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Nightswimming - Page 88

  • Cannes, revu et corrigé (2/6)

    (1ère partie ici)

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    1960

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    La dolce vita de Federico Fellini

    ou bien L'avventura (Michelangelo Antonioni)

    Au palmarès aussi : Le trou (Jacques Becker)

    Fiabilité : 21  % [29 films en compétition, Palme d'or : La dolce vita (Federico Fellini)]

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    1961

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    Viridiana de Luis Buñuel

    Au palmarès aussi : Mère Jeanne des Anges (Jerzy Kawalerowicz)

    Fiabilité : 16  % [31 films en compétition, Palme d'or : Une aussi longue absence (Henri Colpi), Viridiana (Luis Buñuel)]

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    1962

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    L'ange exterminateur de Luis Buñuel

    ou bien L'éclipse (Michelangelo Antonioni)

    Au palmarès aussi : Cléo de 5 à 7 (Agnès Varda), La déesse (Satyajit Ray), Les innocents (Jack Clayton)

    Fiabilité : 23  % [35 films en compétition, Palme d'or : La parole donnée (Anselmo Duarte)]

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    1963

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    Le guépard de Luchino Visconti

    Au palmarès aussi : Les fiancés (Ermanno Olmi), Qu'est-il arrivé à Baby Jane ? (Robert Aldrich)

    Fiabilité : 15  % [26 films en compétition, Palme d'or : Le guépard (Luchino Visconti)]

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    1964

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    La femme du sable d'Hiroshi Teshigahara

    Au palmarès aussi : La peau douce (François Truffaut), Les parapluies de Cherbourg (Jacques Demy)

    Fiabilité : 24  % [25 films en compétition, Palme d'or : Les parapluies de Cherbourg (Jacques Demy)]

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    1965

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    L'obsédé de William Wyler

    Au palmarès aussi : Le moment de la vérité (Francesco Rosi), Le knack... et comment l'avoir (Richard Lester)

    Fiabilité : 15  % [26 films en compétition, Palme d'or : Le knack... et comment l'avoir (Richard Lester)]

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    1966

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    Suzanne Simonin, la Religieuse de Jacques Rivette

    Au palmarès aussi : Les sans espoir (Miklos Jancso), Pharaon (Jerzy Kawalerowicz), La faim (Henning Carlsen), Un homme et une femme (Claude Lelouch)

    Fiabilité : 28  % [25 films en compétition, Palme d'or : Un homme et une femme (Claude Lelouch), Ces messieurs dames (Pietro Germi)]

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    1967

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    Mouchette de Robert Bresson

    Au palmarès aussi : Jeu de massacre (Alain Jessua), Blow-up (Michelangelo Antonioni)

    Fiabilité : 17  % [24 films en compétition, Palme d'or : Blow-up (Michelangelo Antonioni)]

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    1968

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    Mai 68, arrêt du Festival, dommage pour Rouges et blancs de Miklos Jancso

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    1969

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    Ma nuit chez Maud d'Eric Rohmer

    Au palmarès aussi : Dillinger est mort (Marco Ferreri)

    Fiabilité : 31  % [26 films en compétition, Palme d'or : If... (Lindsay Anderson)]

  • Cannes, revu et corrigé (1/6)

    Le jeu est totalement vain mais assez irrésistible : désigner, en fonction des sélections annuelles, ses Palmes d'or idéales. L'idée a germé dans l'esprit de Niko, tenancier du très recommandable blog Filmosphère.

    En attendant quelques chroniques de films encore aux fourneaux, je vous propose donc ci-dessous la première partie de ma liste personnelle, laquelle sera découpée par décennie. Mon honnêteté proverbiale et ma formation scientifique me poussent à accompagner mes préférences des noms des lauréats officiels et surtout du taux de fiabilité attaché à chacun de mes choix et calculé en divisant le nombre de films effectivement vus par le nombre total de films présentés en compétition.

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    Ah oui, au fait : comme chaque année, Nightswimming n'ira pas à Cannes (il a piscine).

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    1946

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    Rome ville ouverte de Roberto Rossellini

    ou bien Les enchaînés (Alfred Hitchock)

    Au palmarès aussi : La belle et la bête (Jean Cocteau), Hantise (George Cukor), La bataille du rail (René Clément), Brève rencontre (David Lean)

    Fiabilité : 16 % [44 films en compétition, 11 Grands Prix, par nationalité : L'épreuve (Alf Sjöberg), Le poison (Billy Wilder), La terre sera rouge (Bodil Ipsen et Lau Lauritzen Jr), La ville basse (Chetan Anand), Brève rencontre (David Lean), Maria Candelaria (Emilio Fernandez), Le tournant décisif (Fridrikh Ermler), La symphonie pastorale (Jean Delannoy), La dernière chance (Leopold Lindtberg), Les hommes sans ailes (Frantisek Cap), Rome ville ouverte (Roberto Rossellini)]

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    1947

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    Antoine et Antoinette de Jacques Becker

    Fiabilité : 21 % [24 films en compétition, 5 Grands Prix, par genre : Dumbo (Ben Sharpsteen), Ziegfeld Follies (Vincente Minnelli), Les maudits (René Clément), Antoine et Antoinette (Jacques Becker), Crossfire (Edward Dmytryk)]

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    1949

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    Acte de violence de Fred Zinnemann

    ou bien Le troisième homme (Carol Reed)

    Au palmarès aussi : Riz amer (Giuseppe De Santis)

    Fiabilité : 21  % [29 films en compétition, Grand Prix : Le troisième homme (Carol Reed)]

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    1951

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    Eve de Joseph L. Mankiewicz

    Au palmarès aussi : Los Olvidados (Luis Buñuel), Les contes d'Hoffmann (Michael Powell et Emeric Pressburger), Miracle à Milan (Vittorio De Sica)

    Fiabilité : 14 % [36 films en compétition, Grand Prix : Miroirs de Hollande (Alf Sjöberg), Mademoiselle Julie (Alf Sjöberg), Miracle à Milan (Vittorio De Sica)]

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    1952

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    Othello d'Orson Welles

    Au palmarès aussi : Umberto D. (Vittorio De Sica), Viva Zapata ! (Elia Kazan)

    Fiabilité : 17 % [35 films en compétition, Grand Prix : Othello (Orson Welles), Deux sous d'espoir (Renato Castellani)]

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    1953

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    Les vacances de Monsieur Hulot de Jacques Tati

    ou bien El (Luis Buñuel)

    Au palmarès aussi : La red (Emilio Fernandez), Le salaire de la peur (Henri-Georges Clouzot), La loi du silence (Alfred Hitchcock)

    Fiabilité : 17 % [35 films en compétition, Grand Prix : Le salaire de la peur (Henri-Georges Clouzot)]

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    1954

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    (par défaut) Monsieur Ripois de René Clément

    Fiabilité : 7 % [43 films en compétition, Grand Prix : La porte de l'enfer (Teinosuke Kinugasa)]

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    1955

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    Les amants crucifiés de Kenji Mizoguchi

    Fiabilité : 12 % [33 films en compétition, Palme d'or : Marty (Delbert Mann)]

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    1956

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    La complainte du sentier de Satyajit Ray

    Au palmarès aussi : Le mystère Picasso (Henri-Georges Clouzot)

    Fiabilité : 13 % [39 films en compétition, Palme d'or : Le monde du silence (Jacques-Yves Cousteau et Louis Malle)]

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    1957

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    Le septième sceau d'Ingmar Bergman

    Au palmarès aussi : Un condamné à mort s'est échappé (Robert Bresson), Kanal (Andrzej Wajda)

    Fiabilité : 19 % [31 films en compétition, Palme d'or : La loi du seigneur (William Wyler)]

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    1958

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    Mon Oncle de Jacques Tati

    Fiabilité : 12 % [25 films en compétition, Palme d'or : Quand passent les cigognes (Mikhaïl Kalatozov)]

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    1959

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    Hiroshima, mon amour d'Alain Resnais

    ou bien Les 400 coups (François Truffaut)

    Fiabilité : 7 % [30 films en compétition, Palme d'or : Orfeu Negro (Marcel Camus)]

  • C'était mieux avant... (Mai 1985)

    Il est loin, déjà, le mois d'Avril... Reprenons donc le cours de notre voyage dans le temps pour voir ce que nous proposaient les exploitants des salles de cinéma françaises en Mai 1985 :

    witness.jpgBirdy fit sur mon cerveau d'adolescent autant impression que Subway le mois précédent (Luc Besson est tout au long des années 80, un petit frère possible d'Alan Parker). Au fur et à mesure des révisions, il eut tendance à s'alourdir (sur de nombreux plans : le jeu de Nicholas Cage, la vision du Vietnam, les envolées de la caméra, les percussions de Peter Gabriel, la pirouette finale) jusqu'à en devenir pénible. Objectivement, cela doit pourtant rester comme l'un des films les plus regardables du cinéaste. Witness fut aussi fort apprécié par ma jeune personne. Peter Weir, autre réalisateur culte de l'époque, filmait là un polar chez les Amishs, s'assurant au moins l'originalité du cadre. La présence d'Harrison Ford et de Kelly McGillis n'était alors pas étrangère à mon attachement. Aujourd'hui, l'œuvre doit toujours se révéler de bonne facture... L'autre film du mois vu au moment de sa sortie en salles est Le thé au harem d'Archimède, succès-phénomène de société de Mehdi Charef, d'après son propre livre autobiographique. De cette histoire de banlieue, j'avoue malheureusement ne pas me rappeler grand chose.

    De ce mois de mai assez relevé, je pointe quatre autres titres bien connus mais dont la découverte fut plus tardive. Rendez-vous constitue mon premier et meilleur souvenir lié à André Téchiné, cinéaste qui, par la suite, m'a souvent laissé de marbre. Fiévreuse, violente, charnelle (hystérique ont déploré certains), l'œuvre m'avait beaucoup marqué lors d'une lointaine diffusion télévisée. Le film réunit Lambert Wilson, Wadeck Stanczak et Jean-Louis Trintignant et s'est vu récompensé d'un prix de la mise en scène à Cannes, mais Rendez-vous, c'est bien sûr, avant tout, Juliette Binoche. De son côté, Jean-Luc Godard faisait à nouveau parler de lui en embauchant le couple star Nathalie Baye - Johnny Halliday. Derrière l'écran de fumée médiatique, un film, Détective, pénible. Bien plus réjouissante fut la livraison annuelle de Woody Allen. Si chacun peut éventuellement désigner dans la filmographie du new yorkais un film supérieur à celui-là, qui n'est pas tombé sous le charme de La rose pourpre du Caire ? Prolongeant la réflexion du Sherlock Jr de Keaton en inversant son postulat (cette fois, c'est le personnage de fiction qui quitte l'écran pour entrer dans la réalité), Allen proposait là un spectacle irrésistible et particulièrement émouvant pour tout spectateur sujet à la fascination des images cinématographiques.

    nostalghia.jpgToutefois, le très grand film du mois était dû à quelqu'un qui n'en aura guère été avare dans sa carrière malgré la relative faiblesse quantitative de sa production. Avec Nostalghia, Andreï Tarkovski, exilé en Italie, sondait en effet les profondeurs de l'âme avec une puissance émotionnelle et esthétique toujours aussi impressionnante. J'y avais trouvé pour ma part des visions sidérantes (l'ultime plan du film) et une expérience du temps inédite (le plan-séquence de la bougie portée d'un mur à l'autre).

    Parmi les autres sorties du mois, il subsiste encore de nombreux titres retenant l'attention. Pour son Adieu Bonaparte, Youssef Chahine enrôlait Michel Piccoli et Patrice Chéreau pour traiter de la campagne d'Egypte. Le tournage de Ran d'Akira Kurosawa avait été suivi par Chris Marker, ce qui donnait le "making-of" A.K. (si tant est que le terme, réducteur, puisse s'appliquer à un film de Marker). Avec Mishima, Paul Schrader se risquait à une évocation de l'écrivain japonais (il semble que la réussite ait été au rendez-vous, au moins au niveau plastique). Le méconnu John Byrum s'attaquait lui à Somerset Maugham pour adapter Le fil du rasoir, avec l'aide de son comédien principal et co-scénariste Bill Murray. Après le désastre du Bon Roi Dagobert, Dino Risi se tournait vers le désert de Lybie en l'an 1940 et remettait le couvert avec Coluche pour Le fou de guerre (cette fois-ci, avec apparemment plus de conviction). Série noire pour une nuit blanche, de John Landis, est réputé pour être un excellent et insolite polar, dans lequel on suit Michelle Pfeiffer et Jeff Goldlum et on croise, entre autres, Don Siegel, David Cronenberg, Vera Miles, Roger Vadim et David Bowie. Steaming est l'ultime réalisation de Joseph Losey, un "film de femmes" à l'origine théâtrale.

    parking.jpgMoins indispensables mais pas négligeables pour autant semblent être Les enfants de Marguerite Duras (un "enfant" à l'apparence d'adulte acquiert toutes les connaissances possibles sans la moindre éducation), Split image (L'envoûtement) de Ted "Rambo" Kotcheff (mise en garde contre les sectes que l'on imagine déroulée avec efficacité), That's dancing de Jack Haley Jr. (troisième volet d'une anthologie de séquences de comédies musicales, produit par Gene Kelly), Le retour des morts-vivants de Dan O'Bannon (variation que l'on dit plutôt digne par rapport au modèle posé par Romero). En revanche, Parking est une œuvre de Jacques Demy rarement défendue, même par les admirateurs du cinéaste. Cette réactualisation du mythe d'Orphée serait notamment plombée par l'interprétation de Francis Huster (ce qui n'est pas une surprise) et une partition très moyenne de Michel Legrand (ce qui l'est déjà un peu plus).

    Mask, mélodrame à succès de Peter Bogdanovitch (avec Cher), ne m'a jamais vraiment attiré. Born to be bad est un drame de Nicholas Ray, réputé mineur, datant de 1950 et interprété par Joan Fontaine et Robert Ryan. Toxic de Michael Herz et Samuel Weil est le "fleuron" des productions Troma, spécialisée dans le gore énorme et fauché. Pour être complet, je dois également citer : Nasdine Hodja au pays du business (de Jean-Patrick Lebel, enquête sur les Maghrébins de Seine-Saint-Denis), La cage aux canaris (film soviétique intimiste de Pavel Tchoukhraï), Marco Polo, le guerrier de Kublai Khan (du fameux Chang Cheh), Les quatre vengeurs de Shaolin (de Tsui Wing Fok), Gigolo (de David Hemmings, film ouest-allemand sur le Berlin des années 20, avec David Bowie et la présence furtive de Kim Novak, Maria Schell et Marlene Dietrich, rien que ça !), Divorce à Hollywood (de Charles Sheyer), Le meilleur de la vie (de Renaud Victor, mélodrame avec Sandrine Bonnaire et Jacques Bonnafé), Voleur de désirs (de Douglas Day Stewart) et Baby, le secret de la légende oubliée (production Disney de B.W.L. Norton sur le thème "on a trouvé des dinosaures en Afrique").

    Enfin, nous noterons la poursuite et l'amplification du racolage par les titres-chocs effectué par les distributeurs de pornos, étranglés par les pouvoirs publics et bientôt expulsés vers la vidéo : Bouche à bouche (sexe à sexe) (Joseph W. Sarno), Chaudes écolières (Frank Hover), Education spéciale pour collégiennes expertes (Joanna Morgan), Initiations anales pour sodomaniaques (Reine Pirau), OLAH (Orgasme, lesbiennes, anal, homo) (anonyme), Petites fesses juvéniles (pour membres bienfaiteurs) (anonyme), Petites vicieuses pour doubles partenaires très musclés (James H. Lewis), Prépare ton cul, je bande... (James H. Lewis, bis), Pucelles pour salle de garde (James H. Lewis, ter), Putes déchaînées (Joanna Morgan) et j'en passe un ou deux... A ce compte-là, Marilyn mon amour de Michel Leblanc n'a pas dû attirer beaucoup de monde...

    cinematographe110.JPGAu rayon presse, nous pouvions trouver un numéro exceptionnel des Cahiers du Cinéma (371-372) consacré au scénario dans le cinéma français (avec l'abonné Godard en couverture) et un "spécial Cannes" dans Premiere (98, Clint Eastwood, Harrison Ford, Juliette Binoche & Wadeck Stanczak, Claude Chabrol et Nathalie Baye & Johnny Halliday se partageant la une). L'Ecran Fantastique (56) fêtait Harrison Ford et Witness alors que Starfix (26) rencontrait Isabelle Adjani à l'occasion de de Subway. Comme ce dernier film, La maison et le monde de Satyajit Ray et La route des Indes de David Lean venaient de sortir le mois précédent. Ils se retrouvaient en couverture, respectivement, de Cinéma 85 (317) et de Positif (291). Cinématographe (110) ornait la sienne d'une photo tirée de Rendez-vous. Enfin, La Revue du Cinéma (405) anticipait sur l'arrivée de Pale rider sur les écrans en s'entretenant avec Clint Eastwood.

    Voilà pour mai 1985. La suite le mois prochain...

     

    Pour en savoir plus : Détective vu par Christophe, Le fou de guerre et Série noire pour une nuit blanche vus par Mariaque (quelque part sur son nouveau blog), Parking vu par le Dr Orlof et encore Détective vu par Shangols.

  • Mammuth

    (Benoît Delépine et Gustave Kervern / France  / 2010)

    ■□□□

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    Je n'ai pas beaucoup aimé Mammuth, ma première expérience du cinéma de Delépine-Kervern.

    Je n'ai pas beaucoup aimé le grain de cette image qui, s'il est inhabituel, enlaidit encore un peu plus les gens et les lieux.

    Je n'ai pas beaucoup aimé que des réminiscences de The Wrestler m'assaillent (l'allure de Depardieu, la caméra portée cadrant sa nuque, les scènes de supermarchés, le portrait de marginal, le chemin vers la rédemption, les retrouvailles, la relation entre un homme âgé et une fille plus jeune de la même famille), car elles sont toutes très défavorables à Mammuth.

    Je n'ai pas beaucoup aimé que la Charente soit filmée comme le Nord de la France et de l'Europe. Je n'y vois pas d'intérêt, à part celui qu'ont les cinéastes de rattacher à tout prix leur œuvre à d'autres, celles de la famille qu'ils se sont choisi (l'équipe de C'est arrivé près de chez vous, Aki Kaurismäki, Noël Godin...).

    Je n'ai pas beaucoup aimé l'humour du film. Voir Depardieu bafouiller des banalités au téléphone, à moitié à poil, assis sur son lit, me fait très moyennement rire. Quant au trash, c'est une affaire de goût. En revanche, il est problématique de trouver des séquences comme celle de l'expédition punitive de Yolande Moreau et sa copine : celle-ci ne tient que par sa chute (les deux femmes réalisent tardivement qu'elles n'ont aucun moyen de localiser la voleuse de portable), chute qui se fait attendre et qui laisse le spectateur dans une position désagréable puisqu'il se demande si elle va vraiment venir ou si les auteurs n'ont tout simplement pas décidé de passer outre la vraisemblance (qui voudrait que l'absence totale de piste empêche les deux femmes de se "monter la tête" ainsi).

    Je n'ai pas beaucoup aimé m'apercevoir que Delépine et Kervern ont pensé leur film uniquement en termes de saynètes. Cela peut marcher, comme, pour rester parmi les nordistes, dans le cinéma de Roy Andersson, mais il y a chez le Suédois un réel travail sur le temps, l'espace, la symbolique. Si ses séquences restent cloisonnées, elles n'en contiennent pas moins une dynamique interne et leur empilement provoque en bout de course un mouvement général, un déplacement qui ne tient pas uniquement au scénario (de plus, Andersson fait une toute autre chose de la médiocrité des figures qu'il met en scène). A l'opposé, Mammuth ne repose que sur une série d'idées (tel dialogue, tel cadrage). Les auteurs se sont demandés pour chaque séquence comment la rendre originale et ils en ont oublié toute notion de continuité. Cela nous vaut une succession d'apparitions de vedettes-amis du duo (de Poelvoorde à Siné) mais entrave constamment notre adhésion aux personnages principaux, contrairement à ce que les deux cinéastes semblaient souhaiter.

    Je n'ai pas beaucoup aimé ce qu'ils font d'Adjani, c'est-à-dire rien. Au risque de ne pas être cinéphiliquement correct, je préfère amplement voir le couple star réuni, aussi brièvement qu'ici, dans le Bon voyage de Jean-Paul Rappeneau.

    Je n'ai pas beaucoup aimé que l'on me force à passer tout ce temps avec des neus-neus. En ne plaçant devant la caméra que des personnages de cons, il y a de fortes probabilités d'obtenir un film qui le soit aussi. Dans Mammuth, la bêtise est unanimement partagée. De nombreux critiques et commentateurs ont loué la tendresse de Delépine et Kervern pour les petites gens. Je trouve pour ma part qu'ils ont une drôle de façon de les aimer.

    En revanche, j'ai beaucoup aimé la scène où Depardieu est pris de panique, entraîné qu'il est par un groupe de vieux se pressant pour grimper dans leur autocar. C'est cruel et touchant. Cela dure peut-être vingt secondes. Ce n'est malheureusement relié à rien (il est impossible de se rappeler de ce qui précède et de ce qui suit).

    J'aime aussi beaucoup Anna Mouglalis.

  • Le mariage à trois

    (Jacques Doillon / France / 2010)

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    J'étais venu pour une projection spéciale du film, rare, de Christian de Chalonge sur l'émigration des ouvriers portugais, O Salto (1967). Malheureusement, contrairement à ce qu'annonçait le programme, la copie présentée s'est révélée dépourvue de sous-titres. Étant tout sauf lusophone, je dus donc rapidement déclarer forfait. Il me fut alors proposé, afin de ne pas m'être déplacé pour rien, d'assister à l'une des autres séances du soir.

    lemariagea3.jpgLe choix de ce Mariage à trois a donc été fait par défaut et je n'aurai probablement pas été voir ce nouveau Doillon sans ce concours de circonstances, ce que j'en savais jusque-là ayant faiblement stimulé ma curiosité (malgré l'estime que je peux avoir pour certains films de l'auteur, Raja étant, en ce qui me concerne, le dernier en date). J'avoue donc que je n'étais pas dans les meilleures dispositions...

    Il faut dire aussi que Doillon tend un fagot entier pour se faire battre : thème rabattu de la valse des sentiments entre quatre personnages (thème se croisant avec celui non moins fréquent des affres de la création), dialogues très soutenus, respect des régles (unité de temps et de lieu) et des figures de style (entrées et sorties de champ) théâtrales, cadre bourgeois d'une vaste demeure campagnarde, casting venant du sérail du cinéma d'auteur national... La liste est trop longue pour que la barrière dressée entre le cinéaste et moi ne soient pas insurmontable. Consistant en une série d'affrontements plus ou moins feutrés, à deux, à trois ou à quatre, la majorité des séquences s'étire pour finir par filer entre les doigts, par laisser l'esprit vagabonder ailleurs, loin des petits problèmes de cœur et de cul qui nous sont exposés, analysés, décortiqués sans fin jusqu'à se vider de toute substance. De même, l'ahurissante inconstance à laquelle obéissent les émotions et les réactions des personnages (l'imprévisibilité étant ici érigée en règle) rendent celles-ci totalement insignifiantes. Enfin, l'artifice est partout. Longuement les acteurs déroulent leur texte tout en faisant semblant de mettre la table, de placer les couverts, de cuisiner, de manger, et nous ne voyons de ces actions que les rouages. L'effet de réel est nul.

    Comment, dans ces conditions, le film parvient-il à échapper au naufrage absolu ? Par l'envie, malheureusement bien trop intermittente et trop peu assumée, qu'a eu le cinéaste de prendre un peu de distance avec son sujet. Ce mouvement de recul se traduit par des mises en abîme légères et quelques touches humoristiques. Ainsi, à de rares instants, l'œuvre se déleste de son poids, cela lorsque les personnages "fictionnalisent", imaginent ce qui peut se passer en d'autres lieux ou ce qui pourrait advenir dans le futur, bref, s'abandonnent à créer eux-mêmes du récit au lieu de se cantonner à une réflexion stérile sur leur art et sur leur rapport aux autres. L'humour, quant à lui, est essentiellement amené par Louis Garrel, seule personnalité du groupe à dégager un peu de vérité comportementale et de légèreté intellectuelle. C'est à cet acteur que l'on doit les rares scènes quelque peu appréciables d'un film plombé.

  • La croisière du Navigator

    (Donald Crisp et Buster Keaton / Etats-Unis / 1924)

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    Le riche et oisif Rollo Treadway quitte son domicile pour être conduit en voiture chez sa fiancée Betsy O'Brien qui habite... de l'autre côté de la rue. Un plan large englobant les deux rangées de maisons se faisant face souligne le gag génial. Il impose aussi une symétrie parfaite. Le but de la visite était une demande en mariage, sans préavis, motivée par une envie subite, elle-même provoquée par la simple vision par la fenêtre d'un couple (noir) d'heureux jeunes mariés. "Certainement pas" est-il répondu de manière peu aimable à Rollo. Pimbêche la Betsy ? Notre première impression n'est pas la bonne. L'image montrant les deux bâtisses en vis-à-vis ne mentait pas : non seulement Betsy est socialement l'égal de Rollo, mais le personnage féminin est cinématographiquement l'égal du personnage masculin. Rollo après sa demande effectuée n'importe comment n'a finalement reçu que la réponse qu'il méritait. Cela, nous allons le réaliser progressivement.

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    Kathryn McGuire n'est pas l'actrice à la beauté la plus sidérante, ni la plus stupéfiante des acrobates. Il n'empêche qu'elle accompagne impeccablement son extraordinaire partenaire et que leur duo fait de La croisière du Navigator (The Navigator) un magnifique film de couple. Leur relation obéit d'abord au jeu de l'attraction-répulsion. Les distances entre les deux s'étirent et se compriment comme sous l'effet d'un élastique invisible. A peine est-il entré dans le salon que l'homme est renvoyé chez lui. Une fois embarqué, se croyant jusque là seul sur ce bateau à la dérive, chacun des deux, de son côté, sent la présence d'un autre mais ne parvient pas à l'atteindre, tournant en rond sur les différents niveaux du navire. Et l'élastique pète dans les doigts : Keaton tombe litéralement sur McGuire. Surprise, reconnaissance, contentement mêlé de gêne... Il faut reprendre ses esprits, faire à manger chacun de son côté, s'attabler face-à-face puis rejoindre sa cabine. Mais dès lors, l'inéluctable mouvement des cœurs va suivre celui des corps et l'on ne comptera plus les plans où ceux-ci seront réunis, côte-à-côte, l'un derrière l'autre, l'un contre l'autre, et même, l'un sur l'autre.

    L'amour naît dans l'épreuve. Plus précisemment : l'amour naît de ce que celle-ci fait subir au corps. Les éléments les propulsent l'un vers l'autre, les forcent à entrer sans cesse en contact, à s'agripper, à se soutenir. Étrangement (et délicieusement), ces forces naturelles ou pas, les érotisent. Le burlesque a inventé une manière de jouir de visions érotiques en toute innocence : corps trempés par les chutes dans l'océan ou par les orages, corps évanouis que l'on empoigne et que l'on fait bouger dans tous les sens, corps prenant, sous le prétexte du gag visuel, des positions on ne peut plus équivoques (pour échapper aux cannibales, Kathryn McGuire rame assise sur le bas ventre de Keaton qui flotte sur le dos dans sa tenue de scaphandrier !).

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    L'aventure laisse les héros pantelants et le spectateur dans le même état. Quel rythme, quelle incroyable constance comique ! Voyez la séquence des fantômes, quel enchaînement elle donne à voir : un portrait pris pour un spectre, une sortie de cabine affolée sous un drap de lit qui effraie aussitôt à son tour, un balai pris dans la figure, des explosifs, une série de portes qui claquent, un gramophone qui se met en route tout seul... Combien de gags en si peu de temps ? Et combien de lieux traversés, dans une embardée pourtant toujours lisible, selon des trajectoires toujours cohérentes et avec une durée de plan toujours adéquate (à peine quelques secondes pour celui du coup de balai et beaucoup plus pour celui des portes des cabines s'ouvrant et se refermant dans le dos de Buster).

    Mon lointain souvenir me laissait penser que La croisière du Navigator se situait un cran en-dessous de Sherlock Jr. (où l'on retrouve Kathryn McGuire), de Cadet d'eau douce, du Mécano de la General ou du Cameraman. Il n'en est rien. Comme Betsy se tient aux côtés de Rollo, le film a sa place parmi les chefs-d'œuvres keatoniens. Il se termine sur un (presque) dernier gag (la remontée des amants alors qu'ils ont semblé couler) d'autant plus imparable que rien ne le laissait présager et il donne tout loisir de piocher parmi mille détails scintillants. Personnellement, je me garde celui-ci : l'expression qu'à Keaton lorsqu'en bas de l'échelle, contre la coque du bateau, dans une profondeur accentuée par la plongée de la caméra, il voit McGuire tomber dans les pommes alors que, épuisé et trempé jusqu'aux os, il pensait qu'ils allaient pouvoir s'entraider pour remonter. A ce moment là, on l'entend vraiment dire "Hey !".

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    Film (re)vu à l'occasion du Festival de cinéma jeune public Les Toiles Filantes, au milieu d'une assistance de gamins écroulés de rire toutes les dix secondes, projection qui requinquerait le plus alarmiste des cinéphiles.

     

    Photos : Filminamerica, Allociné & Enfants-de-cinéma

  • 10 films d'animation

    Excellente idée que de proposer un top 10 des meilleurs films d'animation. Nous la devons à Alexandre Mathis, via son blog Plan-c.

    Si je fus, à une époque, très friand de ce genre, je m'en suis par la suite quelque peu éloigné, délaissant les programmes de courts-métrages comme la plupart des longs à succès (je suis ainsi passé, entre autres, à côté de Persepolis, de Renaissance, de nombreux Pixar et même de certains Miyazaki). La variété des techniques, des styles et des durées, d'une part, et le fait que je n'ai vu, sauf exception, les titres qui vont suivre qu'une seule fois (et il y a quinze ou vingt ans de cela pour certains), d'autre part, me poussent à ne pas les classer autrement que par ordre chronologique. Pour les mêmes raisons, je ne m'avancerai pas à dire qu'il s'agit pour moi des dix meilleurs films d'animation sur la masse que j'ai pu voir, mais plutôt de ceux qui m'ont le plus marqué - en ne choisissant qu'un titre par réalisateur et en me mordant déjà les doigts d'avoir écarté les noms de Lotte Reiniger, Norman McLaren, Ralph Bakshi, Chuck Jones, Jan Svankmajer, Garri Bardine, Bill Plympton, Michaël Dudok De Wit, Sylvain Chomet, Jacques-Rémy Girerd, Peter Lord...

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    Le roman de Renard (Ladislas Starevitch, 1930)

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    Northwest Hounded Police (Tex Avery, 1946)

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    Yellow submarine (George Dunning, 1968)

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    La planète sauvage (René Laloux, 1973)

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    Le Roi et l'oiseau (Paul Grimault, 1980)

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    Le tombeau des lucioles (Isao Takahata, 1988)

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    L'étrange Noël de Monsieur Jack (Henry Selick, 1993)

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    The wrong trousers (Nick Park, 1993)

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    Princesse Mononoké (Hayao Miyazaki, 1997)

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    Jin-Roh, la brigade des loups (Hiroyuki Okiura, 1998)

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  • Finis Terrae

    (Jean Epstein / France / 1929)

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    FiniTerrae.jpgBeau mais assez déroutant.

    L'histoire contée dans Finis Terrae est particulièrement simple. Quatre pêcheurs basés à Ouessant passent l'été à travailler sur l'île inhabitée de Bannec. Les deux plus jeunes, Ambroise et Jean-Marie, en viennent à se disputer. Le premier s'étant blessé à la main avec un bout de verre, il ne peut plus participer aux travaux et s'éloigne de ses camarades. Fiévreux, incapable de quitter seul la petite île, il est enfin pris en charge par Jean-Marie. Dans le même temps, le docteur officiant à Ouessant, alerté par les mères des deux jeunes hommes après qu'elles aient perçu d'inquiétants signes, prend la mer avec sa trousse de soins.

    Étrange sensation que d'assister à un spectacle à la fois très réaliste et très pictural. En effet, d'une part Jean Epstein tourne sur les lieux mêmes de l'action, fait appel à la population locale pour tous les rôles, filme avec précision le travail et place de nombreux cartons pédagogiques, et d'autre part, compose avec un soin extrême le moindre de ses plans, use d'étonnants ralentis sur des visages et insère dans le cours des séquences de brefs plans de nature à forte résonance symbolique. Le courant documentaire et le courant expérimental ont chacun leur intérêt mais avouons que les deux nous ont paru avoir du mal à converger.

    Les ruptures symboliques font que l'enchaînement des plans peine parfois à libérer une véritable dynamique et que le réel n'a pas trop le temps de déployer ses plis. Malgré qu'elle soit basée aussi sur un phénomène de répétition (la reprise inlassable des plans de rivages soumis à la force des vagues), la beauté plastique du film est toutefois indéniable, sidérante à certains endroits. Les acteurs ont le statut de figures, de modèles hyper-expressifs (jusqu'à abuser de certaines réactions, postures ou gestes, comme celui de menacer l'autre du poing, dans ce récit donnant la part belle aux conflits entre les individus). Mise à distance (involontairement) par le soin apporté à l'image et par la recherche d'un langage cinématographique particulier, l'émotion finit par affleurer dans les toutes dernières séquences, lorsqu'il n'y a finalement plus d'enjeu dramatique et qu'il ne reste plus qu'à observer silencieusement les hommes terrassés par la fatigue de l'épreuve.

  • Le village

    (M. Night Shyamalan / Etats-Unis / 2004)

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    levillage.jpgC'est l'histoire d'une communauté qui, ayant décidé des années auparavant de se retirer du monde, s'aperçoit que la violence et la pulsion de mort peuvent tout aussi bien naître dans un milieu surprotégé et donc que l'innocence de l'être humain est une chimère. Etrangement, cette brutale révélation ne provoquera en son sein aucune remise en cause.

    Dans ce mortel Village (The village), Shyamalan capitalise sur sa réputation de petit maître de l'épouvante et s'acharne à inquiéter à partir de rien en usant des procédés habituels, des brusques recadrages au refus du contrechamp immédiat en passant par un mixage anxiogène. Pour des raisons d'efficacité, le point de vue adopté est celui des victimes. Doutant très tôt de la réalité du danger décrit, le spectateur pourrait au moins être amené à supposer que la perception qu'ont les personnages de ces silhouettes et de ces bruits est amplifiée inconsciemment par ceux-ci. Mais non, cette "subjectivation" n'est jamais vraiment assumée et la mise en scène n'assène ses effets sonores et visuels que dans le but de saisir.

    Ce récit amorphe ne peut de toute façon aucunement prétendre à l'angoisse, pas plus que l'œuvre ne peut être définie comme autre chose qu'un "petit film d'horreur". Entre les rares moments de tension se déroule en effet une chronique d'un ennui insondable. Les villageois les plus jeunes, personnages prenant en charge la mise en route de la fiction, paraissent extrêmement limités mais n'en expriment pas moins de complexes émotions. Avec un tel décalage, le ridicule est assuré. L'interprétation est d'une médiocrité confortable (la palme est à partager entre Adrien Brody en idiot du village et Joaquin Phoenix en jeune homme ombrageux et préoccupé). L'esthétique est d'une belle clarté télévisuelle. L'académisme pétrifie chaque plan.

    De la même manière qu'il joue des couleurs (jaune contre rouge), c'est-à-dire avec une subtilité kolossale, Shyamalan charge une aveugle de dessiller les yeux de ses congénères qui refusent de voir. Regarder cette jeune femme arpenter le village avec une aisance confondante malgré son handicap nous laisse envieux car nous nous rendons compte qu'elle au moins connaît parfaitement le terrain alors que, de notre côté, nous ne pouvons que nous affliger devant l'incapacité totale du cinéaste à établir une topographie précise au sein d'une œuvre se fondant pourtant sur l'idée de territoire. Je défie quiconque de recomposer mentalement la géographie de ce village après la vision du film...

    Ah ça, pour faire des plongées entre quatre arbres de dix mètres de haut sous la pluie, pour aligner parfaitement trois profils dans la perspective, pour ponctuer une séquence romantique d'un panoramique sur une chaise vide et de quelques notes de piano, Shyamalan, c'est pas le dernier... Mais dès qu'il s'agit de travailler la notion d'espace et de bâtir un récit qui tienne la route, y'a plus personne...