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Nightswimming - Page 88

  • Mother

    (Bong Joon-ho / Corée du Sud / 2009)

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    mother.jpgMother (Madeo) débute par un premier plan programmatique. Dans un très beau cadre naturel, il enregistre un comportement déplacé et inattendu : une femme se met à danser seule au milieu d'un champ. Dès le début, le film va donc nous rassurer dans la surprise. Oui, nous sommes bien dans le meilleur du cinéma coréen, celui allant de Park Chan-wook à Lee Chang-dong en passant évidemment par Bong Joon-ho, celui qui ne cesse d'étonner en pratiquant les plus improbables des mélanges de genre. Cependant, l'idée nous effleure, alors que l'on s'installe progressivement dans ce nouveau récit tortueux, qu'il faudrait peut-être quelque chose en plus, cette fois-ci, histoire de ne point se lasser.

    Ici, comme chez les éminents collègues de Bong Joon-ho, le dynamisme, la truculence et l'énergie vitale permettent de repousser tout jugement moral définitif. Ces registres ne masquent cependant pas bien longtemps la noirceur absolue du propos et la société coréenne nous apparaît une nouvelle fois soumise à bien des turbulences (la jeunesse semble promise au néant). Il est symptomatique qu'à nouveau des personnages déséquilibrés, voire autistes, soient au centre du récit. Comme Lee Chang-dong (Oasis), Bong Joon-ho ne part pas du handicap physique ou mental pour faire la morale mais pour mettre en question la notion de normalité dans un monde totalement déréglé. L'inscription dans un genre, celui de l'enquête policière, contribue aussi à éloigner la pesanteur sociologique.

    Dans ce domaine policier, Bong Joon-ho fait très fort. Les indices et les révélations exposés ont ceci de remarquable, c'est qu'ils ouvrent autant de nouvelles pistes (souvent fausses, d'ailleurs) qu'ils mettent à jour des comportements, des psychologies et des relations complexes. Chaque personnage s'en trouve enrichi, des plus secondaires au principal, la mère. Doucement mais sûrement, le film prend un virage pour se concentrer peu à peu sur cette dernière. Au fil des séquences, le cadre se resserre de plus en plus sur elle, la mise en scène épouse de mieux en mieux son point de vue, tant et si bien qu'en retour le personnage semble prendre littéralement possession du film. L'intrigue se déroule dans une petite ville de Corée du Sud, là où tout le monde se connaît plus ou moins. A chaque interlocuteur, nul besoin pour l'héroïne de se présenter. Elle n'a pas de prénom, elle est "la mère de...". En quelque sorte, elle devient la mère de tous (*) : de l'ami de son fils, des policiers... Elle devient la mère du film lui-même, celle qui le prend en charge, celle qui le porte, celle qui le fait avancer (la reprise, vers la fin, du plan d'introduction tend à démontrer qu'elle s'accapare bel et bien le récit). Sujet et mise en scène se fondent ainsi admirablement et rarement un titre aura été aussi parfaitement justifié.

     

    (*) : Le père n'est jamais évoqué et, plus surprenant encore, les possibles figures paternelles, celles qui pourraient prendre une part  du récit égale à celle de la mère, sont aussitôt évacuées : l'avocat est manifestement congédié, le ferrailleur est puni d'avoir imposé une nouvelle version faisant "autorité".

  • En famille (1)

    Quelques brèves notes sur des films (re)vus récemment dans des conditions (versions françaises pour les films étrangers) et avec des intentions (séances-découverte pour mon fils) totalement différentes de celles attachées aux autres titres évoqués sur ce blog...

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    empirecontreattaque.jpgUne révision de la première trilogie Star Wars confirme entièrement l'impression laissée des années auparavant : les deux premiers épisodes sont bons, le troisième beaucoup moins. Jouant à la fois sur une trame classique et sur des nouveautés techniques et rythmiques, La guerre des étoiles, tient bien le coup, notamment dans la conduite du récit. Sans doute meilleur encore, L'Empire contre-attaque suit très habilement deux lignes narratives (l'apprentissage de Luke et les aventures de Leia et Solo) se croisant en peu d'endroits mais liées par un montage parallèle aux transitions soignées (le passage d'une scène à l'autre se fait harmonieusement en s'appuyant sur des postures, des situations ou des ambiances comparables). Se concluant par une série d'échecs, ce volet est de loin le plus sombre et le moins superficiel de la trilogie. En revanche, Le retour du Jedi, en ciblant un plus jeune public, s'enlise plus d'une fois dans la niaiserie, non seulement en multipliant les gentils gags autour des Ewoks mais aussi en faisant évoluer les rapports du trio Leia/Skywalker/Solo de manière angélique. La violence, y compris morale, est totalement absente. Ce troisième épisode, appliquant conventionnellement son programme, n'a pour lui que ses compétences techniques, indéniables et toujours grisantes. L'insertion postérieure, par George Lucas, dans les trois films, de quelques images de synthèse est une aberration esthétique brisant la cohérence parfaite de ces objets. Cette bêtise annonce le naufrage de la trilogie suivante, un sommet de laideur.

    grandevadrouille.jpgLa première partie de La grande vadrouille (l'arrivée à Paris des trois parachutistes anglais en trois endroits différents) est vraiment réussie et presque constamment drôle, surtout, bien sûr, les séquences à l'Opéra. Le seul gag vraiment absurde est génial (De Funès cognant sa perruque posée à côté de lui et se faisant mal au crâne) et fait regretter qu'il n'y en ait pas d'autres. Le rythme faiblit sérieusement avec le périple vers l'auberge pour ne repartir qu'avec la tentative de passage en zone libre. Les quiproquos dans la Kommandantur sont sympathiques mais la réussite de la séquence tient plus à l'abattage des comédiens et aux croisements orchestrés par le scénario qu'à la mise en scène. Celle-ci reste assez plate, malgré quelques cadrages plus inventifs que d'habitude, et Oury ne sait absolument pas filmer la vitesse et l'action. Grâce à Marie Dubois, la bluette réservée à Bourvil est un peu plus supportable qu'ailleurs. Bien évidemment, le moindre Français croisé dans l'aventure est prêt à aider tout le monde, au nez et à la barbe des occupants.

    oceans.jpgOcéans est un beau documentaire animalier, aux images parfois impressionnantes. Il ne faut pas en attendre plus. La "scénarisation" des séquences n'est pas excessive et surtout, le discours écologique est simple et direct, heureusement dénué du moralisme culpabilisateur de Y.A.-B. Reste avant tout en mémoire cette vision des fonds marins avec ses fantastiques créatures sortant tout droit de quelque heroic fantasy à la Peter Jackson. Le film s'ouvre classiquement avec les noms des divers producteurs apparaissant sur fond noir puis, en même temps que monte la musique, viennent sur les premières images, majestueuses, des vagues de l'océan ceux des grandes entreprises ayant participé au financement. La publicité est magnifique.

    nuitaumusee.jpgLa nuit au musée (rien que le titre, on pense déjà aux Marx Brothers) est une amusante comédie. La technique est impeccable, qui s'efforce d'animer toute la collection d'un Museum d'Histoire Naturelle, une fois la nuit tombée. On trouve peu de chutes de rythme, l'alternance du calme de la journée et de la furie nocturne étant bien géré. Le message véhiculé par cette histoire de père de famille paumé et divorcé qui regagne l'estime de son fils n'a certes rien de nouveau et le trio des vieux veilleurs de nuit qui s'avèrent être les méchants du film n'a rien de mémorable. L'intérêt tient plutôt dans l'aspect régressif du personnage de Ben Stiller. Cela ne donne pas toujours un résultat très fin (ni très drôle) mais cela intrigue plutôt, tout comme le font ces ruptures de rythme, assez étonnantes, en pleine folie ambiante (l'irrésistible psychanalyse d'Attila). (*)

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    La guerre des étoiles (Star wars) (George Lucas / Etats-Unis / 1977) ■■□□ / L'Empire contre-attaque (The Empire strikes back) (Irvin kershner / Etats-Unis / 1980) ■■□□ / Le retour du Jedi (Return of the Jedi) (Richard Marquand / Etats-Unis / 1983) □□

    La grande vadrouille (Gérard Oury / France / 1966) ■■□□

    Océans (Jacques Perrin et Jacques Cluzaud / France - Suisse - Espagne - Monaco / 2010) ■■□□

    La nuit au musée (Night at the Museum) (Shawn Levy / Etats-Unis / 2006) ■■□□

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    (*) : Si je ne me trompe pas, La nuit au musée a été diffusé ce dimanche soir dernier par TF1 en version multilingue sur la TNT, comme le fait maintenant régulièrement cette chaîne, depuis plusieurs mois. France 3, ignorant toujours ce système idéal qui donne le choix au spectateur, avait diffusé la veille, en deuxième partie de soirée, Le Caïman en VF. Je me demande bien qui a pu avoir envie de découvrir ce film de Nanni Moretti dans ces conditions (pas moi, en tout cas)... L'audience ayant été, je l'imagine, ridicule, le service public pourra donc revenir tranquillement à sa programmation habituelle et délaisser à nouveau ce type d'œuvre intello-chiante.

  • Cahiers du Cinéma vs Positif (1982)

    Suite du flashback.

     

    cdc338.jpgPOS253.JPG1982 : Année américaine pour les Cahiers. Elle démarre par un entretien avec Vincent Price (par Olivier Assayas et Charles Tesson), qui prend place au sein d'un dossier sur le fantastique, se poursuit avec deux numéros spéciaux qui se proposent de faire le point sur le cinéma US, continue par une rencontre avec John Carpenter (à propos de The thing) et se termine sur l'arrivée d'un certain E.T. Le choix des couvertures paraît assez étrange. D'une part, elles mettent en valeur des films bien avant leur sortie, comme Parsifal et Passion. D'autre part, au sein des numéros, la place réservée aux titres présents sur la une semble moins importante que celle prise par certains autres, sans doute moins porteurs : Trop tôt, trop tard (Straub et Hulliet), Vers le Sud et Toute une nuit (Chantal Akerman), La guerre d'un seul homme (Edgardo Cozarinsky), Le pont du Nord (Rivette), L'état des choses (Wenders), Querelle (Fassbinder), La nuit de San Lorenzo (Paolo et Vittorio Taviani). La seule exception concerne Une chambre en ville de Jacques Demy, largement commenté. A noter enfin des entretiens avec Jean-Pierre Mocky et Claude Chabrol.
    En janvier, Positif cale son sommaire sur sa Semaine (présentation de films inédits d'Angelopoulos, Brocka, Rouch, Imamura...). 1982 est l'année des trente ans de la revue et le numéro de mai célèbre l'évènement (2001, l'odyssée de l'espace se révèle être le film préféré des rédacteurs sur la période 1952-1981). On trouve au fil des mois des entretiens avec Sidney Lumet (autour du Prince de New York), Agnès Varda, Henry King, Joseph Losey (sur La truite). Des ensembles de textes reviennent sur Abel Gance, Douglas Sirk et D.W. Griffith. Deux collaborateurs artistiques sont mis à l'honneur, le scénariste Sergio Amidei et le décorateur Georges Wakhévitch. Un texte de Marcel Ophuls sur la télévision est publié. Un dossier fait le point sur l'œuvre méconnue de Shohei Imamura. Pour la revue, les films importants se nomment Georgia (Arthur Penn), Cutter's way (Ivan Passer), Conte de la folie ordinaire, La maîtresse du lieutenant français, Cinq et la peau (Pierre Rissient), Yol et surtout, marquant fortement la fin de l'année, ceux de Wenders, Skolimowski et Coppola.

     

    Janvier : Parsifal (Hans Jürgen Syberberg, Cahiers du Cinéma n°331) /vs/ Alexandre le Grand

    (Théo Angelopoulos, Positif n°250)

    Février : Conte de la folie ordinaire (Marco Ferreri, C332) /vs/ Conte de la folie ordinaire (Marco Ferreri, P251)

    Mars : Riches et célèbres (George Cukor, C333) /vs/ La maîtresse du lieutenant français (Karel Reisz, P252)

    Avril : Made in USA I (C334-335) /vs/ Eijanaika (Shohei Imamura, P253)

    Mai : Passion (Jean-Luc Godard, C336) /vs/ Trentième anniversaire (2001, l'odyssée de l'espace, Stanley Kubrick, P254-255)

    Juin : Made in USA II (Hammett, Wim Wenders, C337) /vs/ Yol (Yilmaz Güney, P256)

    Eté : Identification d'une femme (Michelangelo Antonioni, C338) /vs/ Raining in the mountain (King Hu, P257-258)

    Septembre : Dressé pour tuer (Samuel Fuller, C339) /vs/ La ronde de l'aube (Douglas Sirk, P259)

    Octobre : Victor/Victoria (Blake Edwards, C340) /vs/ Travail au noir (Jerzy Skolimowski, P260)

    Novembre : Une chambre en ville (Jacques Demy, C341) /vs/ L'état des choses (Wim Wenders, P261)

    Décembre : E.T. (Steven Spielberg, C342) /vs/ Coup de cœur (Francis Ford Coppola, P262)

     

    cdc342.jpgPOS262.JPGQuitte à choisir : Comme l'impression que les Cahiers passent à travers... Du Ferreri au Blake Edwards, en passant par le Hammett wendersien, le Cukor, le Godard, le Fuller (voire même, dans une certaine mesure l'Antonioni), aucun titre ne me paraît extraordinaire, notamment par rapport aux meilleurs propositions de leurs auteurs respectifs. Le choix "évènementiel" d'E.T. en annonce quelques autres... Que je ne connaisse ni Parsifal, ni Une chambre en ville ne change donc pas grand chose à l'affaire, car en face, si la présence de Yol et de Conte de la folie ordinaire peut se discuter, il n'en va pas de même pour les autres (avec le plaisir personnel de voir mis en valeur l'un des meilleurs Imamura et le beau Raining in the mountain). Allez, pour 1982 : Avantage Positif.

    Mise à jour décembre 2010 : Alexandre le Grand, ici.

     

    A suivre...

    Sources : Calindex & Cahiers du Cinéma

  • Canine

    (Yorgos Lanthimos / Grèce / 2009)

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    canine.jpgScènes de sexe. Sur le lit, les corps sont rigoureusement cadrés et très savamment disposés afin de masquer les sexes et les pénétrations, à une exception près, où l'on voit bièvement mais indubitablement que le membre de Monsieur est en érection. Tout le film de Yorgos Lanthimos peut se résumer à ce choix de mise en scène : la provocation, si elle est indéniable, voire appréciable, ne s'affranchit jamais des règles en vigueur dans le cinéma d'auteur "radical" tel qu'on le connaît. Canine(Kynodontas), malgré son potentiel subversif, a du mal à dépasser le stade de l'exercice scolaire et donne souvent l'impression de proposer une suite très appliquée d'actes transgressifs. Le cinéaste s'est lancé dans un jeu avec les limites : celles du cadre (qui découpe les corps, les laissant régulièrement sans tête), celles de la morale (mise à mal par la représentation de la violence, du sexe, de l'inceste ou de l'animalité) et enfin celles du lieu dans lequel il situe son récit.

    L'argument de départ vaut ce qu'il vaut, même si l'idée d'un chantage à l'originalité peut traverser l'esprit du spectateur. Trois jeunes adultes, un garçon et ses deux sœurs, ont été élevés volontairement par leurs parents dans l'ignorance totale du monde extérieur. A cinq, ils vivent entre les murs d'une vaste propriété isolée, seul le père en sortant pour se rendre en voiture à son travail. Après avoir posé cette incroyable situation et s'être repu de son incongruité, le film va montrer comment les fissures ne manquent pas d'apparaître dans cet édifice mensonger construit par ces étranges parents. Imaginer le résultat catastrophique d'une éducation dévoyée et réfléchir sur le rapport aux choses et aux êtres des individus y étant soumis, rapport forcément différent du nôtre : voici l'une des missions que s'est donné le cinéaste. Bien que l'ambition apparaisse vite trop grande, il faut avouer que Lanthimos réussit plusieurs choses intéressantes, notamment avec ses acteurs (en travaillant par exemple des dictions très particulières). L'absurdité de ce petit monde, avec ces mots aux significations insensées (un zombie est une fleur, un téléphone est une salière), avec ses propres lois naturelles (un humain peut donner naissance à un chien), s'étire au milieu du film, dans une succession de scènes rendues comiques par le retournement total des valeurs.

    Ce retournement, associé au refus de confronter les personnages cloîtrés au monde extérieur, a pour conséquence de nous faire tout accepter assez facilement, y compris ce qui devrait nous déranger. Il manque donc, certainement, une tension, et l'envie de voir les jeunes gens franchir les limites du jardin vient plus de notre relative impatience que de notre attachement aux personnages. Sur ce point, il faut cependant reconnaître que le dénouement est assez réussi, malgré un dernier plan prévisible dans sa mise en suspend. On remarque tout le long, aussi bien des tics "d'auteur" visuels ou sonores, pas toujours efficaces, que des trouvailles plus pertinentes, comme cette série d'échos renvoyant au film Rocky, découvert en cachette par l'une des filles de la maison (plus tard, elle mimera le boxeur résistant aux coups, se servira de manière inattendue d'une petite haltère et finira effectivement avec le visage en sang). Les évidents défauts du film ne suffisent donc pas à le disqualifier. S'il s'avère moins sulfureux qu'il n'y parait, il se pose tout de même là avec un certain aplomb.

  • A serious man

    (Joel et Ethan Coen / Etats-Unis / 2009)

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    aseriousman.jpgA Serious mana déjà été amplement commenté, dans un enthousiasme quasi-unanime. Je n'irai pas à contre-courant et je me limiterai donc à faire quelques remarques générales, de peur d'être trop redondant par rapport aux divers écrits de mes camarades blogueurs.

    Il a été fait à Michael Stuhlbarg, l'acteur principal, la tête d'un personnage de burlesque : teint ostensiblement pâle et yeux écarquillés soulignés par le verre de ses lunettes. Pourtant, bien que les postures de chacun aient leur importance, la mise en scène des frères Coen cherche moins à traduire un dérèglement physique que psychologique. Le grand cinéma burlesque se plaisait à enregistrer le plus souvent la mise en péril de l'ordre du monde par un individu marginalisé. Ici, c'est le monde lui-même qui est entraîné dans une dérive absurde, alors que le héros paraît finalement plutôt normal. Cette perte de sens n'est pas nouvelle dans l'œuvre des Coen mais elle se charge cette fois-ci d'autant plus d'inquiétude qu'elle est distillé à partir d'un récit s'attachant au quotidien. Il n'y a dans leur dernier ouvrage aucun échafaudage improbable, aucun plan machiavéliquement foireux. La mécanique qui est grippée n'est pas, cette fois-ci, celle du film noir, du milieu des affaires ou de l'espionnage.

    A serious manest un drôle de film et un film pas si drôle que cela. Il y a bien quelques séquences très savoureuses, qu'il est encore possible de placer dans la case comédie, mais le fait est que ce sont vraiment des choses très sérieuses qui arrivent, dont la plus sérieuse de toutes, omniprésente : la mort. Le récit donne l'impression d'une hécatombe. L'une des meilleures répliques, répétée plusieurs fois, y renvoie ("Sa femme est encore tiède") et l'extraordinaire fin suspendue, si elle ne visualise aucun trépas, est assez glaçante.

    Le monde mis en place autour du héros est un empire de signes que celui-ci est tenté de déchiffrer, cherchant désespérément un sens aux déboires qu'il accumule. Bien évidemment, notre homme est professeur de physique et base tout son travail sur les mathématiques. La qualité principale du film est de laisser le dérèglement se propager jusque dans la conduite du récit lui-même. Les visions et les rêves, de plus en plus nombreux, sont ainsi rendus indiscernables au premier coup d'œil. Il est étrange que les frères Coen fassent éclater cette absurdité au moment des années 60, époque qui apparaît rétrospectivement, pour beaucoup, comme une sorte d'âge d'or avec l'entrée dans la modernité et l'expérience de la liberté sous toutes ses formes. Ici, au contraire, la vision est teintée de pessimisme (un pessimisme certes gai) et comme le démontre bien le fameux prologue du film, le mystère insondable de l'existence a été de tout temps impossible à percer.

    Ce qui séduit à l'écran, c'est la cohérence de la vision et notamment l'étonnante reconstitution de l'époque. Ce sont, encore une fois, quelques signes qui la caractérisent : la musique du Jefferson Airplane, la technologie, l'ombre du Vietnam (extraordinaire séquence du voisin s'approchant du héros en discussion avec le père de son étudiant asiatique), la marijuana... Avec la même réussite, les Coen nous plongent au sein d'un milieu juif qu'ils peignent avec une vigoureuse ironie, empêchant ainsi leur film de tomber dans une pesante démarche communautariste. Les dialogues accumulent les expressions typiques parfois difficiles à saisir. Qu'elles ne nous soient pas bêtement expliquées et surtout que, souvent, les intéressés ne les comprennent pas eux-mêmes, montre à quel point les cinéastes ont su trouver un merveilleux équilibre. A serious man est d'ores et déjà une pièce maîtresse de leur filmographie, autant qu'un objet singulier.

  • Les meilleurs films de la décennie vus de la blogosphère

    Résultats, bilan et commentaires

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    films2000-2009.jpgFilms :

    1. Mulholland Dr. de David Lynch (35 voix)

    2. Elephantde Gus Van Sant (23 voix)

    3. Match pointde Woody Allen (18 voix)

    4. Lost in translationde Sofia Coppola (17 voix)

    5. A history of violence de David Cronenberg / Eternal sunshine of the spotless mind de Michel Gondry / In the mood for lovede Wong Kar-wai / Requiem for a dreamde Darren Aronofsky / There will be bloodde Paul Thomas Anderson / Two loversde James Gray (16 voix)

    11. No country for old men de Joel et Ethan Coen (14 voix)

    12. Mystic riverde Clint Eastwood / Parle avec ellede Pedro Almodovar (13 voix)

    14. Kill Bill (1&2)de Quentin Tarantino / Le voyage de Chihirod'Hayao Miyazaki (12 voix)

    16. Million Dollar Babyde Clint Eastwood / Le nouveau mondede Terrence Malick (11 voix)

    18. La graine et le muletd'Abdellatif Kechiche / Un conte de Noëld'Arnaud Desplechin (10 voix)

    20. The dark knightde Christopher Nolan / Le fabuleux destin d'Amélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet / Memories of murder de Bong Joon-ho / Mysterious skinde Gregg Araki / Old boyde Park Chan-wook  (9 voix)

    25. American beautyde Sam Mendes / L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford d'Andrew Dominik / De battre mon cœur s'est arrêtéde Jacques Audiard / Le seigneur des anneauxde Peter Jackson (8 voix)

    29. Donnie Darkode Richard Kelly / Les fils de l'hommed'Alfonso Cuaron / Gerryde Gus Van Sant / Gran Torinode Clint Eastwood / Inglourious basterdsde Quentin Tarantino / Loin du paradisde Todd Haynes / La nuit nous appartientde James Gray / Valse avec Bachird'Ari Folman / Le secret de Brokeback Mountain d'Ang Lee / La vie des autres de Florian Henckel von Donnersmarck (7 voix)

    39. Les chansons d'amour de Christophe Honoré / Collateral de Michael Mann / 2046de Wong Kar-wai / Le labyrinthe de Pan de Guillermo Del Toro / Moulin Rouge ! de Baz Luhrmann / Un prophètede Jacques Audiard / 21 grammes d'Alejandro Gonzalez Iñarritu / Wall-Ed'Andrew Stanton (6 voix)

    47. The barberde Joel et Ethan Coen / La Cité de Dieu de Fernando Mereilles / Dancer in the dark de Lars Von Trier / Dogville de Lars Von Trier / Les infiltrés de Martin Scorsese / Into the wild de Sean Penn / Magnoliade Paul Thomas Anderson / Mementode Christopher Nolan / Le pianiste de Roman Polanski / Printemps, été, automne, hiver... et printemps de Kim Ki-duk / Virgin suicidesde Sofia Coppola / Volverde Pedro Almodovar / The yardsde James Gray / Yi-Yi d'Edward Yang (5 voix)

    61. A.I. de Steven Spielberg / Avatarde James Cameron / Blissfully yours d'Apichatpong Weerasethakul / Le château ambulantd'Hayao Miyazaki / Etreintes briséesde Pedro Almodovar / Ghost in the shell : Innocence de Mamoru Oshii / Head-on de Fatih Akin / Les herbes folles d'Alain Resnais / Incassable de M. Night Shyamalan / Irréversible de Gaspar Noé / Lady Chatterley de Pascale Ferran / Locataires de Kim Ki-duk / Les noces rebellesde Sam Mendes / Nos meilleures années de Marco Tullio Giordana / Paranoid Parkde Gus Van Sant / Le ruban blanc de Michael Haneke / Sunshine de Danny Boyle / Sur mes lèvresde Jacques Audiard / Tokyo sonata de Kiyoshi Kurosawa / La 25ème heure de Spike Lee / Zodiacde David Fincher (4 voix)

    82. A bord du Darjeeling Ltdde Wes Anderson / Amours chiennes d'Alejandro Gonzalez Iñarritu / Apocalypto de Mel Gibson / Les autres d'Alejandro Amenabar / Aviator de Martin Scorsese / Big fish de Tim Burton / Les climats de Nuri Bilge Ceylan / Le dahlia noir de Brian De Palma / Election (1&2) de Johnnie To / L'enfant de Luc et Jean-Pierre Dardenne / Le fils de Luc et Jean-Pierre Dardenne / Flandres de Bruno Dumont / The fountainde Darren Aronofsky / Gangs of New York de Martin Scorsese / Goodbye Lenin de Wolfgang Becker / La guerre des mondes de Steven Spielberg / Les harmonies Werckmeister de Bela Tarr / High fidelity de Stephen Frears / The hostde Bong Joon-ho / Infernal affairs de Lau Wai-keung et Alan Mak / Je vais bien ne t'en fais pas de Philippe Lioret / Keane de Lodge Kerrigan / Last daysde Gus Van Sant / Little Miss Sunshine de Jonathan Dayton et Valerie Faris / Les lois de l'attraction de Roger Avary / Man on the moon de Milos Forman / Morse de Tomas Alfredson / My summer of love de Pavel Pawlikowski / Nobody knows d'Hirozaku Kore-eda / O' Brotherde Joel et Ethan Coen / Persepolis de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud / La pianiste de Michael Haneke / Presque célèbre de Cameron Crowe / Rois et reined'Arnaud Desplechin / Saraband d'Ingmar Bergman / Le soleil d'Alexandre Sokourov / Sweeney Todd de Tim Burton / The taste of tea de Katsuhito Ishii / Time and tide de Tsui Hark / La vierge des tueurs de Barbet Schroeder / 28 jours plus tard de Danny Boyle / Walk the line de James Mangold (3 voix)

    Cinéastes :

    1.David Lynch, Gus Van Sant (37 voix) / 3.Clint Eastwood (33 voix) / 4.James Gray (28 voix) / 5.Pedro Almodovar (24 voix) / 6.Sofia Coppola, Wong Kar-wai (23 voix) / 8.Paul Thomas Anderson, Joel et Ethan Coen (22 voix) / 10.Woody Allen, Darren Aronofsky (21 voix) / 12.David Cronenberg, Quentin Tarantino (20 voix) / 14.Hayao Miyazaki (19 voix) / 15.Jacques Audiard (18 voix) / 16.Michel Gondry (17 voix) / 17.Christopher Nolan (16 voix) / 18.Arnaud Desplechin, Lars Von Trier (14 voix) / 20.Bong Joon-ho, Sam Mendes (12 voix) / 22.Alejandro Gonzalez Iñarritu, Terrence Malick, Park Chan-wook, Martin Scorsese (11 voix) / 26.Michael Haneke, Peter Jackson, Jean-Pierre Jeunet, Abdellatif Kechiche, Michael Mann (10 voix) / 31.Gregg Araki, Danny Boyle, Tim Burton, Todd Haynes, Christophe Honoré, Kim Ki-duk, Ang Lee, Steven Spielberg (9 voix) / 39.Guillermo Del Toro, Andrew Dominik (8 voix) / 41.Alfonso Cuaron, Luc et Jean-Pierre Dardenne, Bruno Dumont, Ari Folman, Florian Henckel von Donnersmarck, Richard Kelly, M. Night Shyamalan, Sean Penn, Alexandre Sokourov (7 voix) / 50. Cameron Crowe, Brian De Palma, Spike Lee, Baz Luhrmann, Fernando Mereilles, Mamoru Oshii, Alain Resnais, Andrew Stanton, Apichatpong Weerasethakul (6 voix) / 59.Fatih Akin, Wes Anderson, Marco Bellocchio, Claire Denis, Takeshi Kitano, Kiyoshi Kurosawa, Roman Polanski, Jacques Rivette, Edward Yang (5 voix) / 68.James Cameron, Nuri Bilge Ceylan, Francis Ford Coppola, Pascale Ferran, David Fincher, Tsui Hark, Hirozaku Kore-eda, Hong Sang-soo, Hou Hsiao-hsien, Philippe Lioret, Gaspar Noé, Tarsem Singh, Johnnie To, Marco Tullio Giordana (4 voix)

    *****

    Tentative de bilan objectif :

    zodiac.jpgEn me lançant dans le recensement des listes des meilleurs films de la décennie publiées par les blogueurs, j'espérais en trouver une vingtaine, voire une trentaine. Or, arrivé au terme de cet exercice, je compte 66 contributions (voir plus bas). J'ai été le premier à m'étonner de ce nombre élevé mais, bien que je doive avouer avoir écarté deux ou trois listes trouvées au hasard de mes recherches sur la toile (untel ayant découvert le cinéma il y a deux ans, un autre ne choisissant que des films de Peter Jackson ou des Harry Potter...), il me semble que chacune présente un intérêt particulier. J'en veux pour preuve le nombre total de titres cités qui est de 428, les contributions étant  très majoritairement des Top 10 ou des Top 20 (cependant, je rappelle au passage que, pour ce qui est des listes les plus longues, je me suis limité à la prise en compte des vingt premiers titres, lorsqu'ils étaient classés par ordre de préférence).

    Sans grande surprise, le film de la décennie, selon les blogueurs, est donc, de très loin, Mulholland Dr. Le titre revient dans plus d'une liste sur deux et il ne s'est jamais trouvé, depuis le début de ce recensement, aucun rival. Ce plébiscite parait logique car si le film de Lynch ne manque pas de détracteurs, ceux qui s'y sont abandonnés avec délices ont eu la sensation immédiate, dès sa sortie en 2001, de se trouver devant un classique, le seul, peut-être, de cette décennie.

    La suite du classement est assez claire. Elephant est un dauphin peu contesté, devançant un petit groupe de huit films, de Match Point à Two lovers. Parmi eux, Requiem for a dream apparaît comme le titre le plus "clivant", certains le plaçant au plus haut alors qu'il est cordialement détesté par d'autres. Mais c'est peut-être la troisième place obtenue par Match point qui interpelle le plus. Il semblerait bien que c'est lorsque son auteur se fait le moins allénien possible qu'il séduit le plus (trois autres titres de sa filmographie sont cités mais chacun une seule fois). Les spectateurs seraient-ils lassés par son train-train new yorkais ?

    Compte tenu du nombre élevé de contributions, les réelles surprises sont à chercher plus bas dans le classement, certains n'étant pas forcément attendus à pareille fête : L'assassinat de Jesse James, Donnie Darko, Les fils de l'homme, Moulin Rouge !, Yi-Yi, Blissfully yours, Ghost in the shell : Innocence, Head-on, Irréversible, Nos meilleures années, Sunshine... Quelques uns se plaindront sûrement qu'un cinéma plus exigeant ne soit pas mieux représenté mais Bergman, Oliveira, Rivette, Straub, Costa, Gallo, Garrel, Monteiro, Godard, Rohmer, Rivette, Reygadas, Tarr, Serra, Kiarostami ont récolté des voix et avec 66 blogueurs d'horizons si différents, le consensus ne pouvait se faire autour de ces noms-là. Il faut d'ailleurs noter que Dumont, Sokourov ou Weerasethakul accèdent à des places tout à fait honorables.

    Pour ce qui est de la question géographique (et économique), tout le monde se fera sans doute la même remarque : la domination américaine est écrasante. L'Asie est toutefois fort bien représentée, continuant sur sa lancée des années 80/90 en révélant constamment de nouveaux noms (derrière Wong Kar-wai se bousculent surtout les Coréens, Bong Joon-ho, Park Chan-wook, Kim Ki-duk, Hong Sang-soo...). En dehors des frontières de l'hexagone, l'Europe, en revanche, fait triste mine, seul Almodovar gardant sa place parmi les grands. Certes Haneke ou les Dardenne ne sont pas très loin, mais Fatih Akin a du chemin à faire avant de tutoyer Sofia Coppola et James Gray. La vigueur des cinémas israéliens et roumains ne se voit guère à travers ces résultats (Valse avec Bachir étant une exception à bien des égards). L'Amérique du Sud quant à elle est présente avant tout grâce à des cinéastes lorgnant vers le Nord (Mereilles, Iñarritu). Et ne parlons pas de l'Afrique...

    Finalement, le cinéma français ne s'en sort pas trop mal. Un conte de Noël, La graine et le mulet, Le fabuleux destin d'Amélie Poulain et De battre mon cœur s'est arrêtése détachent du lot, Audiard récoltant le plus grand nombre de voix au total, grâce à ses deux autres films de la décennie. Et pour ceux d'entre nous qui ne le supportent pas, il faudra s'y faire : Christophe Honoré commence à compter.

    Si l'on remarque l'absence du documentaire, on peut se réjouir de l'accueil réservé aux belles propositions du (des) cinéma(s) d'animation, d'Ari Folman aux productions Pixar. Mais sur ce point-là, voir Hayao Miyazaki placé dans les quinze premiers cinéastes vaut tous les discours.

    gerry.jpgSi l'on se penche précisément sur ce classement des réalisateurs, on remarque plusieurs choses intéressantes. Voir Gus Van Sant finir aux côtés de David Lynch n'est que justice, compte tenu du fait que le second ne doit quasiment sa présence au sommet qu'à un seul titre (son autre film de la période, INLAND EMPIRE n'étant cité que deux fois). Il est donc plus tentant de faire du premier le véritable cinéaste de la décennie. Elephant n'est en effet que le point culminant et majestueux d'une série renversante de quatre films ayant redistribué bien des cartes, et pas seulement au niveau de l'esthétique personnelle du cinéaste. Last days, Paranoid Park et Gerry ont recueilli de trois à sept voix.

    Pas très loin derrière, Eastwood se tient bien droit. Mystic river, Million Dollar Baby, Gran Torino ont raflé bien des suffrages et l'on trouve également cités L'échange et Lettres d'Iwo Jima, Eastwood étant le seul cinéaste à placer cinq titres au total. Les polémiques incessantes qui ont agité la blogosphère depuis quelques années autour de chacun de ses films prouvent bien l'importance du bonhomme et de son œuvre.

    Pour ce qui est des ascensions fulgurantes, on reste impressionné par la dimension prise par James Gray en quelques années. Toujours parmi les révélations, les places occupées par Sofia Coppola, Paul Thomas Anderson et Darren Aronofsky ne sont guère contestables (d'autant moins que chacun place trois titres différents).

    Pour le reste, on notera la constance d'Almodovar, de Cronenberg, de Wong Kar-wai, de Tarantino ou des Coen, l'étonnante résistance de Lars Von Trier et les bonnes/moyennes places de Scorsese, de Spielberg, de Burton, d'Hou Hsiao-hsien. On s'inquiètera du peu de citations obtenues par Egoyan, Loach, Kaurismäki, Moretti, Kusturica, Chen Kaige ou Kitano, noms qui, lors de la décennie précédente, avaient mis bien des cinéphiles à genoux (alors que, du côté américain, ceux qui ont fait les années 90 sont encore là, à l'exception, peut-être, de Ferrara et Jarmusch). A ce dernier groupe, nous aurions pu ajouter Jane Campion... si Bright star n'avait changé la donne entre temps. Une belle place semble promise à ce film dans dix ans (certains n'ayant pas tenu compte pour leur bilan, au contraire de la majorité, des dates de sortie en France mais de celles de production, ce titre se trouve avoir été d'ores et déjà cité deux fois).

    *****

    Remarques personnelles :

    nocountryforoldmen.jpg- Aronofsky 10e, Nolan 17e, Mendes 20e et Boyle 31e, n'est-ce pas un peu trop clinquant ?

    - Bien que je ne l'aime pas du tout, la présence d'Irréversible me fait plus plaisir que celle du Fabuleux destin d'Amélie Poulain, que je ne déteste pourtant pas. C'est que je crois plus en Gaspar Noé qu'en Jean-Pierre Jeunet...

    - Je suis heureux que Paul Thomas Anderson arrive largement devant Wes Anderson.

    - Au fil des publications, j'ai eu constamment peur que Le seigneur des anneaux ne se retrouve plus haut. Au moins, il n'y a aucun Star Wars.

    - La quatrième place de James Gray est, à mon sens, bien flatteuse.

    - Trois cinéastes majeurs des années 90 ont été relativement discrets durant la décennie : Tsai Ming-liang, Hou Hsiao-hisen et Abbas Kiarostami. Jia Zhang-ke semblait pouvoir reprendre le flambeau, il ne l'a finalement que très imparfaitement tenu.

    - Il faut donc que je me décide vraiment à regarder Requiem for a dream et The dark knight. En revanche, je n'ai toujours pas envie de voir Les chansons d'amour, ni Le secret de Brockeback Mountain, ni La Cité de Dieu, ni Into the wild.

    - Vu les ratages qu'il a accumulé depuis 2000, j'attendais Tim Burton plus bas.

    - La vie des autres, c'est quand même avant tout "Passeport pour Hollywood", non ?

    - La meilleure comédie musicale serait donc Moulin Rouge ! Cette décennie est aussi celle où l'on nous a inventé la Star'Ac. Tout ça se tient...

    - Olivier Assayas, qui n'a "rien contre les blogueurs" mais qui déplore "l'hypertrophie de la position de critique" (ici), n'est pas cité une seule fois.

    - Chez les Français, entre les "jeunes" ayant débuté dans les années 90 ou 2000 et les vieux maîtres, il n'y a plus personne...

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    Les 66 listes individuelles :

    In the mood for cinema / Céline Cinéma / Les objets gentils (via Critikat) / Coccy culture / De son cœur le vampire / Mr Arkadin / Le cinéma pour tous / Hopblog / Another shitty blog about flicks / Zoerama / Cinéma dans la lune / Seuil critique(s) / Keikuchi's blog / Geek me hard !! / 100% cinéma / Films vus / Le journal cinéma du Dr Orlof / Le cinéma asiatique c'est fantastique / Davideo / Avis sur des films (liste en commentaire ici) / Balloonatic / Goin' to the movies / Fenêtres sur cour / Cineflower / Kitsune movie mood / Rob Gordon a toujours raison / Laterna Magica / Nightswimming / Les nouveaux cinéphiles / Cinemonde / Filmosphere / Benjamin de La Kinopithèque (liste en commentaire ici) / Casaploum / Inisfree / FredMJG Blogue and Bulle / Albin Didon du Village des NRV / Fab's movies / Persistance rétinienne / Le ciné de Fred / Camille through the looking-glass / Mister Grenouille et Docteur Zélie / My planity / Plan-C / Nexus Six / Shangols / Tadah ! Blog / Préfère l'impair / Louise Imagine (liste en commentaire ici) / Once upon a time in cinéma / Sur la route du cinéma / Kinomax / Selenie / Eclats d'images / Eclats d'images (bis) / Le blog de Dasola / C'est la gêne / Axel de Kino Hundert (liste en commentaire ici) / Twitchaiev de En vrac (liste en commentaire ici) / Kaka-Kiri / La Cinémathèque de Phil Siné / IMtheRookie / Une semaine, un chapitre / 365 jours ouvrables, Eight dayz a week & Cinématique (via Kinok)

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    A vous de commenter...

  • Bright star

    (Jane Campion / Australie - Grande-Bretagne / 2009)

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    Beaucoup évoquent le très beau film de Jane Campion en insistant avant tout sur ce qu'il n'est pas (un biopic, un mélodrame flamboyant) réduisant ainsi ses mérites à l'évitement de divers écueils avant d'éventuellement lui reprocher un manque d'émotion. J'ai trouvé pour ma part des raisons plus positives d'admirer Bright star. Les voici, sous forme de notes éparses :

    * Bien que la cinéaste ait choisi une nouvelle fois de dessiner un portrait de femme, ce qui frappe dès les premières scènes, dès la rencontre entre Fanny Brawne et John Keats, c'est le pied d'égalité sur lequel sont placés les deux personnages. D'emblée, leur relation est donnée comme adulte, honnête et droite. Les obstacles à l'assouvissement de leur passion, d'abord sociaux et ensuite physiques, ne sont là que pour mettre en valeur leur admirable opiniatreté et ne prennent jamais la tournure d'une convention scénaristique destinée à provoquer l'apitoiement. Nulle trace de renoncement, pas plus de prise de position bravache ou provocante. Cette histoire tracée d'une ligne claire est celle de l'affirmation d'un amour sûr de son droit. *

    * Si cet amour touche autant, c'est qu'il est menacé. La ligne risque la brisure, sous les effets de l'éloignement, de la maladie ou de la mort (a-t-on déjà entendu propos aussi terriblement lucides que ceux sortant de la bouche de John Keats à la veille de son départ pour l'Italie ?). La poésie irriguant tout le film jusqu'à en devenir sa raison d'être, il est fatal que la cassure vienne mettre en péril la fluidité des vers récités par John et Fanny. Toux et sanglots fissurent les poèmes. *

    Brightstar2.jpeg

    * Que Bright star délaisse les torrents lacrymaux et musicaux alors qu'il est riche en événements dramatiques a semblé gêner. Le traitement du premier sommet émotionnel est significatif. S'attend-on à une course folle et à des trombes d'eau que l'on assiste à une marche soutenue sous une pluie fine. Jane Campion ne contourne pas les clichés romantiques, elle les épure, se débarrasse du décorum et du superflu, se concentre sur l'essentiel, soit, ici, des visages mouillés. La présentation telle quelle des articulations dramatiques laisse la poésie envahir l'espace du film comme il envahit celui de l'héroïne. Et c'est bien là qu'il faut chercher la plus grande réussite du film, qui tient dans la parfaite coïncidence de ces deux mouvements. La poésie s'entend toujours de façon justifiée, avec parcimonie, tout comme la musique qui ne vient que de loin en loin, mais de façon si marquante. Les flux progressent au même rythme. En résulte, de plus en plus au fil du récit et malgré un scénario serré, une impression de flottement en de nombreux endroits, une suspension, qui finit notamment par donner toute sa valeur, inestimable, aux derniers jours de Keats auprès de Fanny. *

    * Jane Campion reconstitue en évitant la surcharge intérieure. Il s'agit de faire vivre ce décor et que les personnages s'y fondent. La fameuse scène de communion à travers la cloison, louée à juste titre, a aussi cette utilité : pousser le lit contre le mur, caresser la paroi, s'approprier le lieu, et devenir autre chose qu'un acteur en visite au XIXe. *

    * Bright star touche à la beauté sans jamais paraître esthétisant. Si les plans, particulièrement ceux de nature, éblouissent, la vie ne manque pas d'y circuler, frémissante. La fluidité de la mise en scène nous laisse croire qu'il n'y a qu'à laisser faire le vent, à enregistrer le mouvement d'un rideau puis celui d'une jupe. L'art de la composition de Jane Campion a ceci de précieux, c'est qu'il ne semble jamais nous être imposé. *

    * "Qu'il est bon de suivre une aventure amoureuse si pudique en ces temps d'étalage de vulgarité !" se sont exclamés certains. Mais cette délicatesse serait bien ennuyeuse si elle ne laissait filtrer un émoi bien réel. Le glissement du vent sous les habits et les variations de la lumière sur les visages suffisent déjà à propager les sensations au-delà de l'écran. Mais encore : est-ce vraiment la pudeur qui caractérise les baisers échangés au bord du lac ? Le chamboulement intérieur n'est-il pas douloureusement trahit par la plainte d'une Fanny qui s'affaisse, "Mère, j'étouffe !" ? *

    brightstar1.jpeg

    * Deux présences presque muettes impressionnent le spectateur, celle des enfants, jeunes sœur et frère de Fanny. Contrairement à l'usage, les plans de coupe qui leur sont consacrés ne cherchent pas à ponctuer, à souligner ou à attendrir. Il y a dans l'enfance, telle que la filme Campion, un mystère et une dignité. Deux instants admirables le démontre : la réaction à peine perceptible du garçon lorsque Fanny lui demande de jouer les messagers auprès de Keats au cours du bal, et celle de la petite fille qui s'écarte soudainement du bosquet dans lequel s'est écroulé le poète. Si les deux amants se retrouvent très souvent accompagnés d'un tiers, cette présence n'est pas source de conflit. Les deux jeunes et la mère sont observateurs et non juges. Il y a du Fanny en eux aussi. De même, l'ambiguïté qui caractérise la relation du couple avec Brown, l'ami fortuné, a finalement pour effet de consolider encore le lien amoureux. *

    * Les enfants suivent Fanny partout et semblent dessiner un cercle moins contraignant que protecteur. Les arrivées de Keats à la maison des Brawne sont d'abord signalées par la petite sœur. Les relations qui s'établissent entre les personnages sont ainsi subtilement inscrites dans l'organisation spatiale des séquences. Sans verbalisation, sans insistance visuelle, Campion nous montre comment son héroïne empiète sur le territoire de Brown jusqu'à l'expulser du champ afin de rester seule avec John. Nous n'avons donc, par la suite, aucun mal à comprendre que chaque éloignement imposé provoque une blessure profonde. *

    Jane Campion signe là son septième long-métrage. Tous sont passionnants.

     

    D'autres avis, très différents, à lire ailleurs : De son cœur le vampire, Eclats d'images, Fenêtres sur cour, Films vus, La Kinopithèque, Laterna Magica, Dasola, Dr Orlof, Plan C, Préfère l'impair, Rob Gordon, Une fameuse gorgée de poison

  • C'était mieux avant... (Février 1985)

    Janvier est déjà passé depuis un moment, non ? Alors il faudrait peut-être penser à poursuivre notre odyssée temporelle et voir ce qui se tramait dans les salles obscures de notre doux pays en Février 1985 :

    bodydouble.jpgLe film du mois ? Certains, que l'on qualifiera de De Palmophiles, vous diront à coup sûr qu'il s'agit de Body double. Malgré la craquante Melanie Griffith, ce titre de l'inégal barbu n'a jamais provoqué chez moi autre chose qu'un léger soupir, que ce soit au moment de sa sortie ou à la revoyure, une dizaine d'années plus tard. Bizarrement (ou pas), j'ai fini par le confondre avec le clip de Frankie Goes To Hollywood, Relax. Non, le film du mois, qui l'est resté pour moi de 1985 à aujourd'hui, est bien le Brazil de Terry Gilliam, aventure plus orwellienne encore que le 1984 de Michael Radford (sorti peu de temps auparavant) et pierre angulaire de ma cinéphilie. Pour la première fois, l'ex-Monty Python semblait trouver les moyens de concrétiser ses incroyables visions et proposait un phénoménal ballet futuriste noir et hilarant, dont l'hallucinant final allait longtemps faire mon bonheur de possesseur de magnétoscope.

    Dune aurait dû créer le même choc. A l'époque, j'étais plutôt attiré par la présence de Sting sur l'écran (de David Lynch, il me semble que je ne connaissais même pas encore Elephant Man) et me trouvais vaguement déçu. Revu au début des années 2000, le film m'a paru une catastrophe à peu près totale. Quelques fulgurances, un baron volant, un son très travaillé et c'est tout. Le reste n'est que charabia, forces invisibles, laideur généralisée, narration à la ramasse, musique abominable (Toto !). Tant que je suis au rayon SF, je dois mentionner quelques titres, laissés passer sans regret : L'aventure des Ewoks de John Korty (production LucasFilm dérivée du Retour du Jedi, à destination des enfants et dont même les fans hardcore de Star Wars semblent vouloir oublier), C.H.U.D. (Cannibale. Humanoïde. Usurpateur. Dévastateur.) de Douglas Cheek (tout est dans le sous-titre) et Star Trek III : A la recherche de Spock, signé par Leonard Nimoy en personne.

    purplerain.jpgOn était aussi, en ce temps-là, A la recherche de Garbo. Sans que cela paraisse ajouter à sa gloire, Sidney Lumet filmait Anne Bancroft qui se mourait d'un cancer et rêvait de rencontrer la Divine. Des États-Unis parvenaient également quelques produits plus indépendants comme Alphabet City (Amos Poe) et Variety (Bette Gordon), une sorte de bêtisier hollywoodien titré Hollywood Graffiti (Ron Blackman et Bruce Goldstein) et un retour classique sur la grande dépression avec Les saisons du cœur (de Robert Benton, avec Sally Field et Ed Harris). Mais n'oublions pas Purple rain d'Albert Magnoli, film supposé lancer le chanteur Prince au cinéma. Le but ne fut pas atteint, seule la B.O. restant dans les mémoires.

    Deux dessins animés sortaient sur les écrans en ce mois de février. Le Suédois Peter le chat, de Stig Lasseby et Jan Gissberg, n'a guère laissé de traces. En revanche, il semble qu'avec Gwen, le livre de sable, Jean-François Laguionie ait offert une belle réussite dans le genre SF.

    perilenlademeure.jpgSur notre lancée, abordons les films français. Découvert pour ma part bien après sa sortie, Péril en la demeure, le polar voyeuriste de Michel Deville (avec Christophe Malavoy, Nicole Garcia, Michel Piccoli, Anémone et Richard Bohringer) me séduisit. Il en va de même pour La vie de famille de Jacques Doillon, probablement le premier film de cet auteur que j'ai pu voir et qui me surprit alors totalement devant ma télévision avec ce fragile récit d'une relation père-fille. L'événement national était cependant à chercher plutôt du côté de L'amour braque. Andrzej Zulawski y faisait tournoyer Sophie Marceau entre Francis Huster et Tcheky Karyo, apparemment de manière plus ou moins scandaleuse (je n'ai malheureusement jamais vérifié). Parmi les autres sorties du mois battant pavillon français, on notera L'amour en douce d'Edouard Molinaro (comédie assez bien reçue, avec Jean-Pierre Marielle et Daniel Auteuil, et révélant Emmanuelle Béart), Les Nanas d'Annick Lanoë (avec Marie-France Pisier, Anémone, Dominique Lavanant, Macha Méril, Juliette Binoche... et pas un seul mec), La part des choses de Bernard Dartigues (un documentaire sur une famille d'agriculteurs), Le thé à la menthe d'Abdelkrim Bahloul (comédie dramatique entre France et Algérie), Tranches de vie de François Leterrier (film à sketches d'après Gérard Lauzier, de bien mauvaise réputation). Enfin, une convergence semble se faire entre trois œuvres, trois films-jeu aux trames relâchées et ludiques : Signé Charlotte de Caroline Huppert, Rouge-gorge de Pierre Zucca, et, le plus allêchant du lot, Les favoris de la lune, premier film français du Géorgien Otar Iosseliani.

    heimat.jpgLe film de kung-fu mensuel se nommait La conspiration de Shaolin (de Roc Tien), du Brésil, débarquait O amuleto de Ogum, un thriller de 1974 signé par l'ancienne gloire Nelson Perreira dos Santos et deux propositions ouest-allemandes étaient faites : comme son nom l'indique, Out of order... En dérangement (de Carl Schenkel, un huis-clos dans un ascenseur) et, d'un tout autre intérêt, Heimat, la chronique fort réputée d'Edgar Reitz initialement concue pour la télévision (affichant une durée totale de 15h). Enfin, il reste dans cette liste un titre, et non des moindres, vu le succès qu'il obtint à l'époque : La déchirure du Britannique Roland Joffé. Bien qu'elle ne soit probablement pas dépourvue de quelques qualités, je n'ai guère envie de revoir aujourd'hui cette œuvre édifiante sur les atrocités des Khmers Rouges. Il faut dire que son final est susceptible de dégoûter à jamais de la musique de John Lennon, tout le contraire de Gilliam et son Braaaaziiiiil....

    ecranfantastique53.jpgEn ce qui concerne les couvertures des revues et autres magazines cinéma, les choix étaient variés. Dune apparut "monumental" à L'Ecran Fantastique (53), La vie de famille fut mis en avant par La Revue du Cinéma (402), Les favoris de la lune eurent les honneurs des Cahiers du Cinéma (368), après avoir profité de ceux de Positif un mois plus tôt, lesquels prenaient un peu d'avance en saluant Théo Angelopoulos et son Voyage à Cythère (288). Deux films de janvier se retrouvaient par ailleurs à la une : The element of crime de Lars Von Trier sur celle de Cinéma 85 (314), et le Razorback de Mulcahy sur celle de Starfix (23). Enfin, Cinématographe (107) publiait un dossier sur "Les écrivains et le cinéma" tandis que Première (94) mettait en couverture Isabelle Adjani (pour l'imminent Subway).

    Voilà pour février 1985. La suite le mois prochain...

     

    Pour en savoir plus : C.H.U.D., Dune et Star Trek III vus par Mariaque, Heimat vu par Eeguab.

  • Marquis

    (Henri Xhonneux / Belgique - France / 1989)

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    marquis.jpgMarquisfaisait partie de ces quelques titres intrigants notés dans un coin depuis longtemps, sans que je ressente pour autant le besoin de courir après à tout prix. Le projet de Roland Topor et Henri Xhonneux était osé. Le film est l'évocation d'un épisode de la vie de Sade, embastillé au moment de la Révolution. Surtout, il se démarque par une particularité : tous les comédiens ont sur les épaules d'énormes têtes d'animaux dont les mouvements sont assurés par une technique "d'animatronic". Ainsi, le personnage principal, Marquis, a une tête de chien. Son geôlier est un rat, Justine, une vache... Cela ne les empêche nullement de parler normalement.

    Une fois la curiosité satisfaite, il apparaît très rapidement que ce choix est non seulement une fausse bonne idée, mais encore qu'il provoque plusieurs catastrophes. C'est d'abord la mise en scène qui s'en ressent. Elle semble diparaître entièrement, se transformant en simple enregistrement de spectacle de marionnettes à taille humaine, passant, engoncée, d'un tableau à un autre sans aucun ryhtme. Aucune progression sensorielle n'est proposée alors que le scénario lui-même n'offre qu'une succession informe de vignettes carcérales, entrecoupées de quelques échapées vers la bonne société de 1789. Dans une grande confusion, divers auteurs sont cités, entre deux calembours littéraires d'une grande platitude. Autant dire que l'on se contrefiche de ce qui peut advenir.

    Il est de toute façon impossible de s'attacher à qui que ce soit sur l'écran. La distanciation qui nous est imposée sert certainement à illustrer plus facilement les actes scabreux. Seulement, il en découle une absence totale des corps, les parties intimes, fesses, seins, sexes, étant elles aussi figurées par des postiches. L'érotisme manque donc forcément à l'appel. Les passages les plus dérangeants se trouvent désamorcés et la violence n'est présente que dans de brefs récits ou rêves du Marquis, illustrés en animation de pâte à modeler, seuls instants un peu troublants. Si l'on ajoute que la direction d'acteurs ne passe que par le prisme du grotesque et de la pantomime, on comprendra que cet objet plutôt attirant sur le papier est en fait totalement négligeable et anodin.