Suite du flashback sur les deux revues de cinéma, par le biais de leurs couvertures.
1953 : Sur les couvertures des Cahiers, la présence de Renoir et Rossellini a tendance à masquer le fait que la revue ne suit pas encore vraiment de ligne éditoriale stricte, sous la double direction de Doniol-Valcroze et Bazin. Jean Mitry revient longuement sur le pionnier Thomas Ince, Jacques Rivette proclame le "Génie de Howard Hawks" et rencontre Otto Preminger. Un hommage est rendu (comme dans Positif) à Jean Epstein, un ensemble de textes sur le cinemascope est publié. Autres noms croisés dans les sommaires : Murnau, Poudovkine et Ivens.
Cet éclectisme se retrouve peu ou prou dans la revue d'en face (Positif, à une exception près, ne met toujours pas de photo en une et nous continuons donc à ajouter entre parenthèses les films défendus dans chaque numéro). Orson Welles, Jacques Tati, Carl Dreyer, William Wellman, Preston Sturges, Erich von Stroheim, Robert Mennegoz, Pierre et Jacques Prévert et surtout Jean Vigo sont les personnalités mises en avant en ce temps-là. Les lignes bougeront plus clairement à partir de l'année suivante, 1954 constituant un tournant pour les deux titres.
Février : Le carrosse d'or (Jean Renoir, C20) /vs/---
Mars : La mort d'un commis voyageur (Lazlo Benedek, C21) /vs/---
Avril : Les vacances de Monsieur Hulot (Jacques Tati, C22, là) /vs/ Positif n°6 (Othello, Les vacances de Monsieur Hulot, Le carrosse d'or, Jean Epstein)
Mai : La mer cruelle (Charles Frend, C23) /vs/ L'Atalante (Jean Vigo, numéro spécial Positif n°7)
Juin : Niagara (Henry Hathaway, C24) /vs/---
Juillet : Europe 51 (Roberto Rossellini, C25) /vs/---
Septembre : La lune était bleue (Otto Preminger, C26) /vs/ Positif n°8 (Crin Blanc, Le bon dieu sans confession, Carl Dreyer, William Wellman, Preston Sturges)
Octobre : Madame de... (Max Ophuls, C27) /vs/ Positif n°9 (Les vacances de Monsieur Hulot, Et tournent les chevaux de bois, Noblesse oblige, Stazione termini, Pierre et Jacques Prévert, Robert Mennegoz)
Novembre : Les orgueilleux (Yves Allégret, C28) /vs/---
Décembre : La tunique (Henry Koster, C29) + "La femme et le cinéma" (La red, Emilio Fernandez, C30) /vs/---
Quitte à choisir : Rien à redire aux différents choix de Positif mais plusieurs couvertures des Cahiers en imposent. Les films de Kazan, Renoir, Tati, Rossellini et Ophuls sont indiscutables. Celui d'Hathaway un peu moins malgré Marylin. Cerise sur le gâteau : l'affolante Rossana Podesta en couverture du numéro de fin d'année. En revanche, j'ai des Orgueilleux un souvenir relativement pénible. Enfin, il est étonnant de voir l'importance qu'avait Benedek à cette époque. Allez, pour 1953 : Avantage Cahiers.
A suivre...
Sources : Calindex & Cahiers du Cinéma



Moi qui, il y a peu, trouvais que l'année cinéma 2009 démarrait bien et promettait une belle moisson dès le printemps, je commence à déchanter sérieusement. Je prie pour que le prochain Barnum cannois change la donne, sans quoi je vais finir par limiter mon activité de cinéphile au cercle domestique et à la chronique de dvd (sur lesquelles j'ai d'ailleurs du retard). La déconvenue du jour vient de Jia Zhangke, duquel j'attendais pourtant beaucoup. Mais après avoir trouvé ses trois premiers longs-métrages admirables (Xiao Wu pickpocket, Platform, Unknown pleasures) puis émis quelques réserves sur les deux suivants (The World, Still life), il était sans doute fatal que le sixième m'ennuie pour de bon.
Dans la brume électrique (In the electric mist), directed byBertrand Tavernier, est un polar d'ambiance, estimable et soigné, mais trop classique pour que l'on ne s'étonne pas d'un accueil critique aussi enthousiaste (jusque dans feu-Les Inrockuptibles et dans les Cahiers !, si j'en crois
Fred, surnommé Chéri, est un jeune homme nageant dans les eaux d'un demi-monde aisé, celui des courtisanes vieillissantes de la fin de la Belle Époque, dont fait partie sa mère et sa protectrice favorite, Léa. Cette dernière passe bientôt du statut de "marraine" de Chéri à celui de maîtresse. Malgré la différence d'âge, la liaison est passionnée et semble indestructible, jusqu'à l'annonce d'un mariage arrangé qui sépare les deux amants avant des retrouvailles douloureuses. Christopher Hampton adapte Colette pour Stephen Frears et Michelle Pfeiffer joue Léa. Le trio des Liaisons dangereuses est ainsi reformé. J'ai eu beau chercher, je n'ai trouvé à Chéri absolument aucune des qualités du beau film d'il y a vingt ans...
Le rude quotidien d'une famille d'éleveurs kazakhs, en pleine steppe, et les espoirs d'Asa, le jeune frère de la mère. Le sujet du film appelle la captation de paysages grandioses et la méditation devant les grands espaces mais par sa mise en scène, Sergey Dvortsevoy refuse d'un bout à l'autre cette posture. Tulpan s'ouvre par un plan dont la surface est envahie, brutalisée, agressée. Ce qui s'avère être un troupeau de moutons met un certain temps à évacuer le cadre et à laisser enfin le lieu du récit être indentifié (la yourte plantée au milieu de nulle part). Poussière ou bruit, tout fait écran, du début à la fin (comme Tulpan, la fille que convoite Asa, restera cachée jusqu'au bout, derrière un rideau ou une porte). Ce ne sont pas seulement les objets qui font obstruction : les corps prennent toute la place, cadrés à la poitrine ou traversant incessamment le champ, à l'image du petit dernier de la famille, intenable.
S'il est bien un segment de l'histoire du septième art qui n'est pas facile à aborder les mains dans les poches, c'est bien le cinéma révolutionnaire soviétique des années 20. Un certain Cuirassé a beau garder son aura mythique, décennie après décennie, se confronter à lui de nos jours demande un effort particulier devant la singularité narrative, esthétique et idéologique de l'objet. Autre pilier de l'édifice, Arsenal d'Alexandre Dovjenko (ou Dovzhenko) ne se laisse pas appréhender plus aisément.








