'aime plus en lui prouvant qu'elle peut faire deux choses à la fois. Mais la vie surgit aussi et surtout des entretiens et d'une discussion dans un train, entre Véronique et Francis Jeanson, fameux intellectuel ayant soutenu le FLN quelques années auparavant et intervenant ici dans son propre rôle. Ces échanges, ces questions posées interrogent sans cesse les militants maoïstes, mettent à jour les contradictions et pointent les propos abusifs, obligent à préciser inlassablement. Véronique et les autres défendent becs et ongles leurs positions tout en laissant passer dans leur regards, leurs hésitations, parfois, le déséquilibre et donc l'émotion.

    Comme les personnages travaillent incessamment à forger leurs arguments, cherchant dans la pensée marxiste des fondements scientifiques et donc irréfutables, Godard s'attache à éclaircir par le cinéma ces idées vagues. Dans un va et vient interrogateur, tantôt il épouse et prolonge la virulence des protagonistes, tantôt il use d'un recul contradictoire ou humoristique. En donnant autant d'importance à la foi révolutionnaire de l'une qu'à la désillusion de l'autre, il peut donner l'impression de reprendre à son compte toutes les positions et s'abîmer dans la confusion (reproche qui lui a été fait régulièrement par ses détracteurs, désarçonnés à ce moment-là, dans la deuxième moitié des années 60, par son virage idéologique vers l'extrême-gauche). Parlons plutôt d'une image de la complexité du monde, certes à mille lieues de la démarche de cinéastes plus humanistes. La Chinoise est l'exposition d'un mouvement révolutionnaire, de la théorie à l'activisme (ici terroriste). Je n'aime guère parler de prédiction d'un événement historique, tournure qui la plupart du temps débouche sur une ré-écriture fausse de l'histoire, mais force est de constater que bien des éléments qui feront Mai 68 se retrouvent dans le film.

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    Étonnement sensible vu le sujet, le film est aussi plastiquement superbe. L'utilisation de la couleur pourrait, comme celle du travelling, passer pour une affaire de morale. Cadrages et mouvements d'appareils sont d'une fluidité et d'une précision incroyables (l'alternance des plans fixes dans la discussion déjà évoquée entre Véronique et Jeanson) jusqu'à un dernier plan (annoncé par le carton : "Dernier plan du film") magnifique. Tout cela n'est pas mal pour "un film en train de se faire" (sous-titre de La Chinoise).

    Peur de passer à côté de certaines choses, de me tromper... L'envie de revoir dès maintenant, deux jours après, La Chinoise me taraude. C'est sans doute moins beau que Le mépris, moins génial que Pierrot le Fou, mais c'est le film qui me travaille le plus et le choc esthétique le plus évident parmi ceux vus ces derniers mois.

  • Une femme est une femme

    (Jean-Luc Godard / France / 1961)

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    unefemmeestunefemme.jpgTroisième long de Godard, après A bout de souffle et Le petit soldat (ce dernier sorti plus tard, suite aux problèmes que l'on sait), Une femme est une femmeest une petite chose au milieu d'oeuvres bien plus consistantes. Abordant la couleur pour la première fois, JLG annonce une comédie, parfois musicale, sous les auspices de René Clair et de Ernst Lubitsch (convoqués dans l'un de ces génériques aussi percutants que succincts dont notre homme a le secret).

    Angela, strip-teaseuse de son état, vit avec Emile. Elle veut un enfant. Aujourd'hui. Lui n'en veut pas. Pourquoi ne le ferait-elle donc pas avec le premier venu ou avec l'ami du couple, Alfred ? Il n'y a guère plus à dire de l'histoire. On suit d'abord Angela (Anna Karina et son accent si particulier) dans la rue, à sa boite de strip, au travail d'Emile (Brialy) ou en conversation avec Alfred (Belmondo). C'est la meilleure partie du film. Car ensuite, le couple s'enferme dans son appartement et n'en sort plus guère. Godard aime les scènes de ménage en chambre. L'étirement de celles d'A bout de souffle et du Méprisprovoquaient génialement. Celle qui met aux prises Karina et Brialy paraît ici bien superficielle. L'affrontement relève de l'enfantillage et la mise en scène toute en ruptures de tons nous laisse à penser que tout cela n'est finalement pas bien grave. Les personnages ont bien du mal à exister et tout ne semble tourner qu'autour du problème général et peu original de la guerre des sexes.

    Le générique nous prévenait, Godard fait une comédie. Mais si surprenantes et inventives que soient ses trouvailles (calembours, coqs à l'ânes, superpositions sonores...), nous sommes bien en peine de relever un gag particulier, hormis les blagues de bureau (on croise Marie Dubois qui est en train de lire Tirez sur le pianisteet Jeanne Moreau à laquelle Belmondo demande comment ça se passe sur Jules et Jim, Belmondo qui, ailleurs, dit qu'il aimerait bien aller voir A bout de soufflequi passe à côté...). Non, Godard n'est pas le plus drôle des cinéastes et il a même la fâcheuse habitude d'abuser des grossièretés de langage.

    Bien évidemment, et heureusement, la provocation godardienne ne se limite pas aux "Eva-te faire foutre" et autres "enfoiré". La déconstruction du récit bluffe toujours autant : bande-son extrêmement complexe et montage déstabilisant. Les meilleures séquences se déroulent dans les bars. Celle où Karina et Belmondo écoutent intégralement Tu t'laisses allerd'Aznavour est l'une des plus belles et des plus étranges. Quelques plans admirables ponctuent ainsi la fantaisie, la plupart centrés bien sûr sur Anna Karina. Mon préféré voit la caméra se substituer à Brialy et empêcher sa femme de forcer le passage jusqu'à la serrer dans un coin de l'appartement.

    Cela dit, j'ouvre mon parapluie afin de ne pas prêter le flanc aux attaques du style : "Ah Bravo ! tu préfères un Lelouch à un Godard...". Adorateurs du Maître Franco-Suisse, inutile d'affûter vos couteaux, ma prochaine note prendra la forme d'un éloge de La Chinoise.

  • Un homme et une femme

    (Claude Lelouch / France / 1966)

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    unhommeunefemme.jpgJe n'avais jamais vu Un homme et une femme. L'ensemble de la filmographie de Claude Lelouch m'est d'ailleurs inconnu. Les seules exceptions sont Itinéraire d'un enfant gâté et Il y a des jours et des lunes, vus à l'époque de leurs sorties en salles. A 16 ans, facilement impressionnable, en général on trouve ça bien Lelouch. Et souvent on abandonne ensuite, en suivant, à tort ou à raison, les conseils de contournement des critiques.

    Devant Un homme et une femme, je vois bien ce qui, en 66, gênait certains et, aujourd'hui encore, doit continuer à agacer les détracteurs du cinéaste. Lelouch, qui, avant cet énorme succès, avait connu une série d'échecs avec ses six premiers longs-métrages, utilise l'esthétique, les procédés narratifs et les techniques de la Nouvelle Vague en les lissant pour les rendre le plus acceptables possibles pour le public. Oui, en un sens, Lelouch fait un roman-photo avec le nouveau cinéma. On peut éventuellement parler d'affadissement, s'irriter du côté catalogue de la modernité (voire, avec mauvaise foi, prendre chaque plan du film et en référer tantôt à Godard, tantôt à Resnais, élargir même à Fellini ou Antonioni). Il n'empêche que c'est bien une certaine joie de faire du cinéma qui se dégage de ces longs dialogues jamais filmés ou illustrés de la même façon, c'est bien la liberté de la narration qui marque. Il est bon de rappeler que si tout le monde s'était extasié à l'époque, et à juste titre, devant telle séquence de The unbelievable truth(Hal Hartley, 1990) où une leçon de mécanique improvisée faisait office de discours amoureux, Lelouch avait fait exactement la même chose en faisant longuement parler Trintignant du bruit de son moteur en course à Anouk Aimée.

    Le cinéaste est un technicien sans faille. Il faudrait être aveugle pour ne pas admettre que jamais en France n'avaient alors été aussi bien filmées des courses automobiles, comme pour la longue séquence d'entraînement de Trintignant, entièrement couverte par les bruits de moteurs. L'histoire quant à elle est simplissime et émouvante (le couple est magnifique). Cette simplicité scénaristique sert beaucoup le film, qui évite ainsi de nous bassiner avec les grands problèmes sociaux et la philosophie de la vie, choses qui sont ailleurs beaucoup reprochées à Lelouch. Ici, nous avons plutôt des petites notations humoristiques, des bribes de cinéma direct, des apartés, des citations, bien dans l'esprit, encore une fois, de la Nouvelle Vague. Courir sur la plage, poursuivre un train en voiture, c'est cucul mais ça marche. Parfois, la vie est cucul.

    La mémoire télévisuelle, qui ressasse indéfiniment les mêmes signes sans jamais revenir à leur source, a réduit telle une tête jivaro Un homme et une femme au thème musical de Francis Lai. Celui-ci n'est pourtant que l'une des nombreuses interventions musicales qui parcourt la bande-son, jusqu'à donner l'impression d'un vrai film musical. Lelouch intègre magistralement dans son récit deux chansons de Pierre Barouh, qui pourrait se voir indépendemment comme l'un des scopitones que le cinéaste aimait tourner en début de carrière. D'autres procédés se remarquent, notamment l'usage godardien d'une musique venant en contrepoint de l'image (musique symphonique et grave sur des images qui ne le sont a priori pas...). Poussés à leur limite dans le dernier quart d'heure où se succèdent trois larges plages mélodiques, ces usages, aussi beaux soient-ils, laissent penser que Lelouch a du mal à trouver un moyen autre que musical pour boucler son voyage émotionnel. Mais cette impression de séquences qui n'en finissent pas de ne pas finir n'est pas si désagréable. Oui, tout cela est joli. Le terme n'est, pour une fois, nullement dépréciatif.

  • Interlude (Garden Nef Party 2008)

    gardennef party.jpgIl y a six ans de cela, le choix d'un arrêt temporaire des sorties concerts s'imposait quand fut chez nous résolue la mystérieuse équation 1+1=3. Le temporaire étant devenu permanent, la création en 2007 de la Garden Nef Party, festival rock angoumoisin (après un "numéro zéro" en 2006 avec 4 groupes sur une seule journée), fut accueillie dans notre chaumière comme une bénédiction et comme l'occasion rêvée d'un bon rattrapage. Ambiance agréable, programmation impeccable et site idéal à flanc de colline verte et boisée : cette première édition tenu ses promesses, et même au-delà (on parlera encore sur notre lit de mort de cette soirée de clôture qui vit se succéder les sets époustouflants d'Arcade Fire et de LCD Soundsystem). Un rendez-vous était donc pris.

    L'édition 2008, c'était le week-end dernier pour deux fois dix heures de musique enchaînées grâce aux allers-retours entre les deux scènes. Compte-rendu :

    Jour 1 :

    Le vent se lève - Les Anglais d'Archie Bronson Outfitouvraient le bal de manière fort à propos. Morceaux compacts et intenses soutenus par un saxophone bruitiste. On démarre fort.

    La guerre des boutons- Stars des couloirs de lycée (il faut entendre les cris aigus du premier rang) les teenagers de BB Brunes m'étaient totalement inconnus. Simple, direct, parfois amusant ("J'écoute les Cramps / Tu te mets à genoux...") : du rock'n'roll quoi. C'est toujours ça de pris à Amel Bent.

    Wanda - Toujours impressionnant de voir une petite bonne femme seule sur une grande scène, derrière sa guitare en bois, imposer le respect à une foule de festivalier. L'Américaine Alela Diane enveloppe d'une voix magnifique ses belles chansons folk.

    Punch drunk love- Sur le pont depuis une bonne douzaine d'années (deux djeunes derrière nous : "Putain, ils sont vieux !"), Nada Surfsait encore ciseler sa power-pop à merveille. Le trio, épaulé par un membre de Calexico, a réussit à enflammer les premières mèches dans le public. Leur sincérité et leur absence de pose nous les a toujours rendu éminemment sympathiques.

    Le carrosse d'or - Accessoires improbables, mimiques, apartés humoristiques, instruments traditionnels, Moriartydéploie son petit théâtre aussi atypique qu'attachant, autour de la diva Rosemary.

    Bonnie and Clyde- Pour beaucoup les plus attendus, Jamie "Hotel" et Alison "VV" n'ont pas déçu. The Kills ou le rock au plus près de l'os : une boite à rythme, une guitare, une chanteuse. Monsieur, sec comme un coup de trique, sourire aux lèvres. Madame, déchaînée, les yeux cachés derrière la longue chevelure. MON concert du festival.

    Le rock du bagneHeavy Trashest le nouveau groupe de Jon Spencer. Sans reprendre son souffle, il enchaîne les morceaux, emprutant au rockabilly et au rythm'n blues (jusqu'au costume).

    Pat Garrett et le Kid- Jack White, délaissant Meg et ses White Stripes, retrouve à chaque vacances Brendan Benson. Leur super-groupe, The Raconteurs, marie idéalement la déstructuration de l'un et l'écriture précise de l'autre. Jack triture toujours aussi savoureusement sa guitare. Leur Steady as she goesaura provoqué l'une des ondes de choc les plus fortes du week-end. (un mec qui quitte l'assistance en plein milieu du concert pour aller voir (boire) ailleurs : "Non mais j'adooore Jack White...")

    Easy rider- Ses frasques ont été immortalisées par le documentaire Dig !. Anton Newcombe, leader du Brian Jonestown Massacre, s'est quelque peu calmé au niveau de l'attitude. Ses propos sont toujours aussi déstabilisants ("Je dédie cette chanson à ma première femme, une française de Bordeaux. Elle a eu un bébé et est morte il y a un mois."!?!?) mais son rock psychédélique est toujours aussi hypnotique.

    A.I. Intelligence Artificielle - Au début, il faut s'y faire à cette débauche sonore et visuelle : deux hommes-troncs s'agitent entre deux immenses murs d'enceintes. Puis l'évidence s'impose. Justiceen concert déconstruit ses tubes. Ultra-découpé, D.A.N.C.E.se retrouve déshabillé de ses oripeaux putassiers et We are your friends prend des allures de tuerie imparable. Toute cette puissance éléctro impose le respect. MA bonne surprise du festival.

    Jour 2 :

    Velvet Goldmine - Le chanteur des Hushpuppiesa battu le record de distance parcourue en étant porté à bouts de bras par le public. Un exploit compte tenu de l'heure peu avancée (17 heures). C'est surtout la preuve que les petits gars de Perpignan savent nous mettre dans leur poche en dégageant une belle énergie et en troussant de sacrées mélodies rock.

    Manhattan- L'élégance vestimentaire, la tension des guitares, la concision du jeu et la langue sont new-yorkaises, mais les quatre petits jeunes des Kid Bombardossont bien de chez nous (de chez moi, même, puisque bordelais). Par moments, on pense aux Strokes et le compliment n'est pas mince. MA découverte du festival.

    Maîtresse - En pantalon de cuir, Mademoiselle K joue de la guitare comme un mec et entrecoupe ses petites histoires de "putain, merde, fait chier".

    La science des rêvesPatrick Watsona l'une des voix les plus touchantes qui soient et il est surtout l'un des meilleurs songwriters du moment. Tout heureux d'être là, plus rock avec son groupe sur scène que sur disque, le montréalais triture aussi bien son piano que sa boîte électronique pour le même résultat : flotter en apesanteur. MON moment de grâce du festival.

    Voyage à deux - Moins sucré et plus tranchant en live, The Dorafraîchit. Olivia, chanteuse parfaite, virevoltait, guitare en bandoulière, pieds nus et jupe fleurie (un charentais : "Elle arrache la drôlesse !"; un mec bourré : "Salope !").

    Boulevard de la mort - Pied au plancher, The Bellrayset leur sacrée chanteuse enquillent les chansons, mélange de rock dur et de soul.

    L'homme qui voulait être roi - S'autoproclamant "meilleur groupe de rock du monde" avec suffisamment d'insistance pour que l'on en sourit, les suédois de The Hives ont déroulé leur show avec l'énergie et l'efficacité attendue. L'explosif tube Tick Tick Boom a bien justifié sont nom.

    Cocktail - Dans sa belle veste en daim et à franges, Adam Green voyage au sein de toutes les musiques populaires américaines, de la ballade style Beach Boys au rock style Modern Lovers. Songwriter doué et humour bienvenu.

    La nuit de l'iguane- Déboulant comme un fou dans son habit de scène préféré (torse nu et jean moulant), Iggy Pop, en compagnie de ses vieux potes, a aligné les classiques des ("Fucking") Stooges comme si ils avaient été enregistrés le mois dernier : 1969, TV eye, Real cool time(avec invitation faîte à chacun de venir s'éclater sur scène avec lui, ce qui fut fait par une bonne poignée de djeunes) ou un I wanna be a dog qui reste toujours aussi furieux et fascinant. MA claque dans la gueule du festival.

    Recherche Susan désespérément - Peaches, laissant le bon goût aux autres en se présentant d'abord habillée comme un sac puis moulée dans une combinaison de super-héros, faisait la DJette lors d'un mix entraînant.

    The Party - ...se terminait avec Birdy Nam Nam, quatre pousse-disques dont les beats répétitifs avaient vocation à faire danser jusqu'au bout de la nuit.

    Voilà, c'était la Garden Nef Party 2008. C'était bien.

    Bon allez, après ça, on débouche les oreilles et on retourne au cinéma. On est pas chez feu-Les Inrocks ici.

  • L'amphithéâtre chez soi

    rencontre3type.jpgAprès un week end à rallonge consacré à tout autre chose et avant le prochain où j'irai pendant deux jours entendre les guitares, hier soir encore je n'ai pas vu de film, mais j'ai regardé ici l'enregistrement d'un intéressant débat intitulé "La critique de cinéma et le défi internet : de la revue au blog", auquel participait quelqu'un qu'on aime bien.

    Photo : Rencontres du troisième type (Steven Spielberg, 1977)